Voir la fiche complète du film : Z Nation (John Hyams, Tim Andrew, Luis Prieto - 2014)

Z nation - Critique

Une série sur les morts-vivants moins ambitieuse que The Walking Dead, mais qui comble la carence de ses moyens par une énergie débordante et des situations variées. Un défouloir post-apocalyptique qui s’assume parfaitement et ne s’encombre guère des préjugés.

Publié le 29 Mars 2016 par Dante_1984
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Zombie

Si les zombies sont difficilement indissociables du domaine de l’horreur, ils le sont encore plus depuis quelques années avec un engouement populaire propre à les emporter au-delà d’une sphère de cinéphiles avertis. Les séries télévisées ne sont pas en reste avec quelques perles éphémères assez discrètes comme Dead set ou In the flesh. Mais c’est sans aucun doute The Walking Dead qui rafle la mise pour le petit écran avec des audiences en hausse chaque nouvelle saison et des moyens toujours plus conséquents pour adapter l’œuvre de Robert Kirkman et Tony Moore. Pourtant, un outsider pointe le bout de son nez pour tenter de concurrencer à minima son homologue de chairs avariées.

Z Nation est une coproduction SyFy/Asylum. Dès lors, l’association de ces deux noms a de quoi effrayer. Grands pourvoyeurs de nanars aberrants (ça vaut surtout pour les requins), ces deux boîtes jouent davantage sur le concept de la pellicule «vite faite, mal fignolée» pour engranger des bénéfices à court terme sans se soucier d’une quelconque qualité sur le travail final. On pouvait donc attendre une véritable catastrophe qui ferait passer l’apocalypse ou le Day-Z pour une promenade du dimanche. Seulement, Z Nation est loin d’être une honte infâme qui ne s’adresse qu’à un public friand de navet. C’est même tout le contraire!

Aucune chance pour le bébé zombie !

Il serait facile de faire un raccourci par la case comparaison avec The Walking Dead. Thématique et type de téléspectateur en commun font que le rapprochement serait légitime. Outre des budgets et des moyens aux antipodes, la progression est sensiblement différente. Du côté du The Walking Dead, on s’appuie à outrance sur le développement des personnages où les zombies agissent plus en toile de fond pour exacerber la nature véritable de l’homme. Pour Z Nation, on se veut moins ambitieux pour la caractérisation et non moins généreux dans le dézingage de têtes défraîchies avec un réel effort sur la variété de la situation et l’évolution de l’intrigue au fil des épisodes.

La série est plus directe, plus nerveuse et, de ce fait, peut contenter un public davantage friand de plaisirs immédiats qu’une narration jouant plus sur l’aspect psychologique générée par une telle situation d’urgence. En ce sens, il est vrai que la trame principale peut paraître simpliste, voire éculée, pour entamer les hostilités. Mais ce qui se montre comme un prétexte à la limite de l’escroquerie se transforme rapidement comme une virée post-apocalyptique défoulante et ô combien rafraîchissante pour le genre. À certains égards, Z Nation prend des faux-airs de western urbain avec une bande-son adéquate et des passages tendus à l’appui entre deux camps opposés.

Le messie version post-apocalyptique...

Cannibales, proxénètes, secte ou tout simplement opportunistes de tout poil, le voyage pour traverser les États-Unis dévastés est loin d’être de tout repos. Hormis quelques errances notables (la redondance de l’épisode9 de la première saison, par exemple), la trame demeure énergique du début à la fin en se concentrant sur des problèmes immédiats sans autres atermoiements qui viendraient ternir le rythme ou l’intérêt du public. Des classiques recherches de victuailles ou de ressources quelconques, les survivants doivent faire face à des dangers inattendus comme une tempête de sable qui dissimule des hordes de zombies ou la fameuse tornade-zombie. Une manière de remarquer les travers d’Asylum dans toutes leurs splendeurs (le clin d’œil à Sharknado est évident et parfaitement assumé).

Les règlements de compte brutaux où la violence et le gore font bon ménage sont légion. Aussi les amateurs apprécieront cette débauche de situations qui passent tantôt de l’inquiétant (pour les protagonistes) au rocambolesque sans pour autant se fourvoyer dans la nullité incommensurable coutumière d’Asylum et SyFy. En revanche, les gerbes d’hémoglobines et les séquences qui nécessitent des images de synthèse font clairement l’objet d’un traitement bâclé, la faute à un budget moindre et à un savoir-faire quasi inexistant chez les deux producteurs concernés. Les zombies, eux, sont assez variés dans le style répugnant où les différents stades de décomposition sont bien rendus (quand on ne leur explose pas la tronche à coup de balles pixellisées).

Cette année, la grippe est virulente.

Comme indiqué plus haut, la caractérisation n’égale pas celle de The Walking Dead. Pour autant, la galerie de personnages est loin d’être pénible ou irritante. Les interprètes récurrents sont tous compétents et, en dehors de physiques disparates, se révèlent plaisants à suivre, même si certains sont sacrifiés en cours de route pour entretenir la sensation de danger permanent. Les antagonistes cabotinent davantage, mais n’ont rien de déplorables. On frôle parfois le grotesque (la famille de cinglés cannibales reconvertis en proxénètes du dimanche) sans que cela sombre dans le ridicule. L’humour enlevé et le ton décalé font que les intervenants se prennent rarement au sérieux et cela fonctionne également sur le spectateur.

Au final, Z Nation est une bonne petite surprise dans le paysage des séries de morts-vivants. Certes, elle ne révolutionne pas le genre, quelques défauts parsèment çà et là l’intrigue et la progression des épisodes. Néanmoins, on se retrouve avec une série généreuse qui n’hésite pas à rentrer dans le vif du sujet sans se soucier des aprioris que l’on peut avoir sur les zombies. C’est gore, violent, rythmé et presque amusant. On apprécie une atmosphère tantôt désespérée, tantôt outrancière pour faire se succéder des séquences comiques aux répliques cinglantes. Il est donc facile de passer outre une réalisation pas toujours finaude et des trucages grossiers quand on met à contribution des images de synthèse au rabais. En somme, une série de zombies respectueuse du genre et qui ne se prend (presque) pas au sérieux.

 

Saison 2 : 7/10

Portrait de Dante_1984

A propos de l'auteur : Dante_1984

J'ai découvert le site en 2008 et j'ai été immédiatement séduit par l'opportunité de participer à la vie d'un site qui a pour objectif de faire vivre le cinéma de genre. J'ai commencé par ajouter des fiches. Puis, j'ai souhaité faire partager mes dernières découvertes en laissant des avis sur les films que je voyais.

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