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The Dead - Critique

En dépit de menus défauts scénaristiques, The dead se révèle un road-movie atypique au coeur de l'Afrique. Réflexion contemplative sur le devenir de l'homme et sa capacité d'adaptation en milieu hostile, le film des Frères Ford parvient non seulement à respecter les lettres de noblesse du genre, mais se targue également d'y apposer un cadre inhospitalier totalement inédit. Un environnement et un rythme volontairement lancinant similaire à des productions telles que Monsters. La prise de risque est évidente, le résultat n'en est que plus admirable.

Publié le 8 Janvier 2012 par Dante_1984
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Zombie Désert

Alors que son avion se crashe en pleine mer, Brian Murphy, un soldat américain, est contraint de parcourir le sol africain infesté de morts-vivants. Nombreux sont les cinéastes à avoir tenté l'aventure du film de zombies après avoir vu les maîtres du genre à l’½uvre (qui a dit Romero ?). Le résultat : des productions souvent bancales, parfois risibles et, de temps à autre, sympathiques et distrayantes. Si l'histoire de The dead n'a rien de fondamentalement originale, elle dispose néanmoins d'un atout non négligeable : situer l'action au c½ur de l'Afrique. Un endroit étrangement peu exploité dans le cinéma en dépit de ses indéniables qualités esthétiques et ses nombreuses possibilités.


Clopin-clopant, les morts-vivants sont peu menaçants.

D'emblée, ce ne sera pas du côté du septième art que l'on s'amusera à remarquer des similitudes çà et là, mais celui du jeu vidéo. Resident evil 5 étant passé par là, il est très facile de faire le rapprochement entre les deux projets même si, il faut le reconnaître, le cadre est leur unique point commun. Le jeu de Capcom est axé sur l'action avec des séquences nerveuses et des infectés véloces pas si stupides que cela. Pour The dead, l'action n'est clairement pas le centre névralgique de l'histoire. Les rares moments où le lieutenant Murphy se retrouve confronté aux hordes de zombies sont destinés à entretenir une tension de tous les instants.


Le crépuscule d'une époque...

Faut-il pour autant crier au scandale, un nouveau pétard mouillé qui nous explose dans les mains ? Surtout pas ! Ce rythme calme magnifie une atmosphère des plus singulières. Là où il n'y a pas d'action, on décèle une véritable densité dans les propos sous-jacents. The dead expose avant tout une vision très sombre et nihiliste de l'humanité. Un regard qui se complaît dans le désespoir et l'horreur. Dans des paysages à couper le souffle (le film fut tourné au Burkina Faso et au Ghana), les frères Ford nous entraînent dans une odyssée aux confins de la désolation ; là où les morts errent sans but, où ils ne sont que le pâle reflet de notre destin.


Sur une plage abandonnée, coquillages et voracité...

Un avenir pour le moins incertain tant pour l'Afrique que pour l'humanité. Il se dégage de ses plans larges, cet environnement majestueux, un malaise palpable. La plupart du temps, le cinéaste préfère communiquer les sentiments et la détresse de ses protagonistes par le biais d'une bande son discrète, mais incontestablement la clef de voûte de son histoire. Les dialogues rares renforcent cette impression. Musique éthérée illustrant cette apocalypse en devenir, frémissement des épis de maïs ou plus simplement le silence inquiétant de la nature, tout est entreprit pour entretenir une angoisse permanente. Le souci du détail est au rendez-vous et emporte The dead vers des horizons insoupçonnés.


Un panorama désolé qui n'augure rien de bon.

Fort de distiller au compte-gouttes une atmosphère hors du commun, The dead véhicule un parallèle étonnant avec les conflits inter-ethniques dont sont victimes plusieurs nations de l'Afrique. Les attaques des morts-vivants au sein des villages en sont l'exemple le plus frappant. Des coups de feu, des cris, des pleurs, mais la caméra tremblante refuse de se calmer. On ne saisit pas bien ce qu'il se passe. On perçoit simplement des sensations, des émotions (parfois contradictoires) nous aiguillant sur la teneur des événements. D'ailleurs, l'ennemi n'est pas clairement identifié de prime abord. On a l'impression d'assister aux séquences de films tels que Shooting dogs ou Hôtel Rwanda.


La nuit, tous les zombies sont gris.

À ce contexte politique parfaitement assumé, on dénote également le clivage qui sépare l'occident des pays du tiers-monde. Tant dans les m½urs que dans les comportements, les deux « camps » semblent s'opposer en tout point. L'occident est assimilé tantôt à un pleutre, tantôt à un potentiel sauveur. Toutefois, il est bon de signaler que les Occidentaux démontrent une certaine combativité tandis que la population locale se résigne à son funeste sort. Population qui, au demeurant, se révèle davantage clairvoyante sur la signification des événements et leur justification par rapport à la planète.


Il y a une mauvaise et une autre mauvaise nouvelle à l'autre bout du fil.

Malgré cette divergence de point de vue, tous se réunissent pour affronter un ennemi commun. On fait fi des différences qui nous séparent, on oublie les rivalités de pacotilles et c'est à cet instant que l'on se rend compte que, finalement, tous aspirent à la même chose : survivre. Cette survie est l'aspect fondateur de The dead. Le périple des protagonistes a pour seul et unique objectif de sortir de cet enfer. Trouver de la nourriture, de l'eau, débusquer une voiture en état de marche, arpenter les endroits les plus hostiles de la planète, tout est organiser de manière non linéaire pour nous faire participer au périple.

Ce ne sont donc pas les zombies et leur démarche lancinante, presque pathétique, qui sont la véritable menace (du moins lorsqu'ils sont isolés), mais bel et bien l'environnement qui se révolte contre l'homme. À ce titre, les morts-vivants reviennent à un certain classicisme. Outre leur lenteur, la gestuelle et les visages sont vides de compassion. Le regard glacial perdu dans le lointain, le pas chancelant, les blessures apparentes, un travail sobre et efficace qui nous fait oublier les zombies « New-gen » complètement survoltés capables de piquer des sprints ahurissants. En somme, un retour aux sources des plus judicieux pour s'aventurer dans le berceau de l'humanité.


Survivants ou zombies ?

Le film des Frères Ford se trouve être une expérience singulière et pour le moins dépaysante. Difficile de leur teneur rigueur de quelques errances maladroites (tout compte fait, le déroulement de l'histoire s'avère très prévisible) étant donné le nombre de problèmes qu'ils ont accumulés durant la production. L'équipe touchée par la maladie, le cadre réellement hostile (chaleur...). Bref, le tournage n'a pas été de tout repos. On serait donc tenté de penser que cela ajoute un soupçon d'authenticité au résultat final. Toujours est-il que The dead offre une approche novatrice sur le film de zombies, là où il est tellement difficile de ne pas sombrer dans la caricature et encore plus d'innover.

Portrait de Dante_1984

A propos de l'auteur : Dante_1984

J'ai découvert le site en 2008 et j'ai été immédiatement séduit par l'opportunité de participer à la vie d'un site qui a pour objectif de faire vivre le cinéma de genre. J'ai commencé par ajouter des fiches. Puis, j'ai souhaité faire partager mes dernières découvertes en laissant des avis sur les films que je voyais.

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