Voir la fiche complète du film : Upside Down (Juan Solanas - 2012)

Upside Down - Critique

Une oeuvre singulière au concept surprenant sur un fond romantique qui peut se révéler un obstacle pour certains. Les autres découvriront deux univers immersifs d'une beauté onirique. Upside down mérite que l'on y fasse un petit détour contemplatif.

Publié le 3 Juin 2013 par Dante_1984
Voir la fiche de Upside Down
8

Depuis quelques années, il est souvent difficile de trouver des films qui sortent de l'ordinaire, ne serait-ce par le simple fait de dénicher un concept à la fois singulier, audacieux et prometteur dans son élaboration. Certains tentent la relecture d'un genre (ou d'un sous-genre) avec plus ou moins de brio. D'autres essayent de s'engouffrer dans de nouvelles brèches avec la volonté de filmer autrement. Deuxième long-métrage de Juan Solanas, Upside down décide de tourner et retourner son idée de départ (à savoir la confrontation de deux univers différents) dans tous les sens avec un plaisir non feint. Voyons de quoi il retourne...


C'est à vous retourner la tête.

Sur le papier, Upside down intrigue. Dans notre univers, il existe deux mondes (celui du haut et du bas) qui cohabitent sans jamais se toucher. L'un est prospère, l'autre pas. Adam et Eden se rencontrent au sommet d'une montagne et nouent une idylle impossible. Le générique débute en faisant l'exposition des lois régissant les deux mondes, notamment comment se comporte la gravité lorsqu'elle entre en conflit avec son opposé. Entame classique et facile à comprendre pour aborder le métrage dans de bonnes conditions. Une fois les bases assimilées, on peut s'engager de pied ferme dans cet univers qui frappe par sa beauté hypnotisante.

Qu'il s'agisse de paysages urbains ou naturels, les plans larges confèrent à l'onirisme. C'est bien simple, l'émerveillement est au rendez-vous à chaque panorama où l'on peut contempler les villes d'en haut et d’en bas, se reflétant comme un miroir inversé. On songe également au repli de la ville dans Inception pour se faire une idée de la chose. Mais ce sont surtout les passages au sommet de la montagne où les nuages créent des formes aléatoires aux contours éthérées que l'on se rend compte du travail artistique fournit. Ces véritables tableaux invitent à la contemplation plus qu'au soulèvement.


L'un à la tête dans les nuages, l'autre... également !

Et c'est peut-être ce que l'on pourrait reprocher à l'histoire : sa naïveté et sa passivité. Le fait est que les protagonistes ne remettent jamais en question leur condition (bonne ou mauvaise). Ils acceptent tout sans ciller, et ce, en dépit de la logique même. S'agit-il du haut, du bas ? Je vous laisse choisir. À aucun moment, on ne verra les prémices d'une révolte, mais plutôt d'une résilience presque navrante. L'apitoiement semble être le maître mot. Naïveté, dans le sens que la romance au c½ur de l'histoire ne souffre d'aucune réflexion profonde entretenant le doute sur les sentiments de l'un ou de l'autre.

Comprenez que l'idylle est au centre de l'intrigue. Aussi, autant faire l'impasse sur Upside down si le côté fleur bleue vous rebute. Elle est le moteur du film et, malgré son aspect confondant, se laisse suivre agréablement. Comme évoqué un peu plus haut, le problème réside dans des ficelles narratives faciles. L'amnésie d'Eden permettait un nouveau jeu de séduction intéressant et c'est ce qui se passe pendant la majeure partie du récit. Seulement, un certain moment (que nous ne divulguerons pas) rompt littéralement avec le reste pour faire avancer la progression plus rapidement.


Non, le ciel ne nous tombe pas sur la tête !

Pourtant, l'échange entre les deux personnages principaux est assez savoureux en y incorporant le concept du monde d'en haut et d'en bas. On sent un véritable casse-tête pour exposer des séquences à la mise en forme difficile, à tel point que l'on a du mal à distinguer le haut du bas et inversement. On tourne, retourne et détourne en tout sens en s'égarant parfois. Voilà une épreuve pour le moins plaisante qui change d'une réalisation plus académique, plus plate étant donné que le cinéaste joue sur plusieurs dimensions avec la contrainte de prendre en considération les autres.

Si la narration peut paraître assez convenue dans son ensemble, le fait d'explorer deux mondes en même temps est absolument délectable. La simple portée symbolique du concept permet de faire des comparaisons intéressantes. L'incompréhension permanente Homme/Femme, les riches et les pauvres appartenant à un univers différent ainsi que des opposés plus ou moins subtils qui s'appliquent en pareil cas. Il en ressort une évidence : qu'il s'agisse de blanc ou de noir, de points de vue aux antipodes, les contraires sont indissociables et ne pourraient exister l'un sans l'autre.


Qui joue les araignées maintenant ?

En ce qui concerne les protagonistes, Adam et Eden sont deux individus ordinaires qui donnent à leur histoire des airs extraordinaires (en dehors de leurs univers respectifs). La pureté (par la même leur candeur) de leurs sentiments se ressent et prend davantage d'épaisseur aux moments uniques qu'ils passent ensemble. Toutefois, il est bon de souligner qu'il n'y a aucune évolution dans leur point de vue, ce qui n'est pas pour améliorer l'apparente simplicité de l'intrigue. L'on retiendra également la prestation sans fioriture de Timothy Spall.

Au final, Upside down se révèle un projet ambitieux et original tant l'exploitation du monde d'en haut et d'en bas est recherchée sur le fond et la forme. Certes, la romance au c½ur du film en rebutera plus d'un et laisse couler une histoire assez prévisible, peut-être mièvre à certains égards. Toutefois, se serait passer à côté d’un concept audacieux et singulier qui, sans être révolutionnaire, est une grande bouffée d'oxygène et de rêveries dans un paysage cinématographique en manque d'inventivité et de renouveau. Original et apaisant.

Portrait de Dante_1984

A propos de l'auteur : Dante_1984

J'ai découvert le site en 2008 et j'ai été immédiatement séduit par l'opportunité de participer à la vie d'un site qui a pour objectif de faire vivre le cinéma de genre. J'ai commencé par ajouter des fiches. Puis, j'ai souhaité faire partager mes dernières découvertes en laissant des avis sur les films que je voyais.

Autres critiques

Audrey Rose

Audrey Rose

On a tendance à l’oublier, mais Anthony Hopkins a eu une carrière avant le Silence des Agneaux , et pas des moindres puisqu’il a tout de même tourné avec des pointures comme David Lynch ( Elephant Man ), Richard Attenborough ( Magic ) ou encore l’homme derrière le film qui nous occupe aujourd’hui, le grand Robert Wise. Pour ceux qui ne le connaîtraient pas, Robert Wise c...
Un Coup de Tonnerre

Un Coup de Tonnerre

Il n'y a rien à faire, malgré que le sujet ait été exploité à de multiples reprises, chaque film abordant le voyage dans le temps et ses conséquences attise encore la curiosité. Il faut dire que les possibilités sont infinies et que voir ce qu'aurait pu devenir notre monde si tel ou tel événement s'était produit reste toujours très excitant. Bien fait, ça peut donner des choses telles...
Halloween 2

Halloween 2

En 2007, Rob Zombie nous avait proposé sa vision du grand classique de John Carpenter , Halloween: La nuit des masques . L'exercice n'avait rien de facile puisque le film de Big John est un classique pour une grande majorité des amateurs de films d'horreur. Pourtant, le "jeune" réalisateur qui n'avait alors que deux longs métrages à son actif s'en était sorti avec...
Une nuit en enfer

Une nuit en enfer

Longtemps dénigrées par le monde du cinéma, les séries sont parvenues à un statut de reconnaissance telle que des acteurs et réalisateurs de renoms n’ont pas hésité à franchir le pas du petit écran. David Fincher pour House of cards , Woody Harrelson et Matthew McConaughey pour True detective … Les exemples ne manquent pas. Intarissables explorateurs de l’entourloupe, les producteurs se sont...
Warm Bodies : Renaissance

Warm Bodies : Renaissance

R est un zombie parmi tant d'autres dans un monde qui n'a plus rien à offrir que de longues journées d'errance entrecoupées de petits casse-croûtes cannibales. Enfin, c'était jusqu'à ce qu'il rencontre Julie. Après s'être fait remarquer avec le slasher Tous les garçons aiment Mandy Lane (un peu trop surestimé à mon goût), Jonathan Levine semblait avoir déserté le...
Upside Down
Réalisateur:
Sortie France:
Durée:
109 min
6.16667
Moyenne : 6.2 (6 votes)

Upside Down Featurette (2012) - Jim Sturgess Movie HD

Devinez le film par sa tagline :

It's feeding time.
Score actuel : 0
1 pt par bonne réponse, sinon -1 !