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Nos amis les Terriens - Critique

Le premier long-métrage de Bernard Werber se révèle un film atypique et foncièrement original. Il offre un regard extérieur sur le mode de vie qui est le nôtre. On n’oubliera pas également un aperçu détaillé de nos habitudes, on ne peut plus intrigantes pour nos amis les extraterrestres. Tout en s’octroyant les codes du documentaire animalier, Bernard Werber demeure fidèle à son univers grâce à un concept singulier. Un parti pris pour l’anticonformisme totalement assumé qui abouti à un traitement novateur et curieux. Un OVNI cinématographique réussit et indubitablement fascinant, comme son auteur.

Publié le 7 Août 2012 par Dante_1984
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Aux confins de l’univers, l’impensable s’est produit. Une civilisation avancée a découvert une autre forme de vie : l’homme. Ils vont tenter de découvrir qui sont ces étranges créatures qui peuplent une petite planète bleue. Bernard Werber est avant tout connu pour ses talents d’écrivain incontestés. Des histoires qui parviennent à nous happer dans des univers singuliers sans le moindre mal tout en maintenant le lecteur dans une fascination presque irréelle pour l’ensemble de son œuvre. Il s’était déjà essayé à la réalisation avec La reine de Nacre, recueil de courts-métrages expérimental qui, même si l’on reconnaissait aisément la signature de l’homme, pâtissait d’un budget insignifiant. Bien que les idées fussent au rendez-vous, un sentiment mitigé en ressortait.


L’immensité de l’univers abrite une petite planète bleue où vit de biens curieuses créatures...

Pour Nos amis les terriens, les moyens alloués sont revus à la hausse sans toutefois atteindre le degré d’ambition de monsieur Werber. Une imagination intarissable et foisonnante qui recèle des trésors d’originalité. Son premier film se propose donc de découvrir l’homme à travers les yeux d’extraterrestres pour le moins curieux. On ne regardera donc pas Nos amis les terriens comme un film de science-fiction, mais bel et bien comme un documentaire animalier où l’on apprend les mœurs étranges d’une drôle d’espèce ; en l’occurrence : nous. Tout se joue sur l’observation. Les occupations journalières, les habitudes alimentaires, les rapports sociaux. Chaque aspect de notre société et de l’individu sont passés au crible via un traitement qui ne manque pas d’humour et d’une certaine touche de surprise face à nos singulières manières de primates évolués.


Une centrifugeuse géante !

Ainsi, nous avons droit à deux points de vue différents de l’homme durant le métrage. L’un dans son environnement naturel. L’autre dans des conditions de captivité drastique. Si le premier aspect tend vers une certaine distance de l’homme qui ne se base que sur des faits constatés, les séquences dans cette cage d’invisibilité multiplie les phases d’expérimentations sur l’homme, quitte à fausser les résultats observés. On jongle entre les deux aspects « documentaires » sans que l’un ne prenne le pas sur l’autre. On parlera davantage de complémentarité et dénotera une certaine bonhomie dans les situations de la vie quotidienne, voire un amusement non feint des pérégrinations de Petit 1et Petit 2.


La cage d’observation et ses cobayes.

En revanche, les séquences dans la cage invisible dépeignent les comportements d’hommes et de femmes dans un cadre prédéterminé où les expérimentations se multiplient pour observer les réactions et les comportements des uns et des autres. Dominants, dominés, autonomes… L’homme devient donc le cobaye de ses propres méthodes et voit ressurgir ses instincts de survie. Assimilés à des souris ou des hamsters que l’on place dans un labyrinthe, il est intéressant de constater des mécanismes qui se mettent en place face à une situation extrême. En cela, le réalisateur tend à nous faire prendre conscience de notre incapacité à nous adapter à notre environnement, quel qu’il soit. Dans notre optique réductrice, c’est ce dernier qui doit se conformer à nos attentes et non l’inverse.


La dictature du petit écran et son influence sur le couple.

On se retrouve alors à constater une barbarie permanente qui égrainent notre quotidien dans la plus pure indifférence (attaque de la volaille, le steak tartare…). De fait, le documentaire prend une tournure engagé quand il s’agit de s’atteler à dénoncer les méthodes suspectes des réalisateurs de documentaires animaliers. L’image édulcorée de l’animal et mis en avant en dépit de la véracité des faits. Par exemple, la gazelle se retrouve constamment la proie du lion affamée qui, même si les rôles de prédateurs et de proies sont présents, soulignent les considérations manichéennes que nous véhiculons en tout et toute chose.


Les hamsters trompent l’ennui comme ils peuvent !

En d’autres termes, on se retrouve pris dans notre propre piège en devenant l’animal phare d’un documentaire d’une espèce extraterrestre. On est le hamster dans la boule de plastique qui tente de se dépêtrer tant bien que mal de sa condition. Notre intelligence devient donc toute relative face à leurs constations et l’on se prend, parfois, à ressentir une petite pointe de culpabilité face aux expériences dont sont victimes les captifs (l’électrocution de la cage invisible ou encore le morceau de chair arraché à la cuisse de Petit A pour voir si nous sommes comestible !).


Où ont-ils atterris ?

Nos amis les terriens prend le pouls de notre civilisation. Proche de l’arythmie cardiaque, on nie nos racines au profit d’une société de paraître où l’avoir prévaut sur l’être et le devenir. Un état de fait alarmant qui, étonnamment, ne semble pas nous préoccuper outre mesure. Un comportement qui tend vers un égocentrisme et une insouciance presque infantile. La curiosité des extraterrestres se voulant davantage touchante et compatissante à notre égard que nous pouvons l’être pour nos propres contemporains. A force de trop tirer sur la corde, on risque de recevoir le seau d’eau en pleine figure.

Portrait de Dante_1984

A propos de l'auteur : Dante_1984

J'ai découvert le site en 2008 et j'ai été immédiatement séduit par l'opportunité de participer à la vie d'un site qui a pour objectif de faire vivre le cinéma de genre. J'ai commencé par ajouter des fiches. Puis, j'ai souhaité faire partager mes dernières découvertes en laissant des avis sur les films que je voyais.

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