The muthers
Les années1970 auront été favorables à l’émergence et au développement de divers courants cinématographiques. Parmi ceux-ci, les films grindhouse ont fourni pléthores de bobines vite tournées pour engranger un retour sur investissement des plus rapides. Si certaines d’entre elles sont tombées dans l’oubli, d’autres ont gagné leurs galons d’œuvres cultes. Au même titre que les intentions des producteurs, les amateurs de bis y trouvent un divertissement immédiat. The muthers s’inscrit-il dans cette veineen proposant un plaisir basique et néanmoins jubilatoireou ne suscite-t-il que l’indifférence?
Ca a le mérite d'annoncer la couleur...
En jouant sur le phénomène de la blaxploitation, Cirio H. Santiago (également responsable de Dynamite Jackson) réunit des stars de l’époque sous le même étendard pour faire la vitrine d’un métrage qui a bien failli disparaître. Pour le reste? On ne s’entiche pas d’une quelconque cohérence ou d’un scénario qui se contente du minimum syndical. Ici, tout n’est que prétexte à un défouloir déluré, brouillon et qui ne se prend la tête à aucun moment. Pourquoi s’en préoccuper? Le public ciblé, ainsi que les moyens employés sont le reflet de ce que proposaient les productions grindhouse dans toute leur splendeur.
Les séquences d’action partent dans tous les sens sans qu’on en saisisse réellement l’utilité. Fusillades, combats et autres affrontements sont légion au fil du métrage et, de ce point de vue, l’on ne s’ennuie pas. Seulement, un peu de plus d’application dans la manière de les amener n’aurait pas été superflu. D’ailleurs, les arts martiaux mis à contribution auraient gagné à bénéficier de chorégraphies plus travaillées que des coups de pieds et de poings qui fusent avec des bruitages proprement ridicules. Pour peu, on pourrait croire apparaître dans la seconde des onomatopées si chères au monde de la bande dessinée!
Tir aux pigeons quand on écrit une critique négative.
Dans le fatras indigeste d’un montage épileptique, on devine aisément que l’intrigue se cantonne à quelques poncifs mal dégrossis où le soulèvement de la gent féminine sera le catalyseur de cette entreprise à la portée minimaliste. Les rares éléments destinés à faire progresser l’histoire viennent s’y greffer comme un morceau de tissu censé colmater une fuite d’eau. Autrement dit, cela empire les choses tout en insistant sur des incohérences déjà trop nombreuses pour en faire quelque chose de crédible, à tout le moins qui présente un semblant d’intérêt pour suivre les péripéties de ces donzelles en mal d’action.
Pour ne rien changer, les personnages sont également surfaits au possible. Ils brassent toutes les caricatures possibles et imaginables. Fort heureusement, ils ne sombrent pas dans des propos sexistes. Ce serait d’ailleurs le contraire avec des élans féministes quelque peu avant-gardiste pour l’époque et le pays concerné. Toujours est-il que l’interprétation reste plus que discutable avec des mimiques navrantes ou l’absence totale de réaction face à certaines situations. On demeure donc dans une composition sans relief, et ce, même pour ce type de films qui n’a jamais brillé par un casting proprement épatant.
Vaut mieux garder la tête haute.
À qui se destine The muthers? Les fans de Grindhouse, les amateurs de séries B (voire Z) ou de curiosité cinématographique tombée dans l’oubli. Ils y trouveront un grain d’images délicieusement imparfaits et un lot incommensurable de défauts qui sont devenus plutôt charmants qu’agaçants; le temps ayant fait son œuvre. Pour les autres, ils découvriront une bobine mal ficelée où l’intrigue et les personnages ne servent strictement à rien. On se contente d’aligner des séquences d’action sans queue ni tête entre une succession de genres pour le moins dispensable. Un film avec peu de moyens (et peu d’idées) qui cible avant tout une frange réduite et particulière de spectateurs.
Un film de Cirio H. Santiago
Avec : Jeannie Bell, Rosanne Katon, Trina Parks, Jayne Kennedy