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La Féline - Critique

Irena rejoint son frère, Paul, à la Nouvelle-Orléans. Pendant ce temps, la ville est en émoi suite à d'horribles meurtres commis par un animal. Complémentaire et respectueuse du film de 1942, cette érotisation du mythe de la femme féline mérite incontestablement qu'on s'y arrête.

Publié le 31 Octobre 2012 par GORE MANIAC
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8

**Attention, cette critique contient quelques spoilers.**

Irena, jeune femme réservée, rejoint son frère, Paul, à la Nouvelle-Orléans. Pendant ce temps, la ville est en émoi suite à d'horribles meurtres commis par un animal sauvage.

Quarante ans après le film culte de Jacques Tourneur, Paul Shrader est à la tête de ce remake qui n'avait pas la tâche aisée. En effet, entre le respect du travail originel, et l'apport de sa vision personnelle, l'exercice du remake n'est jamais évident pour un réalisateur, surtout lorsque le film original fait partie des références du genre.

Irena (Nastassja Kinski), quitte l'Europe pour retrouver son frère, Paul (Malcolm McDowell), seul membre survivant de sa famille. Ce dernier, très mystérieux, disparaît le soir même de l'arrivée de la jeune femme. Visitant le zoo de la ville, Irena est attirée irrésistiblement par une panthère noire qui vient d'être capturée.
Elle tombe sous le charme du directeur des lieux, Oliver Yates (John Heard), qui lui propose un emploi et la prend sous son aile. Heureuse, Irena ressent toutefois un trouble angoissant lorsque Oliver tente de passer à l'acte.

Suite à l'évolution des moeurs, c'est l'acte sexuel, et non plus le simple baiser, qui transforme la jeune femme en féline. Une fois l'acte consommé, seul le meurtre peut la ramener à son état d'humaine.
De la vague malédiction locale évoquée dans le film de 1942, Shrader décrypte dès le début du métrage cette légende, suite à laquelle ces pauvres créatures doivent vivre dans l'inceste pour ne pas se transformer, d'où une relation trouble entre Paul et Irena.
Thème souvent exploité avec talent par le réalisateur de Hardcore, le sexe est donc la clé de voûte de cette version, l'érotisme faisant donc ici jeu égal avec le fantastique. Dans la moiteur du bayou (lieu idéal pour ces jeux malsains), Nastassja Kinski y dévoile une sensualité bestiale hallucinante, face à un McDowell lubrique à souhait. Le reste du casting étant à la hauteur, on se laisse rapidement happer par ce métrage parfaitement maîtrisé.

Le fantastique n'est pas délaissé pour autant. Bénéficiant d'effets spéciaux de qualité, le film n'est pas avare en transformations spectaculaires (cf la scène où Irena se transforme pour la première fois et la mort de Paul), la Féline se rapprochant alors de son voisin lycanthrope. Shrader n'oublie pas non plus le film de 1942 au détour de quelques scènes, dont celle de la rencontre avec l'inconnue du bar et surtout celle, incontournable, de la piscine.
La musique au synthétiseur de l'illustre Giorgio Moroder (Midnight Express, Scarface) s'accorde plutôt bien aux états d'âme de personnages solitaires tentant tant bien que mal de trouver un remède à ce mal incurable (même Paul s'avère touchant avec la victime du cimetière).

Seul l'épilogue diffère assez nettement du film initial. En effet, pour éviter de tuer, Irena doit mourir. Drame amoureux tournant autour de quatre personnages (Oliver fréquentait aussi une collègue avant sa rencontre avec Irena), ce final n'offre pourtant guère d'échappatoire. L'animalité de notre moi profond est ici emprisonné, au sens propre comme au figuré. Libérée de sa condition humaine, Irena n'en est pas libre pour autant, car enfermée en cage par son ancien amant, obligé de faire bonne figure et d'obéir aux règles de la bienséance (il sort finalement avec sa collègue, dont il ne semble guère amoureux).
Cet épilogue est finalement assez sombre, aucun personnage n'étant parvenu à trouver un remède à son mal au terme de cette aventure, comprenant encore mieux son isolement.

Complémentaire et respectueuse du film de 1942, cette érotisation du mythe de la femme féline mérite incontestablement qu'on s'y arrête. Très bien interprété et réalisé, ce métrage est la preuve qu'un remake n'est pas toujours nécessairement moins fort que son prédécesseur, à condition que le cinéaste apporte quelques nouveaux points de réflexion à nous mettre sous la dent.

Portrait de GORE MANIAC

A propos de l'auteur : GORE MANIAC

J'essaie de partager ma passion pour un cinéma méconnu, mais qui mérite incontestablement qu'on s'y arrête !

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