Voir la fiche complète du film : Yétis : Terreur en Montagne (Marko Mäkilaakso - 2013)

Yétis : Terreur en montagne - Critique

Un nouveau survival animalier qui saccage le mythe du yéti au profit d’une production profondément vide de sens et affligeante. Entre des créatures immondes, un casting effroyable et une progression minée par des aberrations en tout genre, difficile d’entrevoir une once d’intérêt dans un spectacle aussi vain qu’opportuniste.

Publié le 5 Janvier 2019 par Dante_1984
Voir la fiche de Yétis : Terreur en Montagne
2
Primate

S’attaquer au mythe du yéti, c’est un peu comme entreprendre l’ascension d’une montagne, du moins avec la volonté de proposer un métrage de qualité. Mais la cryptozoologie est aussi malmenée que la zoologie «classique». Ces créatures mythiques sont remisées au stade de monstres bouffeurs de chairs humaines décérébrées. Yéti et La fureur du yéti sont des exemples typiques des productions animalières actuelles. De mauvaises intentions, une idée de départ bancale et un scénario en passe de provoquer une avalanche dans son sillage. Aussi, l’irruption tardive de Marko Mäkilaakso s’inscrit dans cette médiocre continuité initiée par ses prédécesseurs.

Y a-t-il un pilote dans l'hélico ?

Premières considérations et premières bévues au niveau de la cohérence générale, l’intrigue se situe dans l’état de Washington, plus précisément au pied de Glacier Peak. Si l’Ouest américain est surtout connu pour ses histoires de bigfoot, cette zone géographique l’est beaucoup moins pour la présence rapportée d’abominables hommes des neiges. Sauf si l’on range le casting et l’équipe du film dans cette catégorie. Toujours est-il que le prétexte tient sur trois bouts de ficelle qu’on n’oserait pas utiliser comme cordes de rappel. Certes, le genre n’est pas réputé pour ses qualités narratives, mais un minimum de respect vis-à-vis des fondamentaux du mythe n’aurait pas été déplaisant.

On passera outre sur les invraisemblances liées au background des protagonistes, d’anciens frères d’armes prêts à rempiler, pour se focaliser sur une progression frénétique et aberrante. Les séquences s’enchaînent et se ressemblent avec pour mot d’ordre: «on fonce dans le tas!». On ne s’attarde guère sur les risques d’avalanche, les dangers naturels inhérents au cadre montagneux ou encore quelques séances de varappes douteuses. Dans le même ordre d’idées, les «compétences» de commando de cette escouade de bras cassés sont tout aussi discutables. Cela vaut autant pour leur forme physique, leur sang-froid face à la menace environnante ou leur esprit d’équipe.

Le résultat après une avalanche... de conneries

Autre élément qui aurait pu contribuer à fournir un ton décomplexé: les sports extrêmes. Les descentes en snowboard ne sont guère impressionnantes et sont réalisées dans l’unique but de combler les innombrables carences du récit. Lors de ces passages, la mise en scène ressemble à des vidéos prises par des amateurs pour exhiber leurs exploits. À aucun moment, le cadre de la montagne n’est valorisé ou même utilisé d’une quelconque manière. Des reliefs escarpés à la présence opportune d’un refuge, on reste enclavé dans les clichés de circonstances. Un choix d’autant plus déplorable que le fameux «yéti» est aussi discret qu’erroné dans sa présentation.

En effet, l’intrigue emprunte une approche similaire à celle de David Hewlett pour La fureur du yéti. À savoir, des bestioles qui tiennent plus de l’animal quadrupède, type plantigrade, que de l’hominidé. Difficile de bien les distinguer, surtout dans les premiers instants, tant leurs irruptions sont furtives. Une ombre happe les victimes en une seconde, laissant une traînée de sang sur la neige, et l’on passe à la séquence inutile suivante. Il faut attendre la dernière partie pour entrevoir des créatures moches dont l’apparence n’a rien d’effrayant ou de réussi. L’ensemble reste grossier et il paraît difficilement concevable que leur aspect pataud dissimule une telle vélocité dans les attaques.

Un accueil qui laisse franchement à désirer !

Au final, Yétis - Terreur en montagne ne redore pas le blason de l’abominable homme des neiges. Un adjectif qui définit d’autant mieux la médiocrité générale qui émane de ce survival animalier sans ambitions. Au-delà d’une histoire sans intérêt et de multiples aberrations infligées en moins de 80 minutes, le spectateur se heurte à un troupeau de bestioles complètement ratées. Leur seul mérite est de se faire discret tout en achevant à la va-vite leur dîner. Rien ne se tient, encore moins l’encordement censé sécuriser l’expédition de ces commandos du dimanche. Les jalons sont prévisibles, les caricatures omniprésentes. Même l’amateur de survival animalier bas de gamme en restera frustré.

Portrait de Dante_1984

A propos de l'auteur : Dante_1984

J'ai découvert le site en 2008 et j'ai été immédiatement séduit par l'opportunité de participer à la vie d'un site qui a pour objectif de faire vivre le cinéma de genre. J'ai commencé par ajouter des fiches. Puis, j'ai souhaité faire partager mes dernières découvertes en laissant des avis sur les films que je voyais.

Autres critiques

Les Yeux de Feu

Les Yeux de Feu

Longtemps tombé dans l’oubli, Les Yeux de Feu ( Eyes of Fire ), sorti en 1983, a bénéficié d’une restauration 4K supervisée par son réalisateur, Avery Crounse. Ce film n’avait jamais eu droit à une édition DVD ou Blu-Ray, ce qui a contribué à son statut de curiosité méconnue, paradoxalement renforcé par les années, lui conférant un prestige grandissant au sein des amateurs de...
All the Creatures Were Stirring

All the Creatures Were Stirring

Les films à sketches ont le mérite de mettre en scène des récits dont le contenu ne peut tenir sur la longueur. En ce sens, le principe reste similaire à un recueil de nouvelles. Le concept peut compiler des histoires qui ne présentent pas forcément de liens entre elles. Toutefois, la majeure partie des productions proposent un fil rouge et une thématique précise. Qu’il s’agisse de...
Puppet Master

Puppet Master

Les poupées, au même titre que les requins, les serpents, les fantômes et les psychopathes, font partie du folklore et du paysage cinématographique d'horreur. Sont-elles l'objet d'un fantasme inavoué ? Je ne saurai répondre à cette question. Cependant, elle représente un danger potentiel, car malgré leur faiblesse, elles sont petites et peuvent en silence se faufiler partout. On se...
Fragile

Fragile

Jaume Balaguero n'est plus un réalisateur à présenter. Reconnu pour son travail avec le terrifiant mais si réaliste Rec , il est devenu le cinéaste de genre à suivre du coté du pays ibérique. Il faut dire que le monsieur a du talent et des idées plein la tête. Toutefois, avant de s'attaquer aux infectés, il a fait, en 2005, un petit passage par la ghost story avec des acteurs américains...
La Guerre des Mondes

La Guerre des Mondes

Certaines œuvres sont ancrées dans l’imaginaire collectif si bien qu’elles font l’objet de variations et révisions à des intervalles plus ou moins réguliers. Hasard des plannings télévisuels, La Guerre des mondes a bénéficié de deux nouvelles adaptations sorties quasi simultanément à la fin 2019. La version de la BBC se voulait assez proche de son modèle littéraire avec une...