Voir la fiche complète du film : Exorcisme et Messes Noires (Jesús Franco - 1979)

Exorcisme et Messes Noires - Critique

Un curé se fait passer pour un écrivain afin de se rapprocher d'un groupe s'adonnant à des messes noires. Malgré quelques lenteurs, Exorcisme et Messes Noire est l'une des meilleures illustrations du cinéma de Franco.

Publié le 29 Juillet 2010 par GORE MANIAC
Voir la fiche de Exorcisme et Messes Noires
6

A Paris, un curé défroqué se fait passer pour un écrivain afin de se rapprocher d'un groupe très fermé, s'adonnant régulièrement à des messes noires.

Cinq ans après L'Exorciste, le cinéaste espagnol Jesus Franco nous offre sa vision de l'acte d'exorcisme dans une production Eurociné associant souvent érotisme et horreur.

Attachée à une croix de Saint-André, une jeune femme est soumise aux tortures de son bourreau, devant l'oeil émoustillé d'un public composé principalement de riches couples. Cet acte n'est finalement qu'un prétexte à divers jeux échangistes.
D'entrée de jeu, Jesus Franco nous dévoile avec précision le contexte de ce long-métrage. Les messes noires sont avant tout un prélude à des jeux sexuels déviants et son héros, un ancien curé fanatique, va tout mettre en oeuvre pour cesser ces activités dépravées.

Né en 1930, grandissant dans un climat religieux austère puis dans l'Espagne franquiste, Jesus Franco se lança dès 1962 dans une carrière de réalisateur anticonformiste.
Sa répulsion pour une religion trop omnipotente et sa passion pour certaines pratiques sexuelles particulières représentent l'axe central de sa carrière et du film qui nous intéresse ici. N'étant guère en odeur de sainteté dans son propre pays, Franco tourna souvent en Europe. Pour Exorcisme et Messes Noires, il travaille avec Eurociné, qui produisit moults métrages à consonance érotico-fantastique dès les années 60.

Filmé à Paris, ce métrage, interdit aux moins de 18 ans lors de sa sortie en salles, permet aussi de découvrir les talents d'acteur de Franco, qui campe le rôle principal, celui d'un curé extrémiste.
Sans être brillant, le Franco comédien parvient à retranscrire un certain malaise, propre à un personnage visiblement confiné dans des dogmes dépassés par la libération des moeurs. Tel un Polanski dans Le Locataire, son personnage est aussi un voyeur tombant amoureux de l'une des participantes de ces cérémonies lubriques, offrant ainsi un visage plus humain à cet être stigmatisé par sa propre foi.
Face à lui, on retrouve avec plaisir Lina Romay, l'une des deux muses du cinéma de Franco (après Soledad Miranda). Celle-ci campe à merveille une créature sensuelle, voire animale, multipliant les partenaires érotiques. Aussi provocante que dans La Comtesse Noire, Romay offre le visage idéal à l'héroïne, objet de fantasme ultime derrière une apparente sagesse.

Le scénario, assez minimaliste, nous propose de suivre le parcours meurtrier du curé. Afin de sauver les âmes perdues des participantes, il décide de les exorciser à sa manière, privilégiant le couteau à la bonne parole, après quelques caresses fort peu louables selon la Bible.

Niveau horreur, il ne faudra pas vous attendre à des déluges d'hémoglobine, même si Franco nous proposera toutefois un peu de tripaille lors de la scène de meurtre du couple dans l'hôtel. Les coups de couteau engendreront le flot de sang nécessaire à ce genre de programme.
Les scènes érotiques sont du même acabit que celles vues dans les films de la fin des années 70. Avec Franco, les poitrines sont souvent belles et l'entrecuisse foisonnante, afin de pointer du doigt la perversité masquée d'une certaine classe sociale se délectant ici de pratiques sadomasochistes et libertines.
Ces moeurs de la petite bourgeoisie seront d'ailleurs régulièrement dénoncées par certains cinéastes du X, à l'image de l'italien Mario Salieri. Sur ce point, il est certain que Franco frappe juste en soulignant avec ironie la démarche de ces participants, les messes noires n'étant qu'une manière de théâtraliser des actes sexuels déviants, donnant une nouvelle dimension au Grand-Guignol.

Malgré quelques lenteurs, Exorcisme et Messes Noires est l'une des meilleures illustrations du cinéma de Franco, et une réplique acerbe à cette religion avilissante dans laquelle il grandit.

Portrait de GORE MANIAC

A propos de l'auteur : GORE MANIAC

J'essaie de partager ma passion pour un cinéma méconnu, mais qui mérite incontestablement qu'on s'y arrête !

Autres critiques

Poltergeist

Poltergeist

Quatrième long-métrage tourné par Tobe Hooper pour le cinéma, Poltergeist représente un sommet dans la carrière du réalisateur de Massacre à la tronçonneuse . Produit et scénarisé par Steven Spielberg, Poltergeist marque une certaine rupture de ton avec les précédents films de son réalisateur, tout en restant dans le registre de l’horreur et de l’épouvante. L’action se déroule dans une banlieue...
Panic Button

Panic Button

On ne le répètera jamais assez : étaler sa vie sur les réseaux sociaux peut s'avérer néfaste. C'est partant de ce postulat de plus en plus évident au regard de l'actualité que les producteurs John Shackleton et David Shillitoe ont eu l'idée de développer un film qui centrerait son intrigue autour de Facebook et de ses dérives potentielles. Bien sûr, on n'est pas dans The...
La Terreur des Morts-Vivants

La Terreur des Morts-Vivants

**Attention, cette critique contient quelques spoilers.** James Garrick, propriétaire d'un petit studio de cinéma à Londres, vient de finir le tournage d'un film basé sur l'histoire de sa famille. Ces descendants seraient responsables de la mort d'une sorcière, brûlée vive. Depuis ces faits, tous les membres de la famille Garrick sont morts dans de dramatiques circonstances...
The Devil Inside

The Devil Inside

Isabella est hantée par le massacre que sa mère a commis voilà vingt ans. Elle décide d'effectuer un reportage sur les exorcismes pour démêler les fantasmes de la réalité et surtout savoir si sa mère est folle à lier ou possédée par une entité démoniaque. Après s'être essayé aux joies des conséquences d'un jeu vidéo basé sur la vie de la comtesse Bathory (!), William Brent Bell signe...
Le Fils du Mask

Le Fils du Mask

Réaliser une suite au Mask de Chuck Russell ? Diantre, que voilà un pari culotté ! Il faut dire que le film original n'appelait pas franchement à une séquelle et que les risques de tomber dans le ridicule ou le grotesque étaient nombreux. Si Chuck Russell était parvenu à évoluer sur le fil du rasoir, toujours sur la corde raide entre cartoon et réalité, pour livrer au final un très bon...
Exorcisme et Messes Noires
Réalisateur:
Sortie France:
Durée:
95 min
6
Moyenne : 6 (1 vote)

Devinez le film par sa tagline :

Some doors should never be opened.
Score actuel : 0
1 pt par bonne réponse, sinon -1 !