iZombie
Le monde des comics et de la télévision font bon ménage, en particulier quand il s’agit de morts-vivants et d’apocalypse Z. L’incontournable (et indétrônable?) The Walking Dead en est l’exemple le plus flagrant. S’il est devenu une référence, il a aussi laissé dans son sillage nombre d’émules qui essayent avec plus ou moins de succès de marcher sur ses traces. Toutefois, un léger approfondissement des productions concernées (In the flesh, Z nation...) démontre qu’elle s’avère plus différente qu’escomptée. Avec iZombie, on tente de concilier un thème éculé avec une approche propre aux séries policières. Un mélange des genres convaincants ou une vaine entreprise?
Après une soirée de beuverie, un réveil douloureux !
Adapté du comics de Chris Roberson et Mike Allred, iZombie dispose d’une entame somme toute classique où un événement (en l’occurrence, une fête sur un bateau), dégénère et transforme les invités en zombies affamés ou en hors-d’œuvre. Dès lors, on s’attend à une situation en passe de devenir incontrôlable où l’épidémie Z gagne le rivage, la ville, le continent et enfin la planète entière. Sauf que... ce n’est pas du tout le cas. L’affaire est aussi bien isolée qu’étouffée, puisque les médias ne l’ont quasiment pas relayée. On sent donc une volonté à transgresser les codes du genre pour proposer autre chose que les habituels combats pour la survie inhérents au sujet.
Olivia Moore, la protagoniste, ressuscite et a la particularité de pouvoir conserver toute sa tête, enfin presque. On lorgne du côté de titres comme Moi, zombie: chroniques de la douleur ou In the flesh où l’état de conscience d’un mort-vivant est avéré. Mieux que cela, ils peuvent communiquer et poursuivre leur quotidien si tant est que leur soif de cerveau humain est rassasiée. Autre particularité, ce nouveau régime leur procure d’intenses visions. Des souvenirs plus ou moins utiles qui ressassent les derniers instants des victimes avec, en sus, leur comportement qui s’imprègne du zombie concerné.
Un lieu approprié quand on recherche des ordures...
Un artiste permettra de développer ses envies créatives, mais aura une contrepartie négative avec une personnalité hautaine et dédaigneuse. Un alcoolique léguera sa dépendance ou un tueur à gages laissera place à la froideur et au cynisme. L’idée est très bonne et peut donner lieu à des situations cocasses, a fortiori lors de la résolution d’une affaire. Les transitions avec les visions sont assez fluides et possèdent une véritable cohérence dans la progression de l’intrigue. En général, il s’agit d’événements, de gestuelles ou de paroles communes qui les enclenchent. De fait, les enquêtes sont plutôt bien menées avec leur lot de fausses pistes, de mobiles et de suspects à passer au crible.
On ne s’ennuie guère, même si la violence et le gore sont édulcorés pour satisfaire un public assez large et pas forcément coutumier du genre. Les cerveaux font l’objet de plats préparés, les cadavres sont toujours refroidis quand on les découvre et le peu de fusillades présentes à l’écran auront droit à des hors-champ qui peinent à se justifier. Le dernier épisode de la saison 1 en est un exemple flagrant. Toujours est-il que l’ensemble demeure assez varié dans sa progression, et ce, en dépit de quelques tournures scénaristiques dispensables, à tout le moins qui manquent cruellement d’explications (pertes d’un protagoniste, réactions trop nuancées dans un contexte donné...).
Au menu du soir, cervelle humaine saupoudrée de piments.
Rose McIver est démonstrative et joue de facéties pour faire face aux nombreux changements de caractères qui l’accablent. Un rôle loin d’être facile, mais qui se révèle convaincant, tant elle parvient à jongler avec des comportements contradictoires. Les personnages qui l’assistent s’avèrent assez attachants, et ce, en dépit d’un traitement plus conventionnel (le collègue compétent et comique, l’ex-fiancé séduisant, la fidèle meilleure amie...). Les antagonistes, eux, sont plus nuancés avec des motivations plus intelligentes et réfléchies qu’à l’accoutumée, même si le moteur principal demeure la cupidité. En somme, un casting qui s’épanouit avec une palette d’individus disparates et assez réalistes.
Au final, iZombie réussit le mélange horreur/policier en y insérant une bonne dose d’humour. Loin d’être une comédie horrifique ou une série policière lambda, iZombie sert un lot d’enquêtes travaillées qui sort du cadre ordinaire avec de nouvelles perspectives de résolutions. On a parfois l’impression que l’aspect «zombie» est un prétexte qui, en dehors des visions et des comportements hérités, n’a que peu d’importance. En cela, les puristes auront sans doute raison. Pour autant, iZombie a le mérite de réfléchir à autre chose qu’une bête histoire de survie au sein d’un monde post-apocalyptique. Une approche différente et singulière pour le moins sympathique, mais dont le public visé empêche d’avoir un produit plus mature et violent. Une série distrayante et sans complexe.
Saison 2 : 7/10
Saison 3 : 4/10
Un film de Mairzee Almas, Rob Thomas
Avec : Rose McIver, Malcolm Goodwin, Rahul Kohli, Robert Buckley