Voir la fiche complète du film : Zombillenium (Arthur de Pins, Alexis Ducord - 2017)

Zombillenium - Critique

Entre les références horrifiques et fantastiques habilement détournées et une progression portée par de multiples péripéties, Zombillenium se révèle un film d’animation qui réunit tous les publics. Une adaptation cinématographique réussie doublée d’un scénario intelligent.

Publié le 11 Mars 2018 par Dante_1984
Voir la fiche de Zombillenium
8
Parc d'attractions - Fête Foraine Zombie Les films de Vampires Diable et Démon Adaptation de bande dessinée Momie

Occupés par une majorité de productions américaines, les films d’animation qui sortent sur grand écran aiment de temps à autre rendre un hommage au cinéma de genre. Ainsi, on concilie deux publics où les histoires sont parsemées de références en pagaille. Monstres contre Aliens, Monster House, L’étrange pouvoir de Norman ou encore Hôtel Transylvanie... Autant d’exemples savoureux et réussi qui démontrent que l’entreprise est loin d’avoir dévoilée tous ses trésors. Avec Zombillenium, la surprise ne vient pas d’outre-Atlantique, mais d’une coproduction franco-belge; elle-même adaptée de la bande dessinée éponyme.

Dans cette optique, il est toujours à craindre une libre interprétation de l’histoire de base, voire un ratage total. Sauf que Zombillenium a été réalisé par son propre créateur, Arthur de Pins. Difficile de faire un choix plus judicieux pour retranscrire les planches de la BD à l’écran. Le neuvième art étant un média culturel plus expressif en termes d’image que la littérature, la signature esthétique de cet univers original est déjà présente sur le papier. En l’occurrence, on a droit à un savoureux mélange de dessins 2D classique incorporé dans des environnements 3D. L’alchimie fonctionne et apporte une réelle identité au film.

En ce sens, le style d’animation privilégie le travail artistique à l’esbroufe technologique. Une approche qui permet d’éviter toute comparaison avec une concurrence pourvue de moyens démesurés. D’ailleurs, l’austérité du village de Verchain-Maugré n’impose aucun contraste avec le parc d’attractions. Il se révèle plutôt une entrée en matière annonciatrice d’une atmosphère lugubre propice à procurer quelques frissons aux plus jeunes spectateurs. De l’incontournable maison hantée à la grande roue, les attractions sont habilement détournées pour développer le côté macabre de l’intrigue. On peut même songer à l’ambiance des fêtes foraines où, en l’occurrence, les freaks seraient assimilés à la normalité.

Tout comme le château de Dracula héberge nombre de monstres dans Hôtel Transylvanie, Zombillenium use d’un procédé similaire pour exposer différentes figures emblématiques de la culture horrifique et fantastique. À la différence prête qu’il s’agit des employés et non de la clientèle. Des vampires glamour tout droit échappés de Twilight aux morts-vivants, on a droit à un véritable bestiaire sorti de l’enfer. Dès lors, ce parc prend les atours du purgatoire où il est nécessaire de s’acquitter du fonctionnement des manèges, mais aussi des basses besognes. Malgré l’ironie qui découle de la situation et l’approche décalée, la promiscuité entraîne des dissensions au sein de la hiérarchie des monstres.

L’histoire brasse donc des thématiques et des valeurs assez disparates. La différence, la relation père-fille, le cadre monoparental, sans oublier la discrimination au sein d’une communauté par le biais de considérations purement arbitraires. En marge d’une progression énergique et d’un récit prenant, le discours avancé est aussi cohérent que pertinent dans un tel cadre. En dépit du sérieux de certains sujets, le traitement se veut léger avec un sens de l’humour opportun qui tend à dédramatiser l’ensemble. Car le film d’Arthur de Pins est avant tout un divertissement familial. On notera quelques allusions parodiques dans la caractérisation des personnages, au regard des clichés véhiculés au cinéma, comme sur papier.

Au final, Zombillenium est une adaptation réussie de la bande dessinée. Préservant son esprit et son dynamisme, ce film d’animation prévaut autant pour sa patte graphique que pour son intrigue. Soutenue par des sujets forts et parfaitement intégrés dans l’univers imaginé par Arthur de Pins, l’histoire demeure originale et bien amenée. Si contraste il y a, il provient surtout du côté macabre, voire austère dans la description de son environnement, et de la bonhomie qui s’en dégage. Comme bien souvent dans ce type d’approche, les normes sont inversées pour mettre en exergue des apparences trompeuses. En somme, un film d’animation qui n’a pas à rougir d’une comparaison avec les productions américaines du même acabit.

Portrait de Dante_1984

A propos de l'auteur : Dante_1984

J'ai découvert le site en 2008 et j'ai été immédiatement séduit par l'opportunité de participer à la vie d'un site qui a pour objectif de faire vivre le cinéma de genre. J'ai commencé par ajouter des fiches. Puis, j'ai souhaité faire partager mes dernières découvertes en laissant des avis sur les films que je voyais.

Autres critiques

Lake Placid Vs. Anaconda

Lake Placid Vs. Anaconda

Lake Placid et Anaconda sont deux franchises qui avaient plutôt bien démarré dans les années1990. Sortis sur grand écran, ces divertissements se révélaient sympathiques et généreux à bien des égards. Depuis, chacune de ces sagas a progressivement basculé dans le DTV bâclé à la nullité croissante. Nanti de quatre films respectifs dont la qualité périclitait au fil des ans, la rencontre entre les...
The Last Sharknado : It's About Time

The Last Sharknado : It's About Time

Depuis 2013, Sharknado est devenu un phénomène aussi inexplicable qu’incongru. Malgré sa débilité clairement affichée, une équipe au rabais et un concept fauché en rase-mottes, Anthony C. Ferrante a réussi le pari hautement improbable de rendre «culte» un étron du septième art. Comme évoqué dans les critiques des précédents volets, la nullité s’est avérée un standard de...
Tron

Tron

Kevin Flynn, un concepteur informatique de génie, se voit voler le fruit de son labeur par un concurrent qui n’'éprouve aucun scrupule à l’'exploiter. Alors qu’'il essaye de s’'immiscer dans le système, le MCP l’'absorbe dans son monde virtuel. Prisonnier, il va tout tenter pour mettre fin au joug du MCP en compagnie de Ram et Tron, deux...
Sand Sharks

Sand Sharks

Depuis le début de la décennie 2010, on dénote une certaine propension à fournir des bestioles aussi moches qu’aberrantes dans le domaine du film de requins-tueurs. Plus rares, pour ne pas dire inespérées, sont les occurrences à faire montre d’un côté respectueux du genre, à défaut d’en exploiter les qualités. Dans cette logique, on peut même regretter les sombres petits...
Star Trek

Star Trek

Des années que les fans l’attendaient et il est enfin là, sept ans après Némésis , le dixième film de la saga. Avec à la barre J.J. Abrams , auteur d’un incroyable Mission impossible 3 et créateur des séries que sont LOST, Alias et la toute récente Fringe , Star Trek 11 a finalement débarqué sur nos écrans. Onzième film ? Pas tout à fait car le métrage est intitulé Star Trek , un...

Devinez le film par sa tagline :

Nous avons confiance en nos héros.
Score actuel : 0
1 pt par bonne réponse, sinon -1 !