Voir la fiche complète du film : Deep Water (Brian Yuzna - 2010)
[[

Deep Water

Un survival animalier qui présente de trop timides bonnes idées pour réellement s’imposer. Brian Yuzna signe un métrage bancal qui privilégie les clichés de circonstances sans jamais exploiter à bon escient le matériau de base. Un scénario anecdotique pour un film qui l’est tout autant.
Publié le 10 Septembre 2017 par Dante_1984Voir la fiche de Deep Water
4
Sous-marin

Qu’il soit géant ou d’une taille tout à fait normale, le scorpion est un arachnide peu exploité dans le domaine du survival animalier. Hormis de timides (et très dispensables) incursions telles que Stinger, Deadly Stingers ou Scorpius Gigantus, la préférence va clairement du côté des araignées. Sur la base d’une histoire de l’écrivain thaïlandais S. P. Somtow, Deep Water possède quelques éléments intéressants, notamment ce qui a trait au folklore asiatique. Associé à la bestiole, l’occultisme peut éventuellement permettre de se démarquer face aux nanars assumés d’Asylum ou de SyFy. Qui plus est, Brian Yuzna est à la barre de cette production qui aura connu pas mal de heurts avant de se concrétiser.

Une sirène en perdition ?

Il faudra deux ou trois entames bien distinctes avant que le film ne démarre. Malgré leur côté succinct, ce début laborieux est un peu fourre-tout. Une légende antédiluvienne, des pouvoirs paranormaux, un found footage vite expédié et passablement inutile. Puis l’on introduit les véritables protagonistes comme le ferait tout mauvais survival animalier. Divergences de point de vue, caricatures ambulantes, antagonistes sans scrupules, un élément perturbateur de taille... Rien ne manque à l’appel, mais l’ensemble demeure constamment dans une certaine confusion. À trop vouloir susciter le mystère et la tension (intention tout à fait louable), le cinéaste en oublie de faire progresser son récit.

Dès lors, on se retrouve dans une évolution cyclique qui ressasse encore et toujours les mêmes événements. Hormis quelques séquences sur la terre ferme, la majeure partie de l’intrigue se déroule au large des côtes sur une plate-forme de pêche. L’endroit ne paie pas de mine, mais à l’instar de la créature, reconnaissons là un certain effort pour changer de décors fades et sans intérêt. De plus, les eaux turquoise indonésiennes offrent un côté exotique qui n’est pas pour déplaire. Malgré une exploitation correcte d’un espace restreint, le huis clos à moitié avoué se heurte à un manque d’idées flagrant pour introduire les attaques du scorpion.

Un problème de gorge encombrée ?

La plate-forme a beau proposer différents niveaux, ainsi que des environnements intérieurs et extérieurs, on en revient toujours à des assauts basiques. Ces attaques hautement prévisibles sont suggérées par des subterfuges grossiers qui tendent à mettre le spectateur en condition au lieu de l’étonner. Or, celles-ci surviennent de manière trop sporadique. Malgré la courte durée, l’on privilégie des échanges creux et des dialogues trop longs qui s’étendent au détriment de l’action, si répétitive soit cette dernière. Il en ressort un ennui presque constant qui débouche sur d’anecdotiques retournements de situation. Ceux-ci concernent surtout l’esprit lovecraftien qui émane de la créature et de sa légende. Guère surprenant quand on connaît la filmographie du cinéaste, cela dit.

Toujours est-il que le scorpion tarde également à se montrer. La plupart du temps, on a droit à l’émergence de sa queue et son dard pour empaler ses victimes. Si les effets numériques sont sommaires, force est de reconnaître que le design de l’arachnide (pris dans son entièreté) n’est pas si immonde que cela, bien au contraire. On notera un certain travail pour concilier les caractéristiques d’un scorpion classique à ses homologues préhistoriques. Les incrustations de la bête, elles, alternent entre le bon et le moins bon. Il en ressort une apparence massive relativement convaincante que l’on ne voit pourtant qu’en fin de parcours. L’une des rares qualités du film se fait ici trop discrète!

Baoht Z'uqqa-Mogg !

Au final, Deep Water aurait pu créer la surprise. En délaissant le côté nanar de certaines productions et en proposant quelques concepts sympathiques (le scorpion géant, la plate-forme de pêche...), le film de Brian Yuzna était en passe de flotter au-dessus des habituelles séries B fauchées par le budget et les idées. Cependant, la trame principale ne possède que peu d’intérêt, même en mélangeant les codes du survival animalier, l’occultisme asiatique et des références lovecraftiennes. La faute à un rythme redondant et passablement ennuyeux qui ne véhicule aucune tension. Une production médiocre dont les prétentions auraient pu déboucher sur un métrage modeste et néanmoins divertissant.

A propos de l'auteur : Dante_1984
Portrait de Dante_1984

J'ai découvert le site en 2008 et j'ai été immédiatement séduit par l'opportunité de participer à la vie d'un site qui a pour objectif de faire vivre le cinéma de genre. J'ai commencé par ajouter des fiches. Puis, j'ai souhaité faire partager mes dernières découvertes en laissant des avis sur les films que je voyais.

Autres critiques

Sucker Punch
Une jeune femme est internée dans un hôpital psychiatrique par son beau-père afin que ce dernier rafle l'héritage familial. Sans aucun moyen de s'enfuir, elle se créé une échappatoire par le biais de son imaginaire et explore autant d'univers différents que merveilleux. En l'espace de seulement trois longs-métrages, Zack Snyder s'est imposé comme un réalisateur incontournable...
Conjuring : les Dossiers Warren
On ne présente plus James Wan, grand talent du cinéma de genre révélé dans les années 2000 par la plus célèbre saga du torture-porn, Saw . Fort heureusement pour lui, il s'en détourne assez rapidement pour se tourner vers des films plus intimistes, mais non dénués d'ambitions. Après Insidious en 2010 qui avait partagé la communauté (il en ressortait tout de même un métrage à l'...
Primeval
De nos jours, au Burundi, dans un pays ravagé par la guerre civile, une petite équipe de journalistes américains monte une expédition pour capturer le célèbre Gustave, crocodile de près de neuf mètres de long, responsable de la mort de nombreux habitants. Adapté d'une histoire vraie, Primeval se présente comme un film de terreur animalier. Toutefois, il ne déroge pas aux codes du film d'aventures...
The Bunny Game
Il est parfois des films qui succèdent à la rumeur et prévalent avant tout pour l'aura qui s'en dégage plutôt que sur une pseudo-vision artistique. Le cinéma en possède quelques-uns, mais pour rester dans les années 2000, nous pouvons citer A serbian film . À la hauteur de sa réputation, il en émanait un profond malaise. À la fois malsain, scabreux et exempt de toutes contraintes morales...
Raspoutine: le Moine Fou
**Attention, cette critique contient quelques spoilers.** En Russie, à la fin du XIX ème siècle et au début du XX ème, l'existence tumultueuse et troublante du moine fou Raspoutine. En 1966, la Hammer décide de s'attaquer au biopic de l'un des personnages les plus mystérieux et fascinants de l'Histoire, à qui l'on octroyait moults pouvoirs dans la Russie des tzars. Bonne idée, le nom de...
Deep Water
Réalisateur:
Durée:
83 min
4.75
Moyenne : 4.8 (4 votes)

AMPHIBIOUS 3D - anaglyph trailer

Thématiques