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Le sang des templiers 2 - La rivière de sang - Critique

Un DTV bâclé qui édulcore violence, ambitions et faits historiques pour se contenter d’une intrigue similaire à son aîné. Le manque de moyens n’excuse pas tout, mais demeure le révélateur d’un scénario sans la moindre inventivité. Une suite clairement dispensable.

Publié le 29 Novembre 2014 par Dante_1984
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En 2011, Jonathan English signait Le sang des templiers, film historique âpre et violent qui méritait le détour si tant est que l’on apprécie le Moyen-Age. Trois années s’écoulent avant qu’une suite ne voie le jour et sorte directement en DVD. L’initiative est bien loin de surprendre, car bon nombre de productions ayant rencontré un certain succès (critique et commercial) sont déclinées avec une intrigue similaire à la première avec la refonte totale de l’équipe (Mise à prix 2, 8 mm 2…) et un budget nettement diminué. L’on peut donc craindre une réitération médiocre d’une histoire qui ne nécessitait pas forcément une redite.

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, Jonathan English reste à la barre du projet. En soi, cela peut être un gage de qualité. Il est vrai que l’on constate une réalisation toujours aussi léchée avec une valorisation des paysages et une reconstitution de l’époque qui, bien que peu étonnante, demeure appliquée et pragmatique. Les décors et les costumes répondent à l’appel, mais l’on regrettera la disparition des armes de masse telles que la tour de siège ou les catapultes. Faute de finance suffisante, on revoit les ambitions à la baisse. Malheureusement, les coupes drastiques ne s’arrêteront pas en si bon chemin.

Autre effet indésirable de ce véritable problème : les combats. Si la mise en scène reste similaire à ce qui a été fait auparavant, on déplore des batailles pour le moins confuses. Au lieu d’exposer une brutalité froide et réaliste avec des démembrements, de la torture et des giclées de sang, on laisse place à des hors champ ou des ellipses maladroites pour passer à la séquence suivante. À cela, s’ajoute une caméra frénétique qui rend l’action brouillonne, voire illisible. Encore une fois, l’on voit que ce deuxième volet n’a pu bénéficier d’autant de confort que son aîné. Pour ceux qui en douteraient, une scène de décapitation fait le pari de ne rien cacher, pas même les lamentables images de synthèse qui la caractérisent.

Quant à l’histoire, on aurait tendance à dire que l’on reprend les mêmes et on recommence. On a beau se situer cinq ans après l’assaut du château de Rochester, les tenants et aboutissants de l’intrigue restent identiques en tout point. À savoir, un groupe de mercenaires engagés au pied levé pour défendre un château-fort qui ressemble comme deux gouttes aux précédents. Aucun effort n’est amorcé pour surprendre, du moins renouveler une recette qui devient rapidement redondante, voire pénible à certains moments. L’engouement que générait Le sang des templiers disparaît au profit d’un sentiment de déjà-vu qui ne s’écartera jamais de son chemin de croix tracé à l’avance.

On pourrait même parler de huis clos étant donné que l’intrigue se passe exclusivement à l’intérieur des murs. Plus grave que des rebondissements inexistants, le réalisateur choisit d’oublier sa volonté première de ne pas glorifier les guerres du Moyen-Age pour se contenter d’un héroïsme désintéressé et facile tant au niveau de l’écriture que de l’exposition des événements. Certes, l’on retrouve ses marques et la reconstitution reste honorable, mais les premières impressions que nous laissaient entrevoir des panoramas somptueux s’effacent devant des intentions calibrées de manière optimale pour rentabiliser le produit sans trop se fatiguer.

Les interprètes ne pourront même pas rattraper le coche. Hormis le fait que la plupart sont des illustres inconnus ayant eu droit pour les meilleurs à des rôles secondaires dans des séries et téléfilms, leurs personnages n’aident pas à les rendre sympathiques. On reprend un panel d’individus sensiblement identiques à ceux du premier opus. On ajoute une dose d’antagonistes beaucoup moins charismatiques aux intentions non moins déplorables et l’on obtient un lot d’acteurs tantôt dans le ton, tantôt en total décalage. En tous les cas, on ne parvient pas à apprécier ou même détester le casting. Il laisse juste indifférent.

Au final, La rivière de sang est une suite en deçà de tout ce qu’a amorcé le premier volet. Faute de budget, le réalisateur revoit ses ambitions à la baisse à tous les niveaux. Une confusion permanente lors des batailles, une violence édulcorée au profit d’un héroïsme hors de propos, une intrigue identique à son prédécesseur… On a l’impression d’assister à une répétition générale pour donner lieu au film sorti en 2011. C’est un comble de régresser de la sorte, même si les moyens ne suivent pas. Ajoutez à cela, qu’il n’y a plus aucun appui historique, ainsi qu’une absence totale de l’ordre du Temple (pas l’ombre d’une croix pattée à l’horizon) et l’on obtient un film bancal et fauché.

 

Portrait de Dante_1984

A propos de l'auteur : Dante_1984

J'ai découvert le site en 2008 et j'ai été immédiatement séduit par l'opportunité de participer à la vie d'un site qui a pour objectif de faire vivre le cinéma de genre. J'ai commencé par ajouter des fiches. Puis, j'ai souhaité faire partager mes dernières découvertes en laissant des avis sur les films que je voyais.

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