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Femme Scorpion, La - Critique

Après avoir tenté de s'échapper, Nami devient la cible des multiples représailles de ses geôliers et d'autres détenues. Série B efficace, La Femme Scorpion brosse avant tout un captivant portrait de femme blessée.
Publié le 19 Août 2011 par GORE MANIAC
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**Attention, cette critique contient des spoilers.**

Utilisée par un flic véreux dans le but d'éliminer des trafiquants de drogue, la jeune Nami Matsushima est victime d'un viol collectif. Bien décidée à tuer son ancien amant, la jeune femme est arrêtée avant de s'être vengée, et se retrouve incarcérée dans une prison pour femmes tenue par un directeur sadique et impitoyable.
Après avoir tenté de s'échapper avec une amie, Nami devient la cible des multiples représailles de ses geôliers et d'autres détenues.

Décennie de la libéralisation des moeurs cinématographiques (cf l'incroyable succès médiatique en France du film Emmanuelle), les années 70 verront de multiples sous-genres érotiques investir le Septième Art, notamment celui des prisons pour femmes.
Ce lieu semble en effet propice aux caresses érotiques entre détenues, ainsi qu'aux punitions et autres sévices corporels pouvant attirer un autre public.

Bénéficiant d'un scénario au combien plus travaillé que ceux de la série des Ilsa aux Etats-Unis ou des productions Eurociné en Europe, la série japonaise des Sasori compte à ce jour dix films.
Contrairement aux métrages des années 90, visiblement davantage tournés vers du direct-to-video à consonance érotique, les épisodes des années 70 étaient ambitieux et portés par l'interprétation éblouissante de l'impénétrable Meiko Kaji.

A la fois fragile et fort, le personnage de Nami est l'incontestable point fort du film. Femme bafouée, déterminée à survivre dans le seul but de se venger, Sasori représente aussi l'image de la femme moderne, tentant de s'épanouir dans un monde encore machiste et passéiste (conformément au Japon de cette époque, ici sérieusement pointé du doigt). Autant par ses silences que par ses regards, emplis de mélancolie et de rage intérieure, Meiko Kaji peut être considérée comme l'une des premières icônes du cinéma Bis (son autre grand rôle, Lady Snowblood, inspirera particulièrement Quentin Tarantino pour ses deux Kill Bill).

La première partie du film, située dans l'enceinte de la prison, est un condensé classique des drames quotidiens vécus par des prisonniers. Les gardiens s'y montrent comme souvent aussi sadiques que violents, et les détenues entre elles ne démontrent que sauvagerie et cruauté, à l'instar de la scène de l'énucléation, originale et jubilatoire, et celle dans le hangar.
Les traditions nippones vont de pair avec nos tortionnaires (le shibari y est assez présent, tandis que la figure lacérée d'une des prisonnières fait penser aux masques monstrueux de certaines pièces de théâtre classique japonaises), prouvant que La Femme Scorpion se veut respecteuse de certains codes, malgré un net démarquage dans sa mise en scène brute, ainsi que dans sa seconde partie.

Celle-ci évoque la vengeance de Nami, après son évasion. Dans l'esprit des Rape and Revenge, le film lorgne également vers l'autodéfense : les expéditions punitives de Nami, vêtue dans un superbe ensemble noir de circonstance, rappelant le justicier Charles Bronson dans la cultissime saga des Death Wish.

Le cinéaste Shunya Ito, auteur des trois premiers volets, en profite pour dénoncer l'aspect aléatoire de notre système, la frontière semblant bien étroite entre les représentants de la Loi et ceux qui l'ont enfreint.
Pour Ito, l'Humanité semble se réduire à une forme de lutte perpétuelle pour sa propre survie dans une jungle urbaine désensibilisée. La scène de l'ensevelissement en est l'exemple le plus pertinent.

On peut aussi voir dans ce métrage un certain hommage au western, tant dans certains jeux de couleurs (le ciel rouge aride durant la mort de Yuki), que dans le duel final. Une fois sa vengeance froidement exécutée, Sasori retrouvera son antre carcérale, seul lieu capable de recueillir désormais cet être sans foi ni loi, détruit par la société.

Série B efficace amorçant un virage dans la production cinématographique japonaise, tendant à s'exporter, La Femme Scorpion brosse avant tout un captivant portrait de femme blessée, illuminé par le charme animal de Meiko Kaji.

Portrait de GORE MANIAC

A propos de l'auteur : GORE MANIAC

J'essaie de partager ma passion pour un cinéma méconnu, mais qui mérite incontestablement qu'on s'y arrête !

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