Nurse
Attention, cette critique contient des spoilers.
Une jeune infirmière, épaulée par une supérieure dévouée et attentive, comprend rapidement que celle-ci cache en réalité un lourd secret.
Depuis plusieurs décennies, l'hôpital sert de repaire à bon nombre de praticiens dégénérés ayant offert quelques sueurs froides aux amateurs de sensations fortes. La 3D pouvant permettre de prolonger le plaisir en s'appuyant sur de nouvelles technologies numériques, Nurse s'apparente donc comme le possible chef de file de la nouvelle génération. A tort ou à raison ?
Le prologue nous dévoile les caractéristiques ainsi que les atouts charmes de notre tueuse. Le visuel, léché, diverge radicalement de dialogues racoleurs et bas de gamme. La découverte du lieu de travail d'Abigail Russell oriente davantage le film vers l'érotisme, voire le X, tant par son angle voyeuriste primaire que par une vision caricaturale des métiers hospitaliers (docteurs aux moeurs légères et infirmières victimes de leur sensualité provocante). Ainsi, l'horreur est laissée de côté, le scénario privilégiant la relation se nouant entre Abigail et Danni, sa jeune collègue qu'elle prend sous son aile.
Force est de constater que le climat mis en place par Douglas Aarniokoski (The Day, Highlander Endgame) fonctionne plutôt bien, surtout pour un public masculin. En effet, entre une scène dans les vestiaires et celle de la boite de nuit, le spectateur aura de quoi admirer les plastiques parfaites de Paz de la Huerta et de Katrina Bowden, tandis que le piège semble se resserrer autour de Danni. Toutefois, la jeune femme enquête sur sa supérieure, et mettra à jour le passé trouble d'Abigail, lié à l'adultère de son père, dont elle été témoin à l'âge de huit ans.
Abonné aux séries B, Aarniokoski sait y faire pour apporter rythme et suspense à son métrage. Concernant la psychologie de ses personnages, il ne fait qu'effleurer la double personnalité de son bourreau. On le regrette pour Paz de la Huerta, énigmatique à souhait, à l'aise dans son côté sombre, mais qui n'a pas eu le loisir d'exploiter la fragilité d'un personnage borderline plutôt riche. Idem pour Katrina Bowden, qui parfois ne joue que les utilités, alors que l'objet de la convoitise d'Abby est rusé et n'a rien de l'habituelle scream Queen (à l'instar de sa prestation remarquée dans Tucker et Dale fightent le Mal).
ci le beau rôle au sexe faible (une forme de négation d'un prologue assurément machiste). Le temps d'une courte séquence (l'impression de recevoir un scalpel en plein visage), le scénario tente de valider l'intérêt de l'usage des lunettes 3D. Néanmoins, comme pour beaucoup d'autres métrages, la version 3D est ici aussi dispensable que contestable (l'éditeur du DVD propose d'ailleurs un choix initial, salutaire, entre 2D et 3D). En offrant une porte de sortie à son héroïne (dont les meurtres sauvages partent en fait d'une intention fort louable), le réalisateur évite l'ennuyeux happy end, tout en laissant ouverte une possible suite.
Comme pour Sick Nurses, Nurse se sert de l'imagerie de fantasme masculin véhiculé par le métier d'infirmière pour hisser celle-ci au rang d'émasculatrice de l'homme infidèle. Fort d'une interprétation de qualité, d'un bon rythme et de quelques meurtres savamment orchestrés (ceux du psychiatre et du médecin, notamment), Nurse s'avère être une excellente série B, sexy et assez originale. De la part du modeste Aarniokoski, il s'agit d'une agréable surprise !
Un film de Douglas Aarniokoski
Avec : Paz de la Huerta, Katrina Bowden, Corbin Bleu, Kathleen Turner