Voir la fiche complète du film : La Femme Scorpion (Shunya Ito - 1972)
[[

Femme Scorpion, La

Après avoir tenté de s'échapper, Nami devient la cible des multiples représailles de ses geôliers et d'autres détenues. Série B efficace, <b>La Femme Scorpion</b> brosse avant tout un captivant portrait de femme blessée.
Publié le 19 Août 2011 par GORE MANIACVoir la fiche de La Femme Scorpion
7
**Attention, cette critique contient des spoilers.**

Utilisée par un flic véreux dans le but d'éliminer des trafiquants de drogue, la jeune Nami Matsushima est victime d'un viol collectif. Bien décidée à tuer son ancien amant, la jeune femme est arrêtée avant de s'être vengée, et se retrouve incarcérée dans une prison pour femmes tenue par un directeur sadique et impitoyable.
Après avoir tenté de s'échapper avec une amie, Nami devient la cible des multiples représailles de ses geôliers et d'autres détenues.

Décennie de la libéralisation des moeurs cinématographiques (cf l'incroyable succès médiatique en France du film Emmanuelle), les années 70 verront de multiples sous-genres érotiques investir le Septième Art, notamment celui des prisons pour femmes.
Ce lieu semble en effet propice aux caresses érotiques entre détenues, ainsi qu'aux punitions et autres sévices corporels pouvant attirer un autre public.

Bénéficiant d'un scénario au combien plus travaillé que ceux de la série des Ilsa aux Etats-Unis ou des productions Eurociné en Europe, la série japonaise des Sasori compte à ce jour dix films.
Contrairement aux métrages des années 90, visiblement davantage tournés vers du direct-to-video à consonance érotique, les épisodes des années 70 étaient ambitieux et portés par l'interprétation éblouissante de l'impénétrable Meiko Kaji.

A la fois fragile et fort, le personnage de Nami est l'incontestable point fort du film. Femme bafouée, déterminée à survivre dans le seul but de se venger, Sasori représente aussi l'image de la femme moderne, tentant de s'épanouir dans un monde encore machiste et passéiste (conformément au Japon de cette époque, ici sérieusement pointé du doigt). Autant par ses silences que par ses regards, emplis de mélancolie et de rage intérieure, Meiko Kaji peut être considérée comme l'une des premières icônes du cinéma Bis (son autre grand rôle, Lady Snowblood, inspirera particulièrement Quentin Tarantino pour ses deux Kill Bill).

La première partie du film, située dans l'enceinte de la prison, est un condensé classique des drames quotidiens vécus par des prisonniers. Les gardiens s'y montrent comme souvent aussi sadiques que violents, et les détenues entre elles ne démontrent que sauvagerie et cruauté, à l'instar de la scène de l'énucléation, originale et jubilatoire, et celle dans le hangar.
Les traditions nippones vont de pair avec nos tortionnaires (le shibari y est assez présent, tandis que la figure lacérée d'une des prisonnières fait penser aux masques monstrueux de certaines pièces de théâtre classique japonaises), prouvant que La Femme Scorpion se veut respecteuse de certains codes, malgré un net démarquage dans sa mise en scène brute, ainsi que dans sa seconde partie.

Celle-ci évoque la vengeance de Nami, après son évasion. Dans l'esprit des Rape and Revenge, le film lorgne également vers l'autodéfense : les expéditions punitives de Nami, vêtue dans un superbe ensemble noir de circonstance, rappelant le justicier Charles Bronson dans la cultissime saga des Death Wish.

Le cinéaste Shunya Ito, auteur des trois premiers volets, en profite pour dénoncer l'aspect aléatoire de notre système, la frontière semblant bien étroite entre les représentants de la Loi et ceux qui l'ont enfreint.
Pour Ito, l'Humanité semble se réduire à une forme de lutte perpétuelle pour sa propre survie dans une jungle urbaine désensibilisée. La scène de l'ensevelissement en est l'exemple le plus pertinent.

On peut aussi voir dans ce métrage un certain hommage au western, tant dans certains jeux de couleurs (le ciel rouge aride durant la mort de Yuki), que dans le duel final. Une fois sa vengeance froidement exécutée, Sasori retrouvera son antre carcérale, seul lieu capable de recueillir désormais cet être sans foi ni loi, détruit par la société.

Série B efficace amorçant un virage dans la production cinématographique japonaise, tendant à s'exporter, La Femme Scorpion brosse avant tout un captivant portrait de femme blessée, illuminé par le charme animal de Meiko Kaji.

A propos de l'auteur : GORE MANIAC
Portrait de GORE MANIAC

J'essaie de partager ma passion pour un cinéma méconnu, mais qui mérite incontestablement qu'on s'y arrête !

Autres critiques

Puppet Master
Créateur de poupées réputé, André Toulon est parvenu à insuffler la vie à ses petits protégés. Au courant de ce prodigieux don, les nazis cherchent à l'incarcérer. Toulon décide de se suicider et met à l'abri ses créatures avant que les soldats ne le retrouvent. De nos jours, un riche homme d'affaires invite quatre personnes, dotées de pouvoirs psychiques particuliers, dans un grand...
L&#039;attaque du requin à cinq têtes
Aussi improbable que cela puisse paraître, L’attaque du requin à deux têtes , production méphitique s’il en est, semble avoir lancé une franchise inutile et idiote. À l’instar de Sharknado , cette coproduction SyFy/Asylum massacre le survival animalier dans les grandes largeurs. La bêtise du concept associé à des moyens (budgétaires et mentaux) restreints suffit à fournir des...
Mega Shark Vs. Octopus
**Attention, cette critique contient quelques spoilers.** Durant une plongée sous-marine, une scientifique est interpellée par la fuite d'un groupe de baleines. En fait, la fonte de la calotte glacière a ramené à la vie deux monstres marins que l'on croyait éteints depuis des millions d'années : une pieuvre géante et un mégalodon. Spécialisée dans les nanars à budget réduit, la maison de...
Evil Toons - Qui a peur du diable?
Si l’on en croit l’accroche publicitaire autour du film, Evil Toons se situerait entre Evil Dead et Qui veut la peau de Roger Rabbit ! Dans un sens ce n’est pas totalement faux mais cela s’arrête aux idées de base de ces deux films qui sont recyclées sans pour autant parvenir à reproduire la terreur du film de Sam Raimi, ni le fun et l’exploit technique de celui de Robert Zemeckis. Quatre jeunes...
Shark - Le mangeur d'hommes
Avant que Les Dents de la mer ne devienne le succès et le chef d’œuvre que tous les cinéphiles connaissent, le survival animalier n’en était qu’à quelques essais embryonnaires, comme le vieillissant The Legend of Boggy Creek . Mais pour revenir aux films de requins-tueurs, le métrage de Steven Spielberg n’est pas la première production à traiter du sujet. Certes, son...
La Femme Scorpion
Réalisateur:
Durée:
87 min
7
Moyenne : 7 (1 vote)

Thématiques