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Splinter - Critique

Un film de bonne facture malgré une mise en scène un rien brouillonne lors des phases d'action et une fin bâclée.

Publié le 30 Août 2013 par AqME
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Virus Mutant

Dans tout bon film d'horreur qui se respecte, il faut quelques éléments essentiels pour mettre en place une ambiance éprouvante et susciter un minimum d'effroi chez le spectateur. Bien souvent, les premières réalisations sont assez difficiles, à cause d'un budget limité et bien souvent d'un manque de matériaux flagrant. Splinter est la première réalisation de Toby Wilkins et c'est grâce à ce film qu'il s'est fait plus ou moins remarquer. Affichant un huis-clos avec une créature des plus mystérieuses, ce film s'est fait une jolie petite réputation dans les sorties DTV des années 2009 et il était plus que temps d'y jeter un coup d'½il. Alors quel est le verdict ? Le film mérite-t-il une si bonne réputation ? Est-il un exemple en matière de film fauché mais efficace ? Pour le savoir, allons faire un tour dans cette maudite station-service avec cette créature des plus glauques.


Ah, ces toilettes routiers, c'est toujours dégueulasse !

Alors que nous raconte cette histoire, car lorsque l'on veut mettre une bêbête dans une station-service, on s'attend forcément à quelque chose de binaire et de fort simpliste. Et bien, avec Splinter, c'est un peu le cas et on attendra un long moment avant des explications plutôt foireuses. On va donc suivre un couple amoureux qui décide de partir en vacances pour fêter leur première année de rencontre. Malheureusement, sur la route, ils vont croiser le chemin d'une junkie et de son copain, un voyou qui souhaite rejoindre la frontière mexicaine. Malheureusement, un arrêt s'impose dans une petite station service déserte. C'est alors qu'un homme blessé les attaque, tuant la junkie. Mais le danger semble tout autre, puisque une substance noirâtre, en forme d'épine prend possession des corps et attaque les rescapés qui s'enferment dans la station. Tout en restant très simple, le film va essayer de jouer avec nos nerfs et nos sentiments, en prenant en compte les personnages et leur complexité. Et c'est ce qui va sauver le film de l'ennui, emportant des personnages complexes, où les relations vont évoluer et où notre regard va aussi changer. Donc, finalement, malgré une simplicité extrême, on n'aura pas l'impression d'être devant un énième film pour ados avec des personnages manichéens et stupides.

Mais le gros point fort d'un film sans budget, et Toby Wilkins l'a bien compris, c'est que l'ambiance ne nécessite pas beaucoup d'argent et que c'est le moyen le plus élémentaire pour faire peur. Du coup, Splinter se contente du minimum mais assure quelque chose d'assez effrayant et de très sympathique. En gros, et même si c'est du déjà vu, on a droit à la station-service isolée. Le lieu en lui-même n'est pas très angoissant, mais il faut voir la bestiole et surtout, il faut voir l'urgence de la situation. Car en plus d'être moche et méchante, elle peut s'infiltrer partout, le lieu devenant dangereux et stérile. En jouant sur les bruits et sur les déplacements de la bête, ainsi que sur son démembrement, le réalisateur assure une tension de tous les instants et une recherche pour s'en sortir très efficace.

Les interactions entre les personnages sont aussi très intéressantes, le voyou finissant par devenir sauveur et suscitant de l'empathie vers la fin chez le spectateur, alors qu'il était détesté dès le départ. Mais parlons du monstre en lui-même, qui est en fait une sorte de bactérie, d'entité en forme d'aiguille qui prend possession d'un hôte, humain ou animal. Son design est très intéressant et semble vraiment sale, mais pour sûrement pallier à un manque de moyen dans les effets spéciaux, le choix du réalisateur et de bouger sans arrêt la caméra lorsque le monstre est visible. Du coup, on ne voit pas grand-chose et c'est assez décevant de ce point de vue. Néanmoins, le climax général reste de bon acabit.


La Chose de la famille Addams a pris cher...

Les acteurs et actrices du film ne sont pas des gens hyper connus. Il faut dire que lorsqu'il s'agit d'un premier film, et qui plus est, d'horreur, il est assez rare de voir des têtes d'affiche. Mais ce n'est pas grave, car cela est révélateur de talent, car la plupart des grands acteurs d'aujourd'hui ont commencé par l'horreur. En premier lieu, je vais parler de Jill Wagner, la jolie blonde du film, qui tient le rôle de la femme forte et qui le joue très bien. On apprend vite à l'apprécier et elle reste gentille. On aura plus de compassion pour son mari, incarné par Paulo Costenzo, qui est l'intellectuel de service. C'est d'ailleurs lui qui va étudier la bête et avoir quelques réponses hypothétiques. Il joue bien son rôle, même si parfois il agace par son comportement peu masculin.

Mais le plus charismatique de tous, c'est bien Shea Whigham, l'acteur le plus expérimenté du groupe et le rôle le plus complexe. Méchant au début mais aussi à la fin, il arrive tout de même à montrer une bonne facette de son personnage, à tel point que l'on va se prendre d'affection pour lui, chose rare et très intéressante. On en oublie même son rôle de méchant sans pitié au départ. Enfin, l'autre personnage important, c'est le monstre, qui montre un design révulsant, sanglant et contre-nature mais qui est malheureusement gâcher par une caméra tremblotante dès qu'il apparait, sûrement pour cacher les vices des effets spéciaux.

Quand on voit que la créature est très souvent occultée pour ne pas montrer les faiblesses des effets spéciaux sur la bestiole, il n'en est pas de même avec certains effets gores. Bien loin de l'outrance d'un Braindead ou d'un Evil Dead en matière de premier film, Splinter n'est pas dépourvu de scènes chocs pour autant. On aura quelques craquements d'os bien dérangeants, notamment lorsque la bestiole commence à prendre possession d'un hôte, contrôlant tout d'abord les bras de l'hôte.

Ces effets sont particulièrement bien faits et offrent une certaine gêne au spectateur. On aura droit aussi à un corps coupé en deux, du plus bel effet, malgré un sang très noir. Mais le top, c'est véritablement le passage où la bestiole se construit avec l'aide de deux corps, pour faire quelque chose de profondément répugnant. Petit référence à The Thing de Carpenter, on verra que la créature peut se couper et en même temps contrôler ses membres, comme cette main baladeuse et mortelle. Alors il est évident que par moment cela devient assez risible, mais entre une ambiance oppressante et un monstre presque imblocable, l'angoisse ne tarde pas à surgir. Le plus gros défaut restera sûrement la fin, bâclée et ne donnant que trop peu de réponse.


Non, le doigt doit être sur la détente, pas devant la gâchette, t'es blonde ou quoi !

Au final, Splinter est un film très sympathique où l'ennui ne pointera jamais le bout de son nez grâce à un rythme effréné et une courte durée. Néanmoins, la réalisation aurait pu être un peu mieux, notamment lors des phases d'action, où Parkinson n'est jamais bien loin, donnant le tournis et embrouillant le spectateur. Sans être une tuerie, le film reste de bonne facture et s'en sort honorablement, bien mieux que The Grudge 3 du même réalisateur.

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Splinter
Réalisateur:
Durée:
82 min
7.60714
Moyenne : 7.6 (28 votes)

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Le plus effrayant dans les cauchemars de Jacob Singer, c'est qu'il ne rêve pas
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