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Bloody Waters : Eaux Sanglantes - Critique

Une énième production SyFy lamentable. Entre un scénario et une interprétation absente, Dinoshark se révèle pathétique à tous les niveaux. Ignorez-le, personne ne vous en tiendra rigueur.

Publié le 5 Avril 2013 par Dante_1984
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Requin Sous-marin

Kevin O'Neill semblait avoir oublié la réalisation depuis son misérable Dinocroc en 2004. On se souvient d'un téléfilm bas de gamme où une bestiole préhistorique semait la terreur dans son entourage. Aussi, l'on aurait pu croire que cette pathétique aventure n'aurait pas de suite tant pour Dinocroc que pour le cinéaste. Six ans plus tard, les deux nous reviennent en grande forme. Un spin-off pour le monstre génétiquement modifié (auquel Kevin O'Neill n'a pas participé) et un nouveau navet pour celui-ci qui n'a visiblement rien appris de ses erreurs. Il récidive avec une créature préhistorique qui préfère se vautrer dans l'eau. Bonsoir, Dinocroc. Saluons l'arrivée de Dinoshark !


Du fin fond des profondeurs surgit l'effroyable nanar...

En digne concurrent d'Asylum, SyFy poursuit son épique aventure des films animaliers bons pour la poubelle (mais à ne pas jeter dans la mer). Les requins ont toujours le vent en poupe, mais le filon est tellement surexploité qu'une énième espèce de monstres voit le jour : les hybrides. Malgré le nom, Dinoshark n'en est pas un. D'après les explications rapidement fournies, il s'agit d'un pliosaure. Si la période évoquée est exacte (150 millions d'années, ça vous creuse un appétit), il n'était pourtant pas un dinosaure. Messieurs les scénaristes, vérifiez votre copie avant de nous pondre des inepties, ne serait-ce que dans le titre.

Et des idioties, nous pouvons en contempler grâce à Dinoshark. Ne nous attardons pas sur la fonte des glaciers en séquence d'ouverture et son pseudo-message écologique. Il s'agit d'un simple prétexte pour libérer la bestiole et entamer les festivités. D'ailleurs, l'histoire ressasse encore et toujours les mêmes artifices éculés que bon nombre de ses pairs. Une ville côtière, des morts inexpliquées, un héros sans peur et sans reproche conscient du danger (il est bien le seul) et un monstre peu loquace, adepte du « claque-mâchoire ». On s'ennuie ferme tant les situations se suivent, se ressemblent et sont déjà vu ailleurs, en pire (Mega shark et consorts) ou en mieux (Les dents de la mer).


Faute de crème solaire, l'instant bronzette a dégénéré.

Mais l'amateur d'horreurs aquatiques pourrait-il y trouver son compte au niveau des attaques ? Une vaste blague. Certes, le choix d'un pliosaure se révèle sympathique en comparaison du niveau de cette immondice. La modélisation sur certains plans n'est pas trop moche, mais ne doit pas excéder cinq secondes. La plupart du temps, on nous offre des cadrages approximatifs pour éviter de contempler la piètre incrustation dans des angles qui frisent le ridicule. En réalité, ils le sont. Kevin O'Neill nous inflige parfois des séquences filmées loin, très loin avant que ne survienne une ellipse qui coupe l'action au plus mauvais moment.

Le pliosaure en question multiplie les interventions vite expédiées, mais ne donne guère dans l'inventivité. En dehors du fait qu'il se prend pour une baleine en chantant (si, si) et en sautant à tout-va, on croque et on fiche le camp loin de la caméra. Pour les hors-d'oeuvre, le minimum syndical. Un peu de sirop de glucose (mais pas trop, on est toujours en pleine mer), un petit cri de la victime, un glouglou, quelques gouttes d'eau sur l'image et s'en est fini. Le rythme régulier des attaques n'empêche nullement de se sentir une fois de plus lésé par tant de fainéantises.


Encore un hélicovore victime de la malnutrition.

La flémingite aiguë qui touche toute l'équipe atteint son apogée avec ses acteurs. En tête de gondole, Éric Balfour donne la réplique à d'illustres inconnus aussi expressifs qu'un banc de sardines échoués sur une plage. On les imagine bien agiter frénétiquement la queue en signe d'impuissance, mais je m'égare. À leur décharge, les personnages sont une succession de caricatures à peine ébauchées avec un morceau de craie. Des imbéciles qui prennent des décisions absurdes, comme le scénario me direz-vous. On appréciera tout de même Iva Hasperger. Non pour son interprétation au ras des algues sous-marines, mais pour son nom. Ça ne s'invente pas...

On pourrait continuer à pester contre l'invraisemblance des dialogues, sur la mise en scène lamentable et bien d'autres défauts encore, mais restons-en là. Dinoshark ne déroge pas à la règle de la production vite faite, mal faite. Un nouveau foutage de gueule de SyFy envers les spectateurs. Bien sûr, la surprise n'est pas de circonstance. L'on s'y attendait, mais c'est toujours rageant de voir le genre aussi malmené par une bande de tâcherons qui pensent faire du fric facile avec un concept qui n'a plus rien à offrir. À noter, l'utilisation de séquences identiques pour combler des carences budgétaires évidentes. L'introduction et la conclusion sont un seul et même passage, comme pour boucler la boucle de ce nanar sans envergure. Allez, je ne résiste pas à terminer sur une réplique de la fameuse Iva Hasperger qui résume parfaitement Dinoshark : « Je l'ai vu ! C'est sûr, il existe ! »

Portrait de Dante_1984

A propos de l'auteur : Dante_1984

J'ai découvert le site en 2008 et j'ai été immédiatement séduit par l'opportunité de participer à la vie d'un site qui a pour objectif de faire vivre le cinéma de genre. J'ai commencé par ajouter des fiches. Puis, j'ai souhaité faire partager mes dernières découvertes en laissant des avis sur les films que je voyais.

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