Raiders of the Lost Shark
Plus que n’importe quelle autre décennie, les années2010 auront été le prétexte à un florilège de navets et autres nanars en puissance dans le domaine de la sharksploitation. Des étrons cinématographiques tout droit sortis d’un imaginaire aussi limité que dérangé, le survival animalier s’est vu infliger de terribles exactions. En marge des frasques de SyFy et Asylum, de misérables petites séries Z ont vu le jour. De sinistre mémoire, il est une piètre tentative, indigne d’être qualifiée de métrage. Une chose informe sur le plan scénaristique et fauché sur l’aspect budgétaire (et de l’originalité): l’effroyable Jurassic Shark qui tient le haut du panier en matière d’immondices sur bobines.
Il y a de quoi être gênée...
Pour notre plus grand malheur, Brett Kelly récidive pour pondre une vraie fausse suite de sa bévue monumentale. L’initiative semble improbable et le résultat tout aussi déplorable que son prédécesseur. D’ailleurs, le titre relève du non-sens ultime. Il n’est pas ici question d’amalgamer le film d’aventures façon Indiana Jones avec Les Dents de la mer. D’une part, on ne voit pas comment pareil croisement pourrait accoucher d’une intrigue potable. D’autre part, l’affiche est mensongère avec, chose rare pour le souligner, aucun élément présent dans le film lui-même. Jet ski, avion et hélicoptères pointent aux abonnés absents. Même le bâton de dynamite ne figure pas au casting!
Et le requin? Il paraît difficile, voire insultant, de comparer un squale à cet amas de pixels mal dégrossis. En nous ressassant la sempiternelle survivance du mégalodon, cette bouillie ignoble ne respecte aucune échelle de grandeur. Pour peu, on pourrait presque penser à un requin-tigre de par sa taille. Mais ce n’est rien en comparaison de sa raideur ou de sa présence furtive. Certaines attaques ne dépassent pas la seconde. Dans ces conditions, pourquoi s’embarrasser d’une incrustation potable ou d’une animation crédible? Quant à l’évolution d’un requin volant (non identifié), on se sert d’une image 2D qui vaque de droite à gauche ou en diagonale le long de l’écran.
Quand on voit ce qu'il y a sous l'eau
On peut évoquer dans les derniers moments, l’usage de jouets en plastique pour réaliser des gros plans sur la gueule, puis la mâchoire de la bête! Le grotesque consommé côtoie une indigence extrême. Et cela touche également le déroulement qui multiplie les séquences redondantes, les plans similaires et les échanges à la fois soporifiques et impavides. Tout se contredit alors que le scénario ne tient même pas sur un grain de sable. Non seulement les «moyens» et le casting sont déplorables à plus d’un titre, mais le pseudo-cinéaste responsable d’une telle débandade est incapable de raconter une histoire. Il est tout aussi incompétent à aligner deux lignes de dialogue à minima logiques.
Le seul mérite que l’on pourrait lui octroyer serait de ne pas faire les choses à moitié dans l’ineffable bêtise où il se complaît. Il n’hésite pas à s’autoplagier dans sa médiocrité en évoquant une vague continuité avec Jurassic Shark. L’île isolée, les idiots de service qui ne trouvent rien de mieux à faire que jouer les hors-d’œuvre, la structure totalement anarchique... On n’échappe même pas à l’interminable générique de début et celui censé conclure cette gageure sans nom. Comptez près de quinze minutes sur les 70 minutes totales. On se rapproche donc d’un moyen métrage où ces intermèdes à rallonge font office de répit et de délivrance au vu des exactions commises.
Et dans les airs !
Au final, Raiders of the Lost Shark est une escroquerie scandaleuse qui ferait passer les productions Asylum pour de bons films. Un tel niveau de nullité abyssale laisse perplexe ou pantois, selon le point de vue adopté. Comment est-il possible de pouvoir sortir une telle abjection sans avoir un minimum de recul et d’amour proprepour le septième art ? Absolument rien ne tient plus d’une poignée de secondes. Aucun budget, aucune idée, aucun talent... Les acteurs sont en roue libre et, au vu de leur mécompréhension totale du récit, on peut s’interroger sur leur capacité intellectuelle. Bref, encore plus nauséabond et minable que Jurassic Shark. Il fallait oser et le faire!
Un film de Brett Kelly
Avec : Candice Lidstone, Jessica Huether, Catherine Mary Clark, Dan Desmarais