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Godspeed - Critique

Un film incroyablement mou, dans lequel les monologues interminables remplacent l'action...
Publié le 25 Septembre 2010 par Geoffrey
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Godspeed est un film indépendant réalisé par Robert Saitzyk mais sa création revient avant tout aux deux acteurs principaux, Cory Knauf et Joseph McKelheer. Lorsqu'ils s'étaient rencontrés sur le tournage de The Hamiltons en 2006, les deux hommes avaient sympathisé et retravaillé ensemble un scénario amené par Cory. Pour ce faire, ils se seraient basés sur les émissions religieuses télévisées Américaines et cela se ressent énormément dans Godspeed car les références à Dieu y sont légions.

A coté de cet aspect spritiuel, un film comme Godspeed laisse rêveur et pose des questions quant à la manière dont les jaquettes de DVD nous vendent les métrages. En effet, celle de Godspeed nous promet un film de vengeance âpre et violent, à la limite du survival. La tagline "Priez pour votre survie" ne laisse également aucune place au doute: le héros va en baver sévère.

Pourtant à la vision du film, un doute étreint le spectateur: Est-ce bien Godspeed qui est dans le lecteur DVD ? Parce que si le film est bien pétri de bonnes intentions philosophiques, il manque d'action et est surtout très très chiant.


Charlie EST colère

La vie de Charlie Newman, guérisseur évangélique en Alaska, est brisée lorsque sa famille est sauvagement assassinée par des assaillants inconnus sans aucune raison apparente.

Six mois plus tard, Charlie a renié Dieu et vit comme un ermite dans une caravane, au milieu de la forêt. La police n’a trouvé aucun coupable. Dans un bar, il fait la connaissance de Sarah, une jeune fille qui a fait un long chemin pour le rencontrer et qui lui demande de venir en aide à son père. A contrecœur, Charlie accepte et l’accompagne chez elle. Il fait alors la connaissance de son frère Luke et de son ami Tim. Sarah semble mal à l’aise, comme si elle avait un secret à cacher…


Charlie EST souffrance

Pour faire simple, on va dire que la jaquette se fourvoye un peu sur le genre de film qu'est Godspeed. En effet, au lieu du film de vengeance promis, nous avons droit à un drame psychologique ennuyeux. Très ennuyeux même. La cause en est que les personnages ne perdent pas une occasion pour partir dans des monologues interminables et que ces mêmes monologues remplacent l'action. En effet, tout le monde parle sans arrêt dans Godspeed. Tout le temps, pour tout et n'importe quoi. Par exemple, le flic chargé de l'enquête balance ses étâts d'âme concernant Charlie à sa maîtresse, une prostituée notoire, alors qu'elle ne lui a rien demandé. Même Charlie, à l'article de la mort, trouvera encore la force pour une dernière tirade poignante... ou pas.
Bref, le métrage s’appesantit à de nombreuses reprises sur des dialogues redondants qui n’ont rien de très profonds et cela devient vite insupportable. Certaines idées sont pourtant intéressantes, comme le discours religieux de Luke à ses sbires, mais elles sont noyées dans un déluge de pathos et de complaintes énervantes. Tout le monde parle mais personne n'agit.


Charlie EST un homme courageux qui boit pour noyer son chagrin

Car c'est bien là que le bâs blesse dans ce film: il ne s'y passe rien. Le premier quart d'heure est pourtant réussi, avec une bonne mise en place des personnages et un meurtre peu sanglant mais joliment réalisé. Ce dernier se déroule sans le moindre son, avec uniquement une musique de fond, et en montage alterné avec les plans d'une aurore boréale. Cette scène est sans aucun doute la plus réussie du film, la seule qui vale le détour puisque la suite s'avérera beaucoup moins intéressante.
Charlie coupe du poisson devant sa caravane, Charlie dessine dans la bible, Charlie répond mollement aux questions d'un sheriff mou, bref, Charlie s'emmerde dans sa vie sans sa famille. En même temps, Charlie s'emmerdait déjà quand sa femme était là puisqu'il la trompait donc on ne sait que penser... Est-il vraiment triste de la perte de sa femme et de son fils? Personnellement, je dirais que c'est juste la mort du fiston qui le perturbe.

Il faut dire aussi que l'acteur Joseph McKelheer qui incarne Charlie ne fait pas grand chose non plus pour faire ressentir la détresse émotionnelle de son personnage. Exception faite de la scène où il s'acharne sur Tim, il n'y a pas beaucoup de moments où l'on ressent sa douleur. Même quand il se trouvera face à l'assassin de sa femme, il ne fera rien pour le tuer. Une personne normalement constituée lui aurait sauté à la gorge, mais pas Charlie. Charlie lui, il s'enfuit.
D'un autre coté, si on part dû principe qu'il n'aimait plus sa femme mais seulement son fils, cela devient logique qu'il ne s'acharne que sur l'assassin de celui-ci et pas sur celui qui a l'a tuée elle. La thématique est intéressante. N'empêche qu'à la vision du film, on a plutôt l'impression que Charlie est un gros mou, limite trouillard.

Face à lui, Gory Knauf est autrement plus convaincant et constitue le gros atout du film. Il est très crédible en leader illuminé et personnifie un bad guy très inquiétant, qui n'hésite pas à faire violer sa soeur par son meilleur ami. Sa prestation est impeccable et vaudrait le détour si elle n'était pas perdue dans un océan de médiocrité.


Stop! N'avancez plus, il n'y a rien à voir!

En parallèle de l'histoire de Charlie, nous suivons "l'enquête" menée par le Shériff du coin. Ce dernier soupçonne clairement Charlie d'avoir tué sa femme mais n'en possède pas la preuve. Le personnage du sheriff est assez amusant car il ne se sert strictement à rien, si ce n'est rajouter du temps de film. Il pose des questions au hasard, discute avec les gens qui cotoyent Charlie, suit Charlie en Alaska et finit par se faire tuer comme une buse dès son arrivée à destination. Ce n'est pas sans rappeler la mort de Dick Hallorann dans Shining. Là aussi le réalisateur donnait de l'importance au personnage alors qu'il mourait subitement. Sauf qu'ici le résultat est plus amusant que surprenant.


Comment ça mon personnage est inutile?

Je suis peut-être sévère avec ce film, mais c'est la faute de la jaquette. Si on nous vend un film d'une certaine manière et qu'il ne l'est pas, c'est frustrant. Souvenez-vous de la réaction des gens face au Village de M. Night Shyamalan. Là aussi le film avait été présenté comme un film angoissant alors qu'il était tout sauf ça (les mauvaises langues diraient qu'il était tout sauf bon, mais ceci est un autre débat.).
En l'état, Godspeed est un drame psychologique bavard qui tente de jouer sur l'atmosphère plutôt que sur les images-chocs (voir les nombreux plans fixes sur des montages, champs, forêts, etc...). Seulement quand on s'attend à un survival brutal, le choc est rude. Sachez donc que si vous cherchez de l'action, vous pouvez passer votre chemin. Les amateurs de drame humain y trouveront peut-être leur compte, mais pour ma part je n'y ai trouvé que de l'ennui.

Pour terminer sur une note positive, sachez tout de même que la réalisation est bonne et que la photographie ainsi que les décors naturels de l'Alaska sont très beaux. Pour inciter au tourisme, c'est toujours mieux qu'une carte postale.
Geoffrey Claustriaux

Portrait de Geoffrey

A propos de l'auteur : Geoffrey

Comme d'autres (notamment Max et Dante_1984), je venais régulièrement sur Horreur.net en tant que lecteur, et après avoir envoyé quelques critiques à Laurent, le webmaster, j'ai pu intégrer le staff début 2006. Depuis, mes fonctions ont peu à peu pris de l'ampleur.

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She's alive…yet dead! She's dead…yet alive!
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