The fades
Les Britanniques sont connus pour offrir des séries à contre-courant d’une production de masse efficace qui manque cruellement d’originalité. Après s’être penché à de nombreux thèmes chers au fantastique et à l’horreur, le Royaume-Uni s’attaque aux fantômes sur fond de prophéties apocalyptiques. Doté d’un pitch non dénué d’intérêt, d’une solide réputation autant auprès du public que des professionnels (Bafta 2012 de la meilleure série dramatique), The fades n’aura pourtant duré qu’une unique saison. Une décision qui semble aller à l’encontre d’un a priori sympathique, du moins en apparence...
La chute est rude !
L’on apprend que certains morts ne parviennent pas à trouver la lumière et sont condamnés à errer sur la Terre pour l’éternité. Seuls les angéliques sont capables de les voir et de contrecarrer leur plan et l’envie de se nourrir d’êtres humains. Pourtant, il n’est nulle question de zombies à l’horizon même si les créatures les évoquent en certaines circonstances: regards atones, peaux blafardes et gestes approximatifs les caractérisent au mieux. Dans un premier temps, on sent une mythologie intéressante s’insinuer dans la progression de l’intrigue. Seulement, le sujet principal laissera place à une déconvenue de taille au vu du traitement qui lui est accordé.
En effet, l’atout premier de l’histoire s’efface au profit du quotidien terriblement banal d’un adolescent en mal de reconnaissance. Souffre-douleur ou looser dans l’âme, l’on assiste à un déballage pseudo-intimiste de sa vie en insistant sur des clichés grossiers tels que l’obsession du sexe ou les références dispensables à des films ou des œuvres cultes. Il ne s’agit en rien d’une introduction ou d’une mise en place lourde. L’intégralité de la série se déroule ainsi avec son lot de longueurs. Discussions inutiles, séquences interminables ou affrontements grotesques peinent à maintenir l’attention du spectateur.
La mort, ça laisse des séquelles.
Dès lors, l’évolution est suivie d’un œil distrait avec quelques surprises absurdes en stock. L’ouverture de l’épisode 3 sur la masturbation du personnage principal qui se voit pousser des ailes pendant l’éjaculation, cela laisse... Comment dire? C’est comme contempler une scène quelconque d’un mauvais American Pie; même s’ils le sont tous. À cela, l’on ajoute des retournements de situations peu crédibles pour tenter d’étirer l’intrigue à son maximum, mais lorsque le potentiel n’y est pas, même la courte durée de la série peut paraître sans fin. À aucun moment, on n’entrevoit un changement radical de direction.
Peut-être faut-il se tourner vers le passif de Jack Thorne, le créateur pour comprendre cette orientation à la limite du grotesque avec l’écriture de certains épisodes de Skins, série où l’on assistait également aux quotidiens d’adolescents prépubères. Toujours est-il que les protagonistes sont à l’image de l’ambiance générale: ils ne retiennent guère l’attention. Les caricatures minables ne bousculeront pas les idées préconçues, même les rôles plus «matures» sont d’une incroyable platitude. Entre la peste de sœur jumelle, la mère prévenante, le meilleur ami geek, les brutes épaisses du lycée ou les profs un peu distraits, voire benêts, l’on vous présente un florilège de caractères aussi conventionnels qu’affligeants.
On n'y voit pas plus clair.
Au final, une saison suffit amplement à The fades pour poser les bases d’un concept original qui ne sera à aucun moment exploité convenablement. L’intrigue s’égare du début à la fin vers des considérations secondaires au lieu de progresser vers une finalité saisissante. À savoir, empêcher l’apocalypse d’arriver. On touche rapidement le fond pour se rendre compte qu’on préfère s’attarder sur une bande de personnages sans reliefs et énervants au possible plutôt que de les soigner. En d’autres circonstances, il aurait pu en ressortir une série singulière qui ne privilégie pas le spectaculaire à l’efficacité. Ici, ne prévalent que l’ennui et la frustration d’un travail bâclé. Un beau gâchis.
Un film de Tom Shankland, Farren Blackburn
Avec : Daniel Kaluuya, Theo Barklem-Biggs, Robbie Gee, Joe Dempsie