Body Trash - Critique
Body Trash n’est pas un chef-d’œuvre, loin de là. Ce n’est ni Braindead, ni Society, mais il s’affirme et s’assume comme un joyeux délire foutraque.
Sorti en 1993 et rebaptisé Body Trash en France (sans doute en clin d’œil au cultissime Street Trash), Body Melt est un OVNI aussi visqueux que déjanté, fruit d’un croisement improbable entre satire sociale, body horror et comédie grotesque.
Deuxième et dernière oeuvre de Philip Brophy (après Salt, Saliva, Sperm and Sweat), artiste touche-à-tout issu de la scène underground australienne, ce long-métrage ne ressemble à rien d’autre dans la production australienne post-Ozploitation, si ce n’est peut-être au Braindead de Peter Jackson, son cousin néo-zélandais.

Une nouvelle vitamine est testée en secret sur les habitants d’une petite ville australienne, alors que jusqu’ici, tous les essais se sont révélés mortels. Un homme ayant participé aux précédents tests tente de donner l’alerte, mais, contaminé, il décède dans des circonstances atroces. Deux policiers mènent l’enquête, tandis que mutations, effets secondaires violents et hallucinations se multiplient dans la population…

L’action de Body Trash se déroule donc en pleine zone pavillonnaire, au sein d’une banlieue proprette où les joggings fluo, les smoothies protéinés et l’aérobic dissimulent mal une crainte panique de la décrépitude. Body Trash pousse à l’extrême cette obsession de la santé parfaite en introduisant une vitamine expérimentale qui, loin d’améliorer l’espèce humaine, la fait fondre... littéralement.
Dès les premières minutes, le ton est donné : un homme meurt à cause d’une excroissance de ses cordes vocales. Et ce n’est qu’un début, car l’amateur de morts craspec en aura pour son argent. Entre satire grinçante et provoc’ gratuite, Philip Brophy tire à boulets de slime sur la classe moyenne australienne, ridiculisant ses idéaux de perfection hygiéniste (notez qu’il n’est pas plus tendre envers les rednecks locaux).

Initialement pensé comme un film à sketchs (ce qui se ressent fortement), le scénario conserve une structure morcelée. On saute d’un groupe de personnages à l’autre sans réel fil rouge, si ce n’est une enquête policière en arrière-plan, plus prétexte que véritable moteur narratif. Ce choix structurel nuit à la cohésion dramatique, au rythme de l’œuvre, ainsi qu’à l’implication émotionnelle du spectateur qui n’a pas le temps de s’attacher aux différents protagonistes, mais il permet de multiplier les morts et les bizarreries : entre un queutard dont le membre explose et un skateur qui trouve la mort sur son terrain de jeux, Body Trash s’offre une parenthèse grotesque à la limite du hors-sujet avec ses rednecks amateurs de glandes de kangourous hallucinogènes. Utile ? Peut-être pas. Amusant ? Certainement.
Vous l’avez compris, l’humour, omniprésent, est volontairement bas de plafond, souvent crado et assumé comme tel. Les dialogues frisent parfois le non-sens, les personnages sont des archétypes à peine déguisés et le film navigue à vue entre le soap opera australien Neighbours version carnage et Re-Animator en roue libre.

Le gros point fort de Body Trash, c’est bien entendu sa généreuse explosion d’effets spéciaux pratiques. Le budget est microscopique, mais les maquillages, animatroniques et litres de slime fluo compensent largement. Même si les scènes gores sont au final peu nombreuses, elles sont très réussies et on les doit à l’équipe qui s’était déjà occupée, entres autres, de ceux de Braindead (on y revient).
La mise en scène de Brophy, très influencée par l’esthétique des clips et des vidéos expérimentales, donne à l’ensemble un cachet visuel particulier : filtres, couleurs acidulées, cut frénétiques et électro synthé omniprésente (composée par le réal lui-même) créent une ambiance étrange, presque hallucinatoire.

La photographie et la direction artistique sortent du lot, avec des audaces visuelles inattendues pour un projet aussi modeste. Et malgré des limites criantes (hurlantes même), on sent derrière chaque séquence une volonté de styliser le gore, de le théâtraliser et de l’intégrer dans un univers visuel déjanté mais cohérent.
Body Trash n’est pas un chef-d’œuvre, loin de là. Ce n’est ni Braindead, ni Society, mais il s’affirme et s’assume comme un joyeux délire foutraque. Sa folie formelle, son mauvais goût jubilatoire et son humour de vestiaire en font une vraie curiosité pour les amateurs de body horror et de cinéma d’exploitation à l’ancienne, de préférence entre amis avec une bière dans une main et un quart de pizza dans l’autre.

L’édition Rimini est à ce titre techniquement exemplaire : image restaurée avec soin, grain pellicule respecté, couleurs pétaradantes, pendant que le son fait honneur aux bruitages bien juteux du film. Côté bonus, on compte l’habituel et indispensable livret « 13 morts sur ordonnance » écrit par Marc Toullec (24 pages), ainsi qu’un module de 16 minutes, « Body Horror et Fitness au pays des kangourous » par Lilyy Nelson, chroniqueuse du cinéma de genre.
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