Voir la fiche complète du film : Manifest (Paul Holahan, Dean White, Craig Zisk - 2018)

Manifest - Critique

Une série décevante qui part d’un postulat intrigant pour se complaire dans un traitement creux et vide de sens. Le récit n’apporte aucune révélation ni explication, même incohérente, sur la disparition du vol 828 et de sa soudaine réapparition. Tout juste doit-on se contenter d’une succession de mystères qui s’effacent sans approfondissement pour laisser la place aux suivants. Une série frustrante, pénible et lésineuse dans sa manière de faire évoluer son histoire.

Publié le 1 Mars 2020 par Dante_1984
Voir la fiche de Manifest
4
Voyage dans le Temps

À bien des égards, le format de la série permet de développer des intrigues tortueuses où le suspense est de rigueur pour maintenir l’attention et l’intérêt du spectateur. En cela, les années2000 ont parfaitement assimilé ce potentiel avec des productions qui ont changé le paysage télévisuel contemporain. On songe à 24 heures chrono ou, pour rester dans le domaine de l’aéronautique, Lost, les disparus. D’ailleurs, on a très vite comparé cette dernière à Manifest. Un rapprochement biaisé qui se résume uniquement à une catastrophe aérienne et à cet aspect surnaturel qui plane au-dessus des protagonistes et de leur quotidien. De quoi susciter l’intérêt, du moins dans les premiers épisodes...

En réalité, le pitch initial n’est pas sans rappeler Les 4 400 où des personnes portées disparues ressurgissaient inopinément. Ici, le principe est similaire, mais à l’échelle d’un vol qui compte près de 200 passagers. On ne va pourtant pas suivre chaque individu touché par cet improbable voyage dans le temps. L’histoire se concentre sur une famille séparée dont le retour des «survivants» est plus difficile qu’inespéré. Le premier tiers de la série se montre intrigant en s’interrogeant sur ce qui a bien pu provoquer ce bond en avant de cinq années, tandis qu’aucun protagoniste ne s’est rendu compte d’un quelconque changement; exception faite de violentes turbulences.

En cela, on comprend ce besoin de poser des bases et d’évoquer certaines pistes de réflexion. Les aptitudes de précognition et de télépathie sont largement mises en avant. Pourtant, il persiste des problèmes de taille pour que le scénario convainque véritablement. Son plus gros écueil n’est autre que cette propension (complaisance?) à susciter davantage d’interrogations plutôt que de répondre aux précédents mystères avancés. Le schéma narratif s’appuie sur un concept fallacieux où chaque retournement de situation, chaque questionnement, provoque de la perplexité au lieu de fournir des révélations, même minimalistes.

Lorsqu’il s’agit d’éléments épars, le procédé n’est en rien rebutant. Seulement, il se produit sur l’ensemble de la saison! De fait, le fil rouge se perd dans de trop nombreuses conjectures où l’on évoque tout et n’importe quoi. Complot gouvernemental, expérience scientifique et, en filigrane, une présence «extérieure» dont la nature et la provenance n’est jamais établie. À force de multiplier les embranchements narratifs, on finit par en délaisser les précédents, rendant l’évolution aussi brouillonne que frustrante. Rarement, une série s’est montrée autant avare à expliquer le cœur de son mystère.

On peut également regretter que la tournure des épisodes ne prenne pas une direction clairement définie. Certaines péripéties ne présentent aucun intérêt dans leur finalité, tandis que d’autres sont alambiquées et font office de remplissage. En résumé, on ne peut s’empêcher de penser «Tout ça pour ça?» lors des dénouements. De même, on peut déplorer un manque d’émotions flagrant. Les personnages n’ont aucune consistance et certaines réactions sont aussi improbables qu’incompréhensibles. Là encore, on tente de complexifier des propos beaucoup trop simplistes et manichéens afin de «densifier» un récit lisse et (presque) sans identité.

Au final, Manifest est une série qui agace plus qu’elle n’interpelle. Si l’idée de base reste plaisante, elle ne satisfait à aucun moment les attentes du spectateur. La faute à une prolifération incontrôlée d’interrogations qui prend le pas sur des réponses légitimement attendues. À la manière de The Event, les pérégrinations des protagonistes sont confuses et semblent partir dans tous les sens, sauf dans la bonne direction. L’errance narrative n’a d’autre but que de balader un public, sans se soucier de le frustrer. Les mécanismes propres au suspense ont beau être présents, ils n’offrent aucun aboutissement ni satisfaction dans ce qu’ils sont censés amener. Il en ressort une manipulation par le vide scénaristique des plus accablante.

Portrait de Dante_1984

A propos de l'auteur : Dante_1984

J'ai découvert le site en 2008 et j'ai été immédiatement séduit par l'opportunité de participer à la vie d'un site qui a pour objectif de faire vivre le cinéma de genre. J'ai commencé par ajouter des fiches. Puis, j'ai souhaité faire partager mes dernières découvertes en laissant des avis sur les films que je voyais.

Autres critiques

Frankenstein's Army

Frankenstein's Army

Le monde du Found Footage est décidément bien vaste. Je ne vous apprendrai rien en écrivant que ce sous-genre du cinéma d'horreur possède de nombreux détracteurs à cause de ses qualités visuelles souvent discutables, mais force est de reconnaître qu'il propose aussi un cadre cinématographique propice à de nombreux délires et qu'il sait s'adapter à toutes les sauces, que ce soit la SF ( Apollo 18...
Tony : London Serial Killer

Tony : London Serial Killer

En général, lorsque l'on parle de serial-killers, on a le choix entre des films divertissants, violents, mais pas vraiment réalistes pour un sou (comme avec les slashers) ou des thrillers assez sombres et glauques qui s'attachent à retranscrire les faits d'une manière moins tape-à-l'½il. Cette dernière approche est certainement la plus judicieuse pour mettre en scène des...
Fanatique

Fanatique

**Attention, cette critique contient de nombreux spoilers.** Sept étudiants séjournent un week-end sur une petite île afin d'y étudier la faune locale. Ils sont accueillis sur place par leurs hôtes, un couple de cinéphiles sympathique mais quelque peu insolite. Le slasher, sous-genre horrifique rendu célèbre dès la fin des années 70, avec le succès des franchises Halloween et Vendredi 13 ,...
Le Fascinant Capitaine Clegg

Le Fascinant Capitaine Clegg

A la fin du XVIIIème siècle, des soldats sont envoyés au large des côtes anglaises, sur ordre du Roi, afin de mettre un terme à la contrebande d'alcool dans un village isolé d'apparence tranquille. Cependant, selon certains habitants, les marais sont hantés par l'équipage du Capitaine Clegg. Au début des années 60, alors au sommet de sa popularité, la firme Hammer, par l'...
Fear Street - Partie 1 : 1994

Fear Street - Partie 1 : 1994

Peu d’écrivains peuvent prétendre à une bibliographie aussi dense que celle de R. L. Stine. Essentiellement versé dans le fantastique et l’horreur pour la jeunesse, l’auteur a « bercé » l’enfance de plusieurs générations de lecteurs avec ses innombrables histoires. On l’associe sans conteste à la série de livres Chair de poule. Avec plus d’une...

Devinez le film par sa tagline :

All Hell Is Going To Break Loose
Score actuel : 0
1 pt par bonne réponse, sinon -1 !