Sphère
Le psychologue Norman Goodman (Dustin Hoffman) est conduit en hélicoptère au beau milieu de l’océan pacifique pour ce qu’il croit être un accident d’avion. Lorsqu’il arrive sur place, il constate qu’il n’y a non seulement aucune trace d’un accident d’avion quelconque mais que plusieurs navires de guerre sont présents sur le même site. Il est rapidement conduit auprès d’Harold C. Barnes (Peter Coyote), un militaire qui va le mettre au parfum : un vaisseau extra-terrestre vieux de 300 ans se trouve au fond de l’océan et il a constitué une équipe de scientifique d’après un rapport rédigé par Norman en cas de rencontre avec une forme de vie extra-terrestre : le mathématicien Harry Adams (Samuel L. Jackson), l’astro-physicien Ted Fielding (Liev Schreiber) et le Dr Elisabeth Halperin (Sharon Stone) spécialisée en biologie. Une équipe qui va descendre aux fonds des mers, pénétrer dans le vaisseau et découvrir une gigantesque sphère d’origine inconnue aux pouvoirs étranges…
Sphère est à l’origine un roman – pas mauvais du tout – de l’écrivain et auteur à succès Michael Crichton (Jurassic Park, La Variété Andromède, Le 13ième guerrier…). Le seul petit problème c’est que malgré le talent indéniable de Crichton et ses nombreuses références scientifiques, Sphère est un condensé de tout un tas de choses que l’on déjà lu et vu de trop nombreuses fois. Que l’on ne s’y trompe pas : le bouquin est plaisant et très agréable à lire. Mais pour le film, c’est une autre histoire…
Niveau scénario, pas de surprises particulières, le film s’attache à respecter le roman jusqu’à en reprendre les titres des chapitres (La Surface, Le Fond, Le Monstre, etc.). On retrouve les mêmes personnages, les mêmes noms et quelques petits ajustements (la relation entre Beth et Norman). Film oblige, tout est assez condensé et l’on a un peu (voire beaucoup) de mal à s’attacher à des personnages qui nous ont été trop sommairement (voire pas du tout ou trop tard) présentés. Mais Sphère cumule d’autres tares tout aussi préjudiciables.
Parlons du casting qui semble fichtrement vendeur sur l’affiche : le vétéran Dustin Hoffman, le solide Samuel L. Jackson et la versatile Sharon Stone. Sans parler de ce bon vieux Peter Coyote, de Liev Schreiber (les Scream) ou de l’improbable (et inutile) Queen Latifah. De bons acteurs au demeurant mais qui ne semblent pas avoir été dirigé dans aucun des scènes du film, chacun s’attachant à reprendre leurs tics ou jeu habituel sans effort particulier. Samuel Jackson nous refait son Peur Bleue (celui de Renny Harlin), Sharon Stone fronce les sourcils et joue les femmes mi-fortes/mi-fragiles… Quand à Dustin Hoffman, le pauvre bougre semble littéralement absent, se contentant de débiter son texte sans conviction, poussant un peu la gueulante lorsqu’on lui balance un peu trop d’eau dans les scènes « d’action » (on y reviendra) ou pleurant comme une madeleine dans son scaphandre tout seul au fond d’un bassin vide. Des acteurs « bankables » pour meubler un film au scénario convenu et à l’intrigue mollassonne ? On franchirait bien le pas…
Le réalisateur Barry Levinson n’est pas un tâcheron et rien que pour son fantastique Secret de la Pyramide (ok, on remonte à 1985) je ne peux lui jetter la pierre. Il a aussi fait Good Morning Vietnam, Rain Man, Toys, Harcèlement, Sleepers… et il n’a plus trop la côte en ce moment. Sur Sphère, Levinson fait son job honnêtement mais ne flattera pas votre rétine par sa mise en scène ou une photographie remarquable. En fait, ça sent la commande à plein nez et, à l’image des acteurs, Levinson place sa caméra où il peut, ne la fait pas trop bouger et n’a pas du faire plus d’une ou deux prises pour chaque scène et basta, emballer c’est peser.
On pourrait encore pinailler sur l’avance que le spectateur a constamment sur l’histoire et les protagonistes (même sans avoir lu le livre). Ou encore sur ces séquences d’action qui ne reposent que sur des explosions dans la station et des fuites d’eau que nos héros essaient de colmater comme s’ils avaient vécu toute leur vie dans une station à 300 m de profondeur (et qui débitent dans leurs dialogues tout le contraire sur leur inexpérience dans ce type d’environnement !). Ou encore sur l’avarice des producteurs ou du réalisateur quand il s’agit de nous montrer une créature (un calamar de 12 mètres de long ! chic ! ah mince, on ne verra qu’une grosse tâche sur un sonar cheapos).
Le film parvient à un climax archi-classique (tous les types capables de piloter la station ou les sous-marins sont morts, on a plus beaucoup d’air, comment allons nous remonter à la surface ?) et nous balance des longueurs sur la fin vraiment honteuses. La fin, parlons-en, était déjà décevante dans le bouquin (avis personnel bien sûr) mais dans le film, elle l'est bien plus encore avec des plans approximatifs de la Sphère et des images montés un peu n’importe comment des acteurs. Une fin expédiée assez décevante.
Sphère n’est pas si déplaisant à suivre mais on se demande quand même vraiment dans quoi sont passés les 75 millions de dollars de budget. Sans doute dans les cachets des trois têtes d’affiches et quand on voit le résultat…
En bref, Sphère est un beau pétard mouillé qui vaut le coup d’être vu si vous avez lu le roman et que vous êtes curieux de voir sa transposition au cinéma. Vous pouvez aussi être comme l’auteur de ces lignes simplement amateur de films avec station marine et monstres marins (type Leviathan, Mutant Aquatique en Liberté…) et assez indulgent pour lui pardonner certains écueils. Sinon, si vous n’êtes dans aucune de ces catégories, (re)voyez plutôt Abyss de James Cameron.
Un film de Barry Levinson
Avec : Dustin Hoffman, Sharon Stone, Samuel L. Jackson, Peter Coyote