Voir la fiche complète du film : One Body Too Many (Frank McDonald - 1944)
[[

One Body Too Many

Entre la comédie, le récit policier et l’épouvante, One Body Too Many est une série B assez distrayante qui aime à détourner sciemment les codes du huis clos. L’incongruité des propos tient alors à l’incompétence du protagoniste rattrapée par d’heureux hasards. Sans grande prétention, le film de Frank McDonald remplit son office, et ce, en dépit d’une trame prévisible et d’une énigme criminelle pas suffisamment exploitée au regard des enjeux évoqués. En revanche, l’ambiance parvient à alterner avec une certaine aisance entre une tonalité légère et une atmosphère plus sombre, propre au cinéma gothique.
Publié le 24 Février 2021 par Dante_1984Voir la fiche de One Body Too Many
6

Quelque peu délaissé en Europe au regard du contexte historique, le cinéma outre-Atlantique de la période 1939 – 1945 a pourtant été prolifique, même si nombre de productions sont demeurées inédites en France. One Body Too Many fait partie de ces séries B passées inaperçues et, depuis, tombées en désuétude. À l’époque, le film de Frank McDonald exploite un genre hybride très codifié où comédie, épouvante et intrigue policière s’entrecroisent dans un huis clos qui présage déjà du « Whodunit ». D’ailleurs, le pitch initial, ainsi que l’atmosphère générale, n’est pas sans rappeler des titres tels que The Bat, La Volonté du mort ou encore La Maison de la mort.

 

Sacré cas de conscience pour un agent d'assurances !

En l’occurrence, le prétexte tient à réunir les membres d’une famille à la suite du décès d’un riche parent. Dès lors, on dépeint des portraits veules et intéressés uniquement motivés par l’appât du gain, du moins pour la majorité des personnages présentés. Bien que les protagonistes soient bien campés, la caractérisation reste assez sommaire. Les points de vue n’évoluent guère, tandis que l’alternance entre chaque intervenant peine à trouver un véritable équilibre. Certes, l’histoire fait la part belle au duo d’affiches (le trublion Jack Haley et la séduisante Jean Parker). Toutefois, l’on aurait aimé davantage de nuances pour susciter le doute et ainsi privilégier un suspect plutôt qu’un autre.

Ce constat est particulièrement explicite quand on évoque Bela Lugosi. L’acteur est nettement placé en retrait et augure de sa fin de carrière poussive, miné par les navets et les échecs. De même, sa gestuelle et son jeu théâtral sont totalement absents alors que l’ambiance s’y prêtait. En effet, l’aspect propre à l’horreur ou à l’épouvante ne reste que d’ordre conceptuel. Les crimes ne sont jamais mis en scène, tout comme la violence qui s’y rapporte. Hormis la soudaineté des assassinats et de la découverte des cadavres, celle-ci est rapidement tournée en dérision face à l’absurdité des situations. Dans ce cadre, cette dernière appréciation n’est pourtant en rien péjorative.

 

Whodunit ?

Tout l’intérêt du film est de multiplier les quiproquos et les séquences cocasses où l’agent d’assurances s’improvise enquêteur de pacotilles. Ses carences en matière d’investigations sont d’ailleurs comblées par des évènements fortuits qui le font passer, tour à tour, pour un héros, un pleutre ou même le coupable ! Bien que les gags ne soient guère d’une grande subtilité, l’ensemble prête à sourire. On aurait toutefois apprécié que les conditions saugrenues du testament soient davantage exploitées, y compris dans les aboutissants. Le fait d’inverser la part allouée aux différents héritiers reste tout de même le mobile des crimes et la cause de la disparition du cadavre de l’intéressé.

Si l’on évoquait le retrait volontaire de la partie horrifique, on distingue cependant une codification propre au cinéma gothique. Cela tient évidemment au cadre avec ce manoir à l’architecture tentaculaire. De traquenards en passages secrets, l’imposante (et écrasante) demeure offre un terrain de jeu appréciable pour dissimuler un corps ou trouver une échappatoire, si tant est que l’on soit familier des lieux… De ce côté, le contraste entre l’action restreinte du huis clos et cette perte de repères se révèle plutôt efficace pour varier les situations et faire s’alterner les sensations chez le spectateur. L’isolement et la tempête viennent parfaire cette atmosphère pour mieux prendre au piège les protagonistes.

 

Un couple assorti qui sort de l'ombre...

Au final, One Body Too Many reste un sympathique film dont les intentions demeurent louables. On apprécie l’exploitation inspirée du cadre, ainsi que le ton saugrenu des séquences, même si le trait est parfois un peu trop forcé. À dessein, cela dit. L’épouvante tient surtout aux méandres labyrinthiques du manoir et à son action nocturne. Quant à la partie « policier/thriller », il privilégie l’approche du « whodunit » à une véritable enquête, sans toutefois approfondir cet aspect. De même, l’intrigue et la progression se révèlent très conventionnelles, tout comme les personnages. Il en ressort un divertissement honorable, parfois amusant, mais guère mémorable.

A propos de l'auteur : Dante_1984
Portrait de Dante_1984

J'ai découvert le site en 2008 et j'ai été immédiatement séduit par l'opportunité de participer à la vie d'un site qui a pour objectif de faire vivre le cinéma de genre. J'ai commencé par ajouter des fiches. Puis, j'ai souhaité faire partager mes dernières découvertes en laissant des avis sur les films que je voyais.

Autres critiques

Waterworld
Dans un futur lointain, la Terre est recouverte d'eau de part et d'autre du globe. Chacun tente de survivre à sa manière tandis qu'un groupe de rebelles poursuit une jeune fille dont le tatouage indiquerait une île, véritable Eldorado. En 1995, doté d'un budget monumental, Waterworld se présente comme le Blockbuster de la décennie. Figure du moment à Hollywood, Kevin Costner était...
Frankenstein's Army
Le monde du Found Footage est décidément bien vaste. Je ne vous apprendrai rien en écrivant que ce sous-genre du cinéma d'horreur possède de nombreux détracteurs à cause de ses qualités visuelles souvent discutables, mais force est de reconnaître qu'il propose aussi un cadre cinématographique propice à de nombreux délires et qu'il sait s'adapter à toutes les sauces, que ce soit la SF ( Apollo 18...
Saw 3D : Chapitre Final
Nous y voilà enfin! Après sept années et autant d'épisodes marqués par la torture, voici le dernier (?) opus de la saga Saw , initiée en 2004 par le film de James Wan . Sept ans de pièges machiavéliques et d'intrigues tordues de plus en plus nébuleuses qui ont engendrés les moqueries et les quolibets. Il était donc largement temps de mettre un point final à tout cela et les producteurs,...
La Tour du Diable
Une équipe d'historiens entreprend une expédition sur une île réputée maudite, suite à la découverte d'une épée antique qui pourrait cacher le tombeau d'une civilisation oubliée de tous. Mais l'île de Snape Island vient d'être le théâtre d'un terrible massacre. Le début des années 70 marque un tournant important dans le cinéma d'épouvante, avec l'apparition du gore aux Etats-Unis et du...
I Spit on Your Grave
Avant de commencer cette critique, je me dois de vous dire que je n'ai pas vu l'original, Day of the woman , et que mon jugement ne va donc porter que sur cette adaptation, ce remake. Alors oui, il s'agit d'un remake, mais celui-ci est porteur d'un sujet presque tabou. En effet, il s'agit d'un Rape and Revenge, c'est-à-dire d'un viol, souvent collectif, suivi d...
One Body Too Many
Réalisateur:
Durée:
75 min
6
Moyenne : 6 (1 vote)

Thématiques