Ruines, Les
C’est précédé d’une flatteuse réputation que nous est parvenu Les Ruines, ce qui n’est pas forcément un gage de qualité. Combien de films nous a-t'on vanté les mérites alors qu’à leur vision, le sentiment qui prédominait était l’ennui? Et pour Les Ruines, ça partait plutôt mal car, quand on examine le pitch de départ, rien d’extraordinaire ne nous met l’eau à la bouche.
La surprise est d'autant plus grande!
Du haut de cette pyramide, 40 morts vous contemplent...
Alors qu’il ne reste que deux jours à leurs vacances, quatre jeunes Américains se font convaincre par un vacancier Allemand de le suivre jusqu'à une ancienne pyramide Maya qui ne se trouve sur aucune carte. C’est ainsi que les cinq personnes, accompagnées par un Grec, se rendent dans la jungle. Mais à peine arrivés sur place, des villageois débarquent et les menacent avec des armes. Lorsqu’une des jeunes femmes touche malencontreusement la végétation entourant la pyramide, les villageois paniquent et abattent le Grec, obligeant les touristes à se réfugier en haut de la pyramide…
Du noir, du rouge, du vert...
A première vue, Les Ruines n’est rien d’autre qu’un survival comme on en a vu défiler des dizaines auparavant. Le premier quart d’heure est consacré à la présentation des quatre crétins qui seront nos héros. Première surprise à ce niveau-là, les personnages ne sont pas stéréotypés à l’extrême, même s'il ne faut pas s'attendre à de complexes personnalités. Leurs réactions resteront parfaitement crédibles du début à la fin et c’est l’un des points principaux qui font des Ruines une réussite. Il n’est pas question ici du syndrome bien connu « Je vais me planquer à l’étage alors que j’aurais mieux fait de me barrer par la fenêtre ». C’est réaliste de bout en bout.
Notons également que l’excellence des acteurs ne fait que renforcer des personnages sympathiques et crédibles. Aucune vedette à l’horizon, ce qui facilite la compassion et l’identification du spectateur. C’est à peine si l’on reconnaît Shawn Ashmore (X-men: The Last Stand), caché derrière une épaisse barbe et Jonathan Tucker qui avait en son temps interprété l’un des gamins de Sleepers. La ravissante Jena Malone (Donnie Darko) et Laura Ramsey (Le pacte du sang) complètent le quatuor.
Toi, t'es mal barré...
Le scénario ensuite, est excellent. Basé sur un livre de Scott B. Smith (l’auteur d’Un plan simple, adapté par Sam Raimi), il est nettement moins simpliste que l’on aurait pu le penser au premier abord. Celui-ci nous réserve son lot de surprises (la fausse sonnerie de GSM entre autres…) et sonne toujours juste. Rien n’arrive par hasard et tout est toujours justifié.
L’histoire prend également le spectateur à contre-pied à plusieurs reprises car elle est très difficile prévoir et ne tourne pas toujours comme on s'y attend. On imagine que l’on va voir un film gore, avec beaucoup d’action, mais c’est tout le contraire qui arrive. Rassurez-vous, du sang il y en a, des litres même, mais les scènes de ce type sont assez espacées ce qui fait que leur impact est très fort. On pense notamment à la scène de l’amputation qui est destinée à entrer dans les annales et n’est pas sans rappeler la scène-choc de Misery mais en plus fort et plus long.
L’ensemble, bien qu’ancré dans l’horreur, distille plus un climat de thriller psychologique où la paranoïa est reine. L’ambiance est pesante et angoissante malgré le fait que toute l’action se passe dans un seul endroit. C’est une sorte de huis-clos en plein air.
Rien ne leur sera épargné!
Soulignons également l’excellence de la réalisation de Carter Smith qui fait bien plus que nous présenter une suite de scènes. Il parvient vraiment à impliquer le spectateur dans son film sans aucun artifice superflu. C’est direct, c’est brutal, c’est réaliste. Tout simplement excellent. Les FX sont en outre très bons, surtout les maquillages.
Le seul petit point noir que l’on pourrait trouver se situe malgré tout au niveau du scénario. Aussi bon qu’il soit, il est peut-être affaibli par l'une ou l’autre ellipse hasardeuse ainsi que par une fin un poil en-deçà du reste. Mais à part ça n’hésitez pas, ruez-vous sur ce DTV de luxe qui fout la honte à bien des productions pour grand écran.
Toi, t'es VRAIMENT mal barré...
Un film de Carter Smith
Avec : Jonathan Tucker, Laura Ramsey, Jena Malone, Shawn Ashmore