Voir la fiche complète du film : Dracula (Andy Goddard, Brian Kelly, Nick Murphy - 2013)

Dracula

Une énième adaptation de Dracula honnête qui ne fait pourtant pas de vagues au vu d’un traitement hésitant sur le fond (choix narratifs discutables) et inconstant sur la forme (mise en scène capricieuse).
Publié le 30 Août 2015 par Dante_1984Voir la fiche de Dracula
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Vampire

Lorsqu’on cite un nom ancré dans la culture au sens large du terme, il n’est nul besoin de présentation. En revanche, l’inconvénient est d’y trouver une approche nouvelle pour parler d’une histoire que tous connaissent de près ou de loin. Dracula est sans aucun doute le personnage qui aura eu le plus d’adaptations sur grand ou petit écran. Parfois pour le meilleur, mais aussi pour le pire, l’œuvre de Bram Stoker en aura inspiré plus d’un. Il aura eu le mérite d’instaurer les bases du vampirisme dans la culture populaire à travers un classique du fantastique. Presque 120 ans après la parution du roman, l’attrait pour le comte de Transylvanie perdure...

Dernière exploitation en date: l’ignoble version de Dario Argento qui parvenait autant à ridiculiser le matériau originel qu’à se discréditer en tant que cinéaste sur la fin de sa carrière. Aussi, la chaîne NBC décide de produire une série plus respectueuse, même si les libertés en rapport à la trame principale sont grandes. Il ne s’agit pas d’une adaptation méticuleuse et fidèle. On parlera plutôt d’une modernisation qui entraîne autant d’intérêts que de maladresses. Cette approche a le mérite d’entretenir la flamme et de faire découvrir le mythe à un public plus large et donc, on a tendance à obtenir un cachet sympathique, mais formaté pour coller à des exigences commerciales et non artistiques.

La reconstitution historique de l’époque victorienne se révèle soignée. On privilégie les séquences en intérieur avec un aménagement et des décors qui ne sont pas sans rappeler le faste d’antan. Toutefois, les quelques incursions dans les rues londoniennes usent d’un cadrage identique avec une mise en scène très restrictive. L’impression que les protagonistes évoluent dans un environnement limité prévaut sur la liberté de mouvement en pareilles circonstances. Même constat lors de rares acrobaties sur les toits. Un arrière-plan trop artificiel pour une exploitation des lieux mal équilibrée. En somme, il vaut mieux se concentrer sur le cœur de l’intrigue plutôt que sur une réalisation inconstante, et ce, en dépit d’une photographie aux qualités honorables pour une série.

Comme évoquée plus haut, l’histoire prend de nombreuses largesses qui feront pester les puristes. Certes, on retrouve l’ensemble des intervenants indispensables à la bonne progression des événements. Mais certains choix narratifs ont tendance à surprendre, voire à décontenancer le spectateur. En tête de liste: l’association entre le comte Dracula et Van Helsing. On peut aussi citer la présence de l’ordre du dragon, sorte de société secrète qui compte des chasseurs de vampires dans leur rang. Des ajouts ou des modifications qui, sans dénaturer l’atmosphère du roman, confèrent davantage à la grandiloquence au lieu de se montrer subtils.

Il existe bel et bien des manipulations et autres retournements de situation pour faire progresser le scénario. En cela, la série parvient à tenir la longueur durant ses dix épisodes. On retrouve également une certaine homogénéité avec les relations intimes entre les intervenants. L’aspect romance est présent, mais est fort heureusement une plus-value plutôt qu’un frein. Malheureusement, l’annulation de la série empêche de répondre à certaines problématiques avancées ou d’explorer plus en avant certains éléments de l’univers (passé des personnages peu développé, genèse de l’ordre du dragon et motivations des membres reléguées aux oubliettes).

Un panel d’individus tenu par un casting assez discret en dépit de leur indéniable talent. Bien qu’il n’ait pas été l’un des meilleurs interprètes de Dracula, Jonathan Rhys-Meyer possède suffisamment de charisme pour occuper le devant de la scène. Son jeu nuancé entre aristocratie et sauvagerie permet de donner le change à des seconds rôles tantôt remarquables, tantôt anecdotiques. La faute à des physiques peu marquants, ainsi qu’à une présence trop effacée. Il en ressort donc une impression mitigée au vu du potentiel de départ.

Au final, cette version 2013 de Dracula demeure assez moyenne dans son ensemble. Loin des ignominies transalpines de son homologue, elle se montre trop timorée pour s’imposer face à une concurrence aux dents longues. Entre vulgarisations de l’histoire originale pour coller à un public plus large, une reconstitution entachée par une réalisation inégale, ainsi qu’une interprétation du même acabit, Dracula souffle le chaud et le froid. La série s’avère sympathique, parfois distrayante, mais ne parvient pas à insuffler aux images l’atmosphère délétère du roman. Finalement, cette énième tentative de modernisation de l’œuvre de Bram Stoker atermoie entre respect de son modèle et nouveautés inopportunes.

A propos de l'auteur : Dante_1984
Portrait de Dante_1984

J'ai découvert le site en 2008 et j'ai été immédiatement séduit par l'opportunité de participer à la vie d'un site qui a pour objectif de faire vivre le cinéma de genre. J'ai commencé par ajouter des fiches. Puis, j'ai souhaité faire partager mes dernières découvertes en laissant des avis sur les films que je voyais.

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