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Red lights - Critique

Un thriller fantastique à l’histoire non maîtrisée qui, malgré sa réalisation, n’arrive pas à s’imposer dans le registre de la parapsychologie. Brouillon et inconstant.

Publié le 16 Avril 2014 par Dante_1984
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Il existe un inconvénient majeur lorsqu’un cinéaste se démarque par un premier métrage original et rondement mené : la volonté de le voir poursuivre son bonhomme de chemin avec le même talent. On se souvient de l’excellent Buried qui, non content de prendre une idée de départ assez basique, multipliait les contraintes pour en faire un film singulier dont l’atmosphère suffocante aura rarement aussi bien rendu à l’écran le sentiment de claustrophobie. Après s’être attelé à la rédaction du scénario d’Apartment 143, Rodrigo Cortés repasse derrière la caméra avec Red lights, un thriller fantastique sur fond d’investigations paranormales pour tenter de démasquer les imposteurs. Cette deuxième réalisation vaut-elle le détour ?


Alors ce tour de magie, de la pacotille ?

Le thème de la parapsychologie est assez large pour avoir été maintes fois décliné au cinéma sous divers angles. Télékinésie, médiumnité, photographie psychique, télépathie… chacun de ses aspects est comme une porte ouverte sur l’inexplicable et donc sur un potentiel évident pour le cinéma de genre. Toutefois, Rodrigo Cortés tend à flouer les attentes du spectateur. Son entame présente Red lights comme un film de fantômes assez banal. Des phénomènes paranormaux, une séance spiritisme qui dégénère sur fond de lumière rouge (heureusement, avec un titre pareil) et une argumentation aussi bancale que facile. Autrement dit, la première approche n’est pas forcément convaincante.

Mais ce n’est pas la suite qui contredira cet état de fait. L’intrigue se calque sur un schéma narratif assez redondant dans sa première partie : des cours sur les subterfuges des imposteurs, des enquêtes qui vont dans un sens unique, des cours… On a l’impression de tourner en rond sans jamais vraiment savoir où veut en venir le cinéaste. Certes, le principal intérêt du film se fonde sur le doute que peut éprouver le spectateur face aux phénomènes : mystification ou réalité ? Les séquences multiplient le genre d’artifices que l’on est habitué à voir sans jamais trouver une véritable originalité, ne serait-ce que dans l’approche.


Croix, croix, carré, triangle, rond...

L’atmosphère hésite constamment entre l’épouvante et le suspense. Le premier point restera au stade anecdotique avec des effets trop sporadiques et conventionnels pour saisir ou surprendre. Le second est gâché par une conclusion sans parti pris, à la limite du bâclage. Au lieu de trancher et d’assumer pleinement ses idées, le réalisateur tergiverse avant de faire pencher la balance d’un côté, puis de l’autre. L’expression « Oui, mais non en fait » colle parfaitement à cette impression d’inachevé. Certains pourraient penser que ce dénouement est inattendu, bien senti au vu des indices disséminés çà et là. Malheureusement, la révélation finale est déconcertante, voire frustrante, tant elle se retrouve écartelée entre les aspects fondamentaux de l’intrigue.

Malgré le manque de sensations et de frissons qu’elle procure, on a droit à une mise en scène assez léchée. L’exploitation des lieux, les jeux de caméra et le soin apporté à l’image sont autant d’atouts sur la forme qui permettent à Red lights de ne pas sombrer dans le domaine des navets insignifiants. La photographie tire parti de la moindre parcelle de lumière, du plus petit contraste avec un savoir-faire évident. De ce côté, Red lights remplit son office. L’ensemble de la réalisation est géré comme il se doit avec un léger bémol au niveau de la bande-son, bien trop discrète et qui ne parvient pas à marquer les esprits ou à alourdir l’atmosphère.


Le messie est vivant ! On ne l’a pas rencontré !

Le casting permet à des acteurs confirmés que l’on ne présente plus de se réunir. Seulement, la présence de Robert de Niro dans un film depuis quelques années est loin d’être synonyme d’un gage de qualité ou de valeur sûre (notamment dans Unités d’élite). L’illustre interprète du Parrain cabotine à ses heures perdues dans des séquences pas forcément maîtrisées (les spectacles de l’illusionniste). Pour lui donner le change, on retrouve un Cillian Murphy égal à lui-même (correct, mais pas inoubliable) et une Sigourney Weaver dans un rôle secondaire (contrairement à ce que l’on pourrait penser) assez conventionnel dans la construction de son personnage. On est donc loin de performances incroyables.

Au final, Red lights est un thriller fantastique décevant. L’histoire se montre brouillonne et inconstante à plus d’un titre. Malgré un suspense de façade plaisant à certains égards, l’hésitation permanente (dans les aboutissants ou le choix du genre) ne parvient à aucun moment à instaurer une ambiance, plus grave : une véritable identité au métrage. Il en ressort un goût d’inachevé flagrant, passablement correct dans l’interprétation et flatteur pour la rétine (très bonne mise en scène tout de même). Le second film de Rodrigo Cortés tente de jouer sur tous les tableaux en tâtonnant sans trouver son point d’attache. Assez facile, surtout au vu du dénouement.

Portrait de Dante_1984

A propos de l'auteur : Dante_1984

J'ai découvert le site en 2008 et j'ai été immédiatement séduit par l'opportunité de participer à la vie d'un site qui a pour objectif de faire vivre le cinéma de genre. J'ai commencé par ajouter des fiches. Puis, j'ai souhaité faire partager mes dernières découvertes en laissant des avis sur les films que je voyais.

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