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The legend of Boggy Creek - Critique

Un faux documentaire qui augurait une troublante incursion dans les contrées sauvages et reculées de l’Arkansas. Malheureusement, l’approche manque de rigueur pour pleinement convaincre son public. La progression fait s’enchaîner des témoignages à l’intérêt inégal et des passages complètement ratés, proche de l’amateurisme. Frustrant au vu de sa réputation outre-Atlantique.

Publié le 9 Février 2019 par Dante_1984
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Primate Forêt

Les films relatant les méfaits du bigfoot ou du sasquatch ont pris leur essor dans les années 1970. The Legend of Boggy Creek s’avance comme le fer de lance de ce sous-genre du survival animalier. Son succès a suscité bon nombre de vocations par la suite ; certaines plus dispensables que d’autres. S’appuyant sur de véritables témoignages et des faits divers, l’intrigue explore le mythe, mais par un truchement des événements. Pour l’époque, cela déconcerte et présente un aspect novateur qui floue la frontière entre réalité et fiction. En effet, le film de Charles B. Pierce s’avance comme un faux documentaire, sorte de précurseur en la matière.

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Le monstre de Fouke serait-il une de vos connaissances ?

Nourrie par les légendes et le folklore local, l’histoire ne s’attache pas au bigfoot ou au sasquatch à proprement parler, mais à un proche cousin. Surnommée le monstre de Fouke, la créature hante la forêt autour d’une bourgade perdue de l’Arkansas. Ses caractéristiques physiques sont toutefois similaires. On songe notamment à son gigantisme et son allure simiesque. Sa présence serait rapportée dès le XIXe siècle avec des « pics » d’apparition et des périodes d’accalmie. Eu égard aux férus de cryptozoologie, l’aspect sensationnaliste d’une telle affaire est donc particulièrement adapté à la production d’un film qui, malheureusement, souffle le chaud et le froid.

Exception faite des irruptions inopportunes du monstre de Fouke, on se heurte à l’absence d’un fil directeur. À la manière d’un reportage étiré sur la longueur, la narration fait s’enchaîner les témoignages et les séances de reconstitution sans trouver une réelle cohérence, ne serait-ce que d’un point de vue temporel. Les déclarations sont d’un intérêt fluctuant et sont en partie décrédibilisées par la voix off qui, loin de l’objectivité propre à cet exercice, se pare de considérations douteuses et d’introspections surfaites. Découvrir la vérité, rapporter les faits, participer aux battues organisées par les locaux… Tout un programme qui manque de recul pour rendre le style faux documentaire vraiment pertinent.

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Que pensez-vous de ces trouble-fêtes qui empiètent sur votre territoire ?

D’ailleurs, Charles B. Pierce confond réalisme et voyeurisme sadique. Là où le premier exige de la rigueur pour présenter le sujet, le second se perd dans une attraction touristique qui s’écarte bien vite du ton posé et pragmatique constaté dans les premières séquences. Pour preuve, le goût immodéré de la chasse est ici traduit par des mises à mort réelles d’animaux, préfigurant cette injustifiable pratique dans Cannibal Holocaust. Ce dernier officiant pour sa part dans le domaine du found-footage. Dans ces contrées reculées où le second amendement sert de commandement, inutile de préciser que cela touche aussi les têtes blondes de ces rednecks dès le plus jeune âge.

Autre aspect pour le moins raté de ce faux documentaire : les reconstitutions en elle-même. L’idée est bonne pour rendre les récits des différents intervenants plus vivants. Malheureusement, le surjeu de certains acteurs, dont la majorité reprend leur propre rôle, et la gestion du rythme dans ces moments de tension s’avèrent assez pathétiques. Dommage, car la présence du monstre de Fouke évolue d’une rencontre impressionnante et néanmoins inoffensive à des attaques sur des personnes ou des habitations. L’hostilité des hommes à son égard est assez bien représentée pour expliquer ce changement d’humeur. De même, il sera toujours masqué d’une aura sombre et indiscernable. Seule sa silhouette se distingue.

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Quels sont vos conseils pour une soirée pyjama réussie ? Un invité surprise, peut-être ?

Derrière ses atours de film culte pour initiés, The Legend of Boggy Creek est un métrage moyen à plus d’un titre. On apprécie le concept de faux documentaire avant l’heure pour brouiller les pistes et rendre certains témoignages plus saisissants. La suggestion y occupe une place prépondérante pour attester de l’étrangeté des lieux. Pour autant, l’intrigue patauge dans un traitement maladroit qui se trompe de cible en prônant les vertus de la chasse au détriment du monstre de Fouke lui-même. Il en ressort de nombreuses digressions qui débouchent sur un rythme inégal. La pertinence de certaines scènes est aussi sujette à caution, tout comme la qualité des reconstitutions, censées mettre en exergue la créature. Bref, une initiative sans grande conséquence pourtant responsable de la vague de films sur le bigfoot qui s’ensuivra.

Portrait de Dante_1984

A propos de l'auteur : Dante_1984

J'ai découvert le site en 2008 et j'ai été immédiatement séduit par l'opportunité de participer à la vie d'un site qui a pour objectif de faire vivre le cinéma de genre. J'ai commencé par ajouter des fiches. Puis, j'ai souhaité faire partager mes dernières découvertes en laissant des avis sur les films que je voyais.

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The Legend of Boggy Creek
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Durée:
90 min
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Huit pattes, deux crochets et un très mauvais caractère.
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