Douce Nuit, Sanglante Nuit 2 - Critique
Malgré ses innombrables défauts, Douce Nuit, Sanglante Nuit 2 s’est taillé au fil des années une place dans le cœur des fans de mauvais films.
Trois ans après le mini-scandale et le modeste succès de Douce Nuit, Sanglante Nuit, le slasher de Noël aux velléités anti-religieuses, une poignée de producteurs indépendants flairant la bonne affaire décide de relancer la franchise... à moindres frais. Résultat : un film hybride et bancal, moitié recyclage, moitié improvisation, devenu culte par accident.
Disons-le d’emblée : Douce Nuit, Sanglante Nuit 2 est, à sa manière, un cas d’école en matière de « suite fainéante ». Près de la moitié du film est composée de scènes du premier opus, remontées sous prétexte d’un interrogatoire psychiatrique. Ce procédé, certes déjà utilisé dans d'autres sagas comme Vendredi 13, atteint toutefois ici des sommets qui confinent à l’arnaque pure et simple.

Le scénario justifie ce retour en arrière par les souvenirs de Ricky, le frère du tueur original Billy, interné dans un asile. Il y raconte son passé à un psychiatre venu l’interroger… son passé, et surtout celui de son frère, ce qui permet aux producteurs d’économiser salaires, décors et jours de tournage.

Ce n’est qu’au bout de 40 minutes que le « nouveau » film démarre véritablement, en suivant Ricky dans sa propre spirale meurtrière. Malheureusement, cette partie est tout aussi boiteuse. Le personnage semble calqué sur son aîné, sans justification thématique ou émotionnelle. Là où Billy symbolisait une critique des institutions religieuses et de la violence faite aux enfants, Ricky n’est que l’ombre grotesque d’un trauma mal digéré. Sa descente aux enfers est balisée par des séquences convenues, une mise en scène statique, des meurtres peu inventifs (hormis l’utilisation amusante d’un parapluie), et un goût prononcé pour les clichés éculés. Le film ne tente même pas d’actualiser les thématiques du premier opus : ici, plus de critique des institutions, plus de discours anticlérical ou anticonsumériste. La charge subversive du premier film a disparu, remplacée par un simple enchaînement de scènes sanglantes à l'intérêt inégal, tournées à la va-vite dans des décors de fortune.
Mais alors pourquoi ce film est-il devenu culte ? Pour Eric Freeman, évidemment.

L’interprète de Ricky, dans un tour de force involontaire, transcende l’amateurisme général du film par un surjeu délirant. Roulements d’yeux, haussements de sourcils au-delà du réel, ricanements hystériques : Freeman livre une performance tellement excessive qu’elle en devient aussi fascinante que géniale. Le moment où son personnage, armé d’un revolver, tire sur un voisin sortant ses poubelles tout en hurlant « Garbage Day! » (« ramassage des ordures » en FR) est devenu viral bien avant l’ère des mèmes. Ce surjeu délirant, encouragé par une réalisation absente et un tournage en roue libre, fait de Ricky une véritable « icône nanarde ».

Tourné pour moins de 100 000 dollars en dix jours, sans autorisations, avec des figurants du coin et des costumes achetés en grande surface, le film transpire le bricolage. Le réalisateur officiel Lee Harry n’a d’ailleurs dirigé qu’une partie du projet, laissant la main à Joseph H. Earle, également producteur, scénariste, preneur de son et monteur.
La narration semble improvisée d’une scène à l’autre et l’unique performance notable – autre que celle de Freeman, évidemment – reste celle d’Elizabeth Kaitan, qui tente de surnager en jouant juste dans cet océan de cabotinage.

Bref, tout sent le système D pour fournir un produit d’exploitation, sans passion, mais paradoxalement habité par une sincérité naïve qui le rend attachant. Tout ceci fait que, malgré ses innombrables défauts, Douce Nuit, Sanglante Nuit 2 s’est taillé au fil des années une place dans le cœur des fans de mauvais films. Sa maladresse, son recyclage honteux, son interprète principal en roue libre et ses dialogues absurdes ont conféré au film une aura kitsch et jubilatoire. Douce Nuit, Sanglante Nuit 2 n’est pas bon, mais il est amusant, et c’est tout ce qu’on lui demande aujourd’hui.

Rimini a eu la bonne idée de ressortir cette suite improbable dans un coffret couplant les deux premiers volets, permettant de juger Douce Nuit, Sanglante Nuit 2 dans son contexte, et surtout de lui redonner sa véritable fonction : celle d’un bonus déguisé en film. Mais avec la conscience de sa filiation, et l’œil amusé d’un spectateur indulgent, il devient un petit miracle de Noël inversé : un film si mauvais qu’il en devient inoubliable.
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