Boogiepop phantom
Si ces quelques lignes résument grosso modo le point de départ de Boogiepop phantom, il sera d'autant plus difficile de poursuivre sur la suite de l'histoire. À cela, une raison particulière : il n'y a pas vraiment de trame établie et l'on plonge dans un univers délétère et sombre sans trop savoir où l'on met les pieds. Tout d'abord, le récit a été fragmenté sur douze épisodes, jusque-là rien d'anormal. Seulement, c'était sans compter la profusion de personnages qui, tour à tour, dévoile un pan de l'intrigue. L'ensemble s'avère passablement incompréhensible et l'on peine vraiment à saisir l'importance de chaque intervenant.
Itadakimasu !
On le comprend, les scénaristes veulent perdre le spectateur sous un flot de données considérables en un minimum de temps. Malgré les épisodes découpés en séquences (qui varie de trois à neuf) indiquant les repères temporels et/ou spatiaux, on ne s'accoutume à ce rythme alambiqué qu'après une grosse moitié de l'anime. Certes, dit comme cela, Boogiepop phantom peut paraître brouillon et abscons, voire réservé à un public élitiste. De ce côté, il est vrai que le spectateur est sollicité dans le sens où il doit faire l'effort de s'impliquer et démêler les noeuds de la pelote de laine. Pour ceux qui y parviendraient, la surprise de découvrir un thriller audacieux et novateur est au rendez-vous.
Boogiepop ?
À ce titre, le thème de la mort et ce qu'il engendre chez l'individu occupe une part prépondérante dans l'intrigue. On n'essaye pas de démystifier notre fin. Bien au contraire, on accumule tout ce qui fait de la mort, cette froide, implacable et inéluctable destinée propre à chacun. Les angoisses, les monstres, la peur du néant ou, peut-être, d'une autre vie sont autant d'atours qui permettent d'engranger un effet maximum sur les protagonistes et sur le spectateur. Ledit sujet entraîne bien entendu les questions métaphysiques sur l'existence humaine en nous laissant, une fois encore, dans le doute et l’'appréhension. Que la réponse soit négative ou positive, il demeure que le sens de la vie est nébuleux en fonction de notre caractère.
Menteuse !
Bien entendu, le surnaturel occupe une part importante. Il se manifeste sous des aspects aussi divers que variés. Les araignées sur la poitrine de certaines personnes (matérialisations des regrets), de la jeune fille aux papillons lumineux (rémanence des souvenirs perdus), du Boogiepop avec son accoutrement pour le moins étrange ou de créatures monstrueuses comme la manticore. Des hallucinations cauchemardesques où l'on a du mal à situer la frontière entre réalité et illusion, tellement ces deux concepts semblent intimement reliés, voire entremêlés l'un à l'autre.
De jolis papillons pleins de souvenirs !
Bref, Boogiepop phantom est un anime déroutant et, à certains égards, dérangeants. Son histoire alambiquée, ses personnages torturés et l'atmosphère oppressante qui règne en son sein renforcent le désespoir qui suintent de chaque instant, de chaque plan. Une impression étrange s'empare du spectateur. L'on perd pied. On ne sait plus trop comment cela à commencer, ni où cela va nous emmener. La succession de points de vue nous empêche de respirer. Petit à petit, les indices clefs prennent forme et leur signification se dévoile plus en amont. Les apparences déconstruites font montre d’une maîtrise rare. Une seule chose demeure certaine, on vit (subit ?) une expérience sensorielle percutante.
Un film de Takashi Watanabe
Avec : Kaori Shimizu, Yu Asakawa, Kazuo Konta, Jun Fukuyama