Voir la fiche complète du film : Amityville: La Maison du Diable (Stuart Rosenberg - 1979)

Amityville : La maison du diable

Un film d’épouvante qui se distingue par son atmosphère où l’angoisse croît avec une certaine mesure. On regrette pour autant certaines errances scénaristiques qui atténuent le traitement général et rendent le rythme trop lancinant. Entre hantise et manifestations « démoniaques », il subsiste néanmoins une incursion notable dans le genre, notamment grâce au casting et à la mise en scène.
Publié le 1 Avril 2019 par Dante_1984Voir la fiche de Amityville: La Maison du Diable
7
Diable et Démon

Aux yeux d’un public non averti, comme des amateurs de phénomènes paranormaux, Amityville est l’un des plus célèbres cas de maisons hantées au monde. Partant d’un fait divers sordide, puis de l’emménagement de la famille Lutz, la « maison du diable » a défrayé la chronique et continue de partager les partisans de l’arnaque et ceux de la hantise avérée. D’un point de vue pragmatique, les arguments se valent d’un côté, comme de l’autre, et ne permettent pas de faire la lumière sur le mystère qui entoure le 112 Ocean Avenue. Après la publication et le succès du livre de Jay Anson, le premier métrage de la saga posait les bases d’un mythe populaire. Le film de Stuart Rosenberg préserve-t-il son statut de classique ?

 amityville1978p1

La maison aux fenêtres qui rient ?

Pour le cinéma de genre, la fin des années 1970 a été marquée par L’Exorciste, véritable révolution dans le paysage cinématographique de l’époque. Or, si le présent film traite du diable également, son approche sera beaucoup plus psychologique, car moins explicite dans ses manifestations. Ici, il ne se sera pas question de possession à proprement parler, même si l’altération de la personnalité de George Lutz est perceptible. De même, l’ambiance insidieuse est comparable à la vision du mal tel que dépeinte dans La Malédiction. L’atmosphère anxiogène tient surtout au fait que le « démon » ne craint pas Dieu et encore moins ses représentants.

Loin de plier sous le signe de la croix ou de l’aspersion d’eau bénite, l’entité dégage non seulement une influence néfaste sur le cadre familial, mais est en mesure d’interagir avec la réalité. Hallucinations, malaises, accidents de la route fortuite et autres manifestations tendent à rendre la menace plus tangible qu’aux premiers abords. Il n’est donc pas uniquement question d’esprits frappeurs ou de poltergeists, mais d’une hantise beaucoup plus pernicieuse, car celle-ci touche à des croyances religieuses et à la symbolique christique afférente. Pourtant, le propos dépeint ne sera pas aussi clairement établi au fil de la trame narrative.

 amityville1978p2

Le seigneur des mouches !

Fort des différentes influences et des témoignages contradictoires sur l’affaire d’Amityville, l’histoire tend à s’éparpiller vers de nombreuses directions. Preuve en est avec l’évocation de John Ketcham, figure emblématique du folklore local, d’un cimetière indien ou encore de rituels occultes. On peut également s’attarder sur les investigations avortées de l’inspecteur Gionfriddo qui n’ont pas de véritables impacts sur la suite des événements. Après une relecture des faits, le film de Stuart Rosenberg préfère condenser les plus folles rumeurs sur la maison plutôt que de se contenter d’une seule et unique hypothèse. Avec le temps, il en ressort un sentiment d’inachevé en l’absence d’un parti pris autre que les phénomènes paranormaux au sens large du terme.

Cela est d’autant plus préjudiciable que les différentes manifestations relatées par les Lutz ont fait l’objet d’une retranscription méticuleuse. La période temporelle est respectée et permet de graduer la montée en puissance des événements surnaturels. On songe au réveil soudain à 3 h 15, heure du crime des DeFeo, à la présence qui tourne autour de la petite Amy, à la venue inopportune du père Delaney ou encore à l’infestation de mouches. Échelonnés sur près de deux heures, ces éléments demeurent assez fluctuants dans le sens où certains justifient plus un départ ou une prise de conscience que d’autres. Ce n’est pas tant leur accumulation que leur violence et leur persistance qui amènent les Lutz à fuir.

 amityville1978p3

Finalement, ce n'est pas la maison qui est coupable, mais Annabelle (la vraie) !

S’il reste un film d’épouvante de qualité à bien des égards, Amityville – La maison du diable a quelque peu perdu de sa superbe avec le temps. La faute à un scénario inconstant dont les faiblesses sont plus évidentes que par le passé. On regrette notamment cet atermoiement agaçant sur les différentes rumeurs colportées, et par conséquent retranscrites, sur l’affaire Amityville. Le traitement est volontairement lent et privilégie des manifestations paranormales progressives dans leur récurrence, chaotiques dans leur ordre d’importance. La qualité d’interprétation et l’ambiance oppressante qui touche au cadre domestique (et aux valeurs familiales) persistent néanmoins. Le film se révèle donc plus mystérieux que réaliste, et ce, en dépit de son point de vue subjectif d’une histoire vraie.

A propos de l'auteur : Dante_1984
Portrait de Dante_1984

J'ai découvert le site en 2008 et j'ai été immédiatement séduit par l'opportunité de participer à la vie d'un site qui a pour objectif de faire vivre le cinéma de genre. J'ai commencé par ajouter des fiches. Puis, j'ai souhaité faire partager mes dernières découvertes en laissant des avis sur les films que je voyais.

Autres critiques

Le mystère de la bête humaine
Au même titre que le vampire, le loup-garou est ancré dans l’imaginaire collectif avec une telle force que d’aucuns développent des hypothèses sur son existence, à tout le moins ce qui pourrait expliquer la lycanthropie. C’est donc tout naturellement que les films de loup-garou ont alimenté le cinéma de genre avec une certaine constance productive, mais pas forcément qualitative...
Ghost in the shell - Stand alone complex : Le rieur
Réalisé un an après la sortie d' Innocence , ce long-métrage intitulé « Le rieur » n'est pas la suite directe de Second Gig , mais bel et bien un montage de la première saison résumé en l'espace de 2 h 40. La première crainte réside dans l'éventuelle édulcoration de l'intrigue au détriment de la compréhension générale. Certes, on l'avait vu précédemment, Stand...
Yétis : Terreur en montagne
S’attaquer au mythe du yéti, c’est un peu comme entreprendre l’ascension d’une montagne, du moins avec la volonté de proposer un métrage de qualité. Mais la cryptozoologie est aussi malmenée que la zoologie «classique». Ces créatures mythiques sont remisées au stade de monstres bouffeurs de chairs humaines décérébrées. Yéti et La fureur du yéti sont des...
The Monster Project
Sans sombrer dans l’euphémisme, le found-footage est un genre parsemé de déclinaisons inégales qui, bien souvent, ont tendance à le niveler par le bas, parfois au point de le décrédibiliser. Du côté des occurrences notables dotées d’un budget très modeste, on peut évoquer Grave Encounters ou, dans un autre exercice de style, Noroï: The Curse et The Poughkeepsie Tapes . À l’...
Aliens vs. Predator : Requiem
Après la vision du film des Frères Strause, difficile de ne pas rehausser un peu le niveau déjà pas très élevé du film de Paul Anderson, spectacle divertissant (et encore…) mais qui n’exploitait pas particulièrement les possibilités que lui offraient les deux franchises de la 20th Century Fox, Alien et Predator. Et ce n’est pas avec ce Requiem que la donne va donc changer. En effet, même avec la...
Amityville: La Maison du Diable
Réalisateur:
Durée:
114 min
7.21429
Moyenne : 7.2 (70 votes)

Amityville Horror Trailer 1979

Films en tendance

Thématiques