Voir la fiche complète du film : The Mother (Lars Jacobson, Amardeep Kaleka - 2008)

The Mother - Critique

Un soir, une mère de famille apparaît très fatiguée et en proie à une violente crise de nerfs. The Mother peut se targuer de ne pas laisser indifférent, à condition de ne pas trop en attendre de la part d'un scénario assez mince.

Publié le 4 Octobre 2010 par GORE MANIAC
Voir la fiche de The Mother
8

**Attention, cette chronique contient quelques spoilers.**

Une mère de famille, qui vient d'accoucher de son quatrième enfant, se retrouve régulièrement seule avec ses petits lorsque son mari, routier, part travailler. Un soir, elle apparaît très fatiguée et en proie à une violente crise de nerfs.

S'inspirant vaguement d'un fait divers survenu au Texas, The Mother évoque un trouble propre à quelques femmes ayant récemment accouché : le baby blues (titre original du film, une fois de plus modifié lors de sa distribution en France pour d'obscures raisons). Ce syndrome provoque chez sa patiente une forme de légère dépression post-natale, pouvant donc parfois mal tourner.

Ce film débute comme un drame psychologique. On y découvre les premiers égarements visuels de la mère de famille, qui croit voir les blessures originelles du Christ à travers des taches de confiture sur un tee-shirt.

Thème porteur dans le cinéma indépendant américain ces dernières années (Inside, Fragments), la foi religieuse est une nouvelle fois prise à partie.
Ici, c'est encore la foi qui poussera petit à petit la mère dans une spirale la menant d'une dévotion désuete (son obsession pour un baptême rapide de son dernier enfant) vers une implacable folier meurtrière (dont le but initial semble être juste de punir les bêtises de ses petits, souvent sales).

Alors que l'on pensait assister à une montée en douceur de la tension, les deux cinéastes de The Mother nous surprennent en plongeant sans prévenir dans un gouffre sans fond. D'une assiette brisée à un bébé étranglé, il n'y a en effet qu'un pas que l'héroïne de ce métrage franchit allégrement, en l'espace d'un instant.
La faible durée du film (75 minutes) est en effet propice à ce genre d'accélération narrative.

Délaissant l'analyse psychologique détaillée, le tandem préfère nous immerger dans un huis clos punitif dénué de temps mort, dans lequel la demeure familiale, en principe lieu de réconfort et de sérénité, se transforme en théâtre d'une tuerie aussi sanglante qu'expéditive.

Le film se résumera rapidement à un duel entre le fils aîné, Jimmy (Ridge Canipe), et sa mère. Cette dernière, interprétée par Colleen Porch, est tout fait convaincante dans un rôle aussi tortueux qu'ambigu. L'étrange partie de cache-cache final mêlera avec justesse terreur pure, haine, tristesse et incompréhension, dans une atmosphère qui évoque quelque peu l'épilogue de Shining.

A un degré moindre que ses illustres consoeurs : Bette Davis (très inquiétante dans The Nanny) et Kathy Bates (phénoménale dans Misery), Colleen Porch réussit toutefois une composition haletante. Son personnage, qui conserve une part d'humanité, impressionne par son ambivalence. Ainsi, son fils hésitera longuement entre la défense et l'attaque, comme par exemple dans la scène du poulailler.
Le jeune comédien Ridge Canipe offre une jolie réplique à celle qui veut lui reprendre la vie qu'elle lui a donné. Il est touchant par son courage, son abnégation et son ingéniosité, finissant par rendre coup pour coup dans un quart d'heure final rondement mené.

Dès lors, il aurait été jubilatoire de pousser un peu plus loin l'examen du comportement de ces deux êtres liés par un sentiment malsain, entre amour maternel et haine féroce, plutôt que de privilégier sans demi-mesure une succession de meurtres sordides, certes spectaculaires et malsains, mais démontrant aussi la difficulté de ce métrage à sortir du cadre de la série B d'épouvante, la faute probablement à un manque d'expérience de la part des deux cinéastes.
L'épilogue réservera encore un surprenant retournement de situation, finalement logique au regard de l'identité du bourreau, et propice à une possible suite en cas de succès.

Série B bien rythmée et inventive, The Mother peut se targuer de ne pas laisser indifférent, à condition de ne pas trop en attendre de la part d'un scénario assez mince.

Portrait de GORE MANIAC

A propos de l'auteur : GORE MANIAC

J'essaie de partager ma passion pour un cinéma méconnu, mais qui mérite incontestablement qu'on s'y arrête !

Autres critiques

Stake Land

Stake Land

A l'époque de ma critique de Mulberry Street , j'avais déjà loué la capacité du réalisateur Jim Mickle à tirer le maximum des maigres moyens mis à sa disposition et force est de constater qu'avec Stake Land , il a encore augmenté son niveau d'un cran, en gommant les imperfections de son précédent essai. Ce faisant, il réalise le sans-faute, propulsant son road-movie vampirique au rang de film à...
Livide

Livide

La France est un pays frileux en matière de cinéma fantastique et horrifique, laissant partir ses meilleurs éléments outre atlantique, pays où les entraves du politiquement correct sont moins présentes. C'est le cas pour Alexandre Aja ou encore Pascal Laugier . Les seuls irréductibles gaulois restant dans leur pays pour faire leur film d'horreur sont Alexandre Bustillo et Julien Maury ...
Godspeed

Godspeed

Godspeed est un film indépendant réalisé par Robert Saitzyk mais sa création revient avant tout aux deux acteurs principaux, Cory Knauf et Joseph McKelheer . Lorsqu'ils s'étaient rencontrés sur le tournage de The Hamiltons en 2006, les deux hommes avaient sympathisé et retravaillé ensemble un scénario amené par Cory. Pour ce faire, ils se seraient basés sur les émissions religieuses télévisées...
Tentacules

Tentacules

Ocean Beach est la station balnéaire typique des films américains, c’est-à-dire tranquille et familiale. Mais tout bascule lorsqu’un bébé et un marin disparaissent. Quelques heures plus tard, leurs corps sont retrouvés atrocement mutilés. L’enquête mettra à jour l’existence d’une créature gigantesque et monstrueuse, cachée au fond de l’océan… Il fait...
Sky Sharks

Sky Sharks

Il est des projets cinématographiques qui nécessitent de nombreuses années de gestation. De changements d’équipe en refonte de scénarios, certaines productions manquent cruellement de moyens. C’est notamment le cas de Sky Sharks qui a fait l’objet d’une campagne de financement participatif sur la plateforme Kickstarter. Après de multiples reports, le premier film de Marc...
The Mother
Durée:
75 min
8.05556
Moyenne : 8.1 (18 votes)

'Baby Blues' Trailer (2008)

Devinez le film par sa tagline :

Soldier. Lantern. Hero.
Score actuel : 0
1 pt par bonne réponse, sinon -1 !