Douce Nuit, Sanglante Nuit 2
En 1984, Douce Nuit, Sanglante Nuit s'offre une petite place dans le paysage très prisé des slashers. On se souvient d'un film modeste, parfois longuet, mais assez honnête dans l'ensemble. Il semblait presque inévitable qu'une suite surgisse quelques années plus tard (trois pour être précis). On n'aura pas droit au syndrome de l'increvable et voir Billy s'extirper de sa tombe en tant que Père Noël mort-vivant. Au lieu de cela, l'on retrouve Ricky, son frère cadet qui file un mauvais coton et reprend la relève de son aîné d'une bien piètre manière. Au vu de la qualité de ce deuxième opus, vous êtes sûr que l'on ne peut choisir l'option du zombie Billy ?
Le coup du parapluie n'est plus vraiment à la mode.
Rares sont les suites qui parviennent à égaler leurs prédécesseurs, encore plus s'il s’agit de les surpasser. Parfois, leur nullité confère à un niveau digne des plus grands nanars. Dès lors, l'on peut se demander la nécessité de faire un film aussi lamentable. A fortiori, ce constat s'applique parfaitement au cas des slashers, genre où les séquelles pullulent comme une moisissure envahissante. De mémoire, on a eu droit à du naze, du pourri, du scandaleux et, ceux qui se comptent sur les doigts d'une main, du correct. Il ne faut pas se faire d'illusion, avec un budget de 250 000 dollars et des idées sans fondements, cette partie 2 rejoindra la masse des productions opportunistes et mal fichues.
Le premier point qui choque et plombe d'emblée l'histoire réside dans son montage. Celle-ci se déroule majoritairement sous forme de flash-back récurrent. Ricky est enfermé dans un hôpital psychiatrique et raconte sa vie et son quotidien à son psychiatre. Ce choix a déjà été exploité ailleurs, et ce, dans de meilleures conditions. Seulement, la première moitié s'axe uniquement sur un bête résumé du premier opus ! Imaginez contempler les mêmes images dans une succession de souvenirs anarchiques où seuls les doublages ont eu droit à une petite modification. Impensable ? Là où l'on espérait un simple rappel, on doit subir de nouveau les moments « forts » du premier volet dans son intégralité. Étant donné que ce dernier durait 75 minutes, ici l'on revoit 40 minutes du film !
T'es au courant, mec ?
Il faut m'expliquer ce concept à la con (il n'y a pas d'autres mots) qui gangrène le peu d'intérêt que l'on aurait pu porter à cette suite. On n'échappe à rien : l'enfance de Ricky et Billy, les maltraitances de la mère de l'orphelinat, la folie de Billy quand il endosse le costume du Père Noël, sans oublier l'ensemble des meurtres qu'il commet. Vous êtes toujours réveillé ? Bien, maintenant passons au petit frère bodybuildé au charisme d'un fruit de mer sur l'étal d'un poissonnier (c'est censé être les fêtes après tout). Il raconte ses états d'âme et sa fâcheuse tendance à suivre le chemin de Billy. À ceci près que ce dernier était "paternatalophobe" (phobie du Père Noël) et que Ricky éprouve une certaine aversion pour les bonnes s½urs.
Au bout de 46 minutes, on a droit à notre premier meurtre. Un pervers se fait écraser par sa propre voiture en hors-champ, exception faite d'un avant-bras ensanglanté. Là où le premier film essayait de varier les plaisirs de manière assez originale, ici on reste dans le bas de gamme. Électrocution par pince de batterie, poignardé par un parapluie (!), étranglements, pistolet, décapitation. Outre le fait que la violence soit très édulcorée (4 assassinats dont on ne verra strictement rien), la fainéantise pour mettre en avant le massacre est risible. Autrement dit, treize morts, treize façons de s'ennuyer fermes.
Le Père Noël est resté sur le carreau.
Les victimes ne sont que des figurants rapidement expédiés ad patres. Quant aux protagonistes (y compris Ricky), ils se révèlent des têtes à claques sans personnalité qui agacent plus qu'ils ne servent l'« histoire ». Les acteurs (d'illustres inconnus) cabotinent ou surjouent un maximum sans jamais trouver la bonne expression ou le bon ton. Leur interprétation est tellement grossière et exagérée qu'elle confère à l'amateurisme. Même constat pour le réalisateur, Lee Harry dont il s'agit de son premier et avant-dernier film derrière la caméra. Mise en scène minimaliste où se succèdent des séquences prévisibles dans un environnement dépourvu de cachets, à tout le moins d'une identité marquante.
Et Noël dans tout ce fatras immonde ? Si l'on oublie la date fatidique au début de l'histoire, on ne distinguera qu'un semblant de décoration dans l'ultime quart d'heure. Ricky enfile son déguisement de père Fouettard dans ce dernier laps de temps pour s'occuper de la mère de l'orphelinat. Pas de neige, de guirlandes lumineuses, de rues chichement fournies en vitrines éclairées ou la barbe pour le costume de Ricky ! Dans ce cas, on n'emploiera pas le terme de minimaliste, mais d'une scandaleuse absence. Même sur ce point, les producteurs sont incapables de proposer un travail correct.
Quand il ne joue pas sur les plates-bandes du Leprechaun !
Au final, ce deuxième volet de Douce Nuit, Sanglante Nuit se retrouve loin, très loin, derrière son aîné. Mal joué et mal réalisé, on retiendra surtout une première moitié pour revoir le premier film et donne un aspect de moyen-métrage pour la suite des événements. Les meurtres ne montrent aucune originalité dans une violence exposée trop édulcorée, comme le cadre et la décoration de Noël. En somme, l'inutilité de cette partie 2 rivalise avec la bêtise et l'opportunisme de l'entreprise. Difficile d'y trouver un quelconque intérêt ou ne serait-ce que l'once d'une qualité. Lamentable à tous les niveaux.
Un film de Lee Harry
Avec : Eric Freeman, James Newman, Elizabeth Kaitan, Jean Miller