Voir la fiche complète du film : Dark Side (Jonathan Mossek - 2010)

Dark Side - Critique

Un journaliste divorcé est harcelé par son propriétaire véreux, qui souhaite raser son immeuble. Mossek ne peut proposer qu'une série B rythmée mais quelque peu inoffensive, comptant néanmoins sur l'ambivalence de chaque protagoniste pour tenir son public.
Publié le 21 Mai 2010 par GORE MANIAC
Voir la fiche de Dark Side
6
**Attention, cette critique contient des spoilers.**

Ethan, un journaliste divorcé, est harcelé par son propriétaire véreux, qui souhaite raser son immeuble. Un soir, deux hommes tentent d'entrer chez lui par effraction.

Acteur britannique abonné aux seconds rôles, Cary Elwes avait changé de registre avec le premier épisode de la série des Saw, en 2004, s'ouvrant une seconde partie de carrière plus florissante. Avant de jouer dans Saw VII, il s'offrait un nouveau rôle de premier plan dans ce huis-clos lorgnant vers le torture porn, partageant la vedette avec Andie Mac Dowell.


L'actrice, avant tout spécialisée dans les comédies romantiques, s'offre ici un contre-emploi radical dans cette série B. Elle y interprète en effet la veuve défigurée d'un ancien gourou au discours ambigu, persuadée d'avoir retrouvé le meurtrier de ce dernier.

C'est ainsi que débute ce jeu du chat et de la souris, sur fond de torture physique et psychologique, genre "esthétisé" aux USA par l'intermédiaire des Saw et autres Hostel.
Le premier tiers de ce métrage fera davantage penser à un habituel thriller, même si l'entrée en matière nous laisse déjà présager un dérapage vers des sentiers plus tortueux.
Plutôt modeste, le rythme initial monte d'un cran avec l'apparition des deux kidnappeurs, le réalisateur Jonathan Mossek, pour son premier long-métrage, semblant vouloir dès lors privilégier l'étude psychologique de ses personnages. Bien lui en fasse, puisqu'il dispose d'un bon casting. Ainsi, on s'attachera de plus en plus au héros, à mesure que celui-ci s'englue dans une mise en abîme sans fond face à ses tortionnaires.

Frank Whaley est la révélation majeure de ce film. Sorte de Gary Oldman du pauvre, il offre plusieurs dimensions à son rôle, passant du "gentil" du tandem initial à celui de bourreau au sang froid en quelques scènes, à l'image des piqûres infligées à la voisine d'Ethan.
Face à ce jubilatoire psychopathe, Matt Dallas (échappé de la série Kyle XY) s'en tire à bon compte. Il deviendra à son tour le témoin impuissant puis la victime d'un jeu qui le dépasse, pris au piège d'un amour maternel aveuglant.
Défiguré à la suite de l'accident qui a coûté la vie à son époux, le personnage d'Helen est complexe, perdu dans les turpitudes de la morale mais assiégée par des désirs de vengeance compréhensibles. Andie Mac Dowell apporte la touche de sensibilité nécessaire au film, prouvant au passage toute l'étendue de son jeu de comédienne, cassant son image avec visiblement beaucoup de plaisir et de soulagement.

L'interprétation est donc le point fort de ce film, à défaut d'autre chose. Car Dark Side ne présente pas toutes les garanties pour perdurer longuement dans nos mémoires, surtout au delà du premier visionnage, la découverte finale perdant alors tout son sel.

Les amateurs de scènes chocs et racoleuses y seront aussi pour leur frais, les tortures n'étant visuellement pas très marquantes, même si le sang-froid du tueur est plutôt délectable. Le scénario est assez limité, et la bande originale, trop bruitiste, ne permettent pas d'optimiser la tension qui devrait naître de cette forme d'exercice intimiste.


Là où un Roman Polanski avait fait merveille avec La Jeune Fille et la Mort, Mossek ne peut proposer qu'une série B rythmée mais quelque peu inoffensive, comptant néanmoins sur l'ambivalence de chaque protagoniste pour tenir son public jusqu'au dénouement.
Un peu trop vite expédié, cet épilogue présente toutefois quelques caractéristiques positives, contournant les codes hollywoodiens standards. Le héros, tout étant un père aimant, s'avèrera aussi cynique et impitoyable que ses adversaires.

Cette vision, située à l'opposé du manichéisme, est en fait le principal atout de ce long-métrage. On peut toutefois regretter l'aspect emporté de la finition, à un moment capital du film, qui laisse comme un arrière-goût désagréable dans la bouche du spectateur.

Portrait de GORE MANIAC

A propos de l'auteur : GORE MANIAC

J'essaie de partager ma passion pour un cinéma méconnu, mais qui mérite incontestablement qu'on s'y arrête !

Autres critiques

La Malédiction Winchester

La Malédiction Winchester

Le docteur Eric Price est engagé pour suivre le quotidien de Sarah Winchester et dresser le bilan psychologique en conséquence. Séjournant donc dans la demeure Winchester pour toute la durée de l’évaluation, notre héros va progressivement se voir témoin malgré lui de phénomènes paranormaux. Exploitant un sujet en or, à savoir l’une des maisons les plus hantées des États-Unis, cette...
La Guerre des mondes (BBC)

La Guerre des mondes (BBC)

On ne présente plus une histoire aussi emblématique que La Guerre des mondes . Avec d’autres chefs d’œuvre tels que La Machine à explorer le temps , L’Homme invisible et L’Île du docteur Moreau , il s’agit d’une des œuvres fondatrices de la science-fiction moderne. Portée à plusieurs reprises à l’écran, déclinée en bande dessinée, ainsi qu’en jeux...
Douce Nuit, Sanglante Nuit 2

Douce Nuit, Sanglante Nuit 2

En 1984, Douce Nuit, Sanglante Nuit s'offre une petite place dans le paysage très prisé des slashers. On se souvient d'un film modeste, parfois longuet, mais assez honnête dans l'ensemble. Il semblait presque inévitable qu'une suite surgisse quelques années plus tard (trois pour être précis). On n'aura pas droit au syndrome de l'increvable et voir Billy s'extirper de...
Star Trek

Star Trek

Des années que les fans l’attendaient et il est enfin là, sept ans après Némésis , le dixième film de la saga. Avec à la barre J.J. Abrams , auteur d’un incroyable Mission impossible 3 et créateur des séries que sont LOST, Alias et la toute récente Fringe , Star Trek 11 a finalement débarqué sur nos écrans. Onzième film ? Pas tout à fait car le métrage est intitulé Star Trek , un...
La Mutante des Mers

La Mutante des Mers

La Mutante des Mers se présente comme le remake d'un film de monstre de 1956 : The She-Creature d' Edward L. Cahn . N'ayant pas vu cet antique témoin d'un cinéma populaire à base de Craignos Monsters en latex, c'est donc vierge de tout apriori que j'ai entamé le visionnage du film de Sebastian Gutierrez . Et puisque j'en suis aux confidences, sachez que j'ai...
Dark Side
Réalisateur:
Durée:
88 min
4
Moyenne : 4 (3 votes)

Devinez le film par sa tagline :

Trente ans passés dans la Mafia
Score actuel : 0
1 pt par bonne réponse, sinon -1 !