Amityville 4
Malgré la présence de Richard Fleischer à la réalisation, Amityville 3D se révélait un échec critique et commercial. Une histoire aussi simpliste qu’éculée, un traitement maladroit, une ambiance angoissante remisée au strict minimum… C’était sans compter le potentiel de la franchise qui s’ouvre désormais au marché du DTV ou, pour l’époque, des téléfilms à destination du petit écran. Le film de Sandor Stern marque un clivage avec les trois premiers opus, car il est le premier à ne pas placer le cœur de l’intrigue au sein du 112 Ocean Avenue. Par la suite, ce choix sera repris jusqu’au remake de 2005. Une idée qui permet de relancer Amityville sur de bons rails ou une vaine tentative ?
Qui a dit que le diable était une lumière ?
Tout comme son prédécesseur l’a fait avec le second volet, le présent métrage fait fi de son dénouement. À l’instar d’un boogeyman ressuscitant dans un slasher, la maison d’Amityville tient toujours debout face aux incendies et aux explosions en tout genre ! Le début se concentre sur une séance d’exorcisme en bonne et due forme. Cela a le mérite de poser l’ambiance et d’écarter le scepticisme propre au film de Richard Fleischer. Pourtant, on serait en droit de s’interroger sur l’intérêt de l’intrigue qui a tout lieu de s’avancer comme un prétexte assez rocambolesque, voire complètement stupide. À la manière d’un mauvais génie emprisonné dans sa lampe, le diable a été chassé de la demeure et prend désormais possession d’une lampe de salon.
Au sens propre, comme au figuré, le ridicule de l’objet n’est en rien révélateur de ce que peut proposer Amityville 4. L’entrée en matière se veut correcte et le scénario fait son office, même s’il ne recèle aucune fulgurance notable. Il offre un tableau familial différent de ses aînés. Après le couple moderne, la famille dysfonctionnelle et le père célibataire, on touche dorénavant à la catégorie monoparentale avec la perte d’un proche. Les fondamentaux sont assez similaires à une famille recomposée et le sort des protagonistes est plutôt bien amené pour faire un parallèle avec les phénomènes paranormaux.
Un appel fondant !
Le fait que leur arrivée coïncide avec la livraison de ladite lampe rend confuse la perception de leur hôte, la grand-mère maternelle. Le changement des habitudes et l’énergie qui anime leur quotidien peuvent aussi bien être imputés au deuil qu’aux manifestations démoniaques. Enfin, cela vaut pour le point de vue des intervenants et non du spectateur. Cependant, l’ensemble reste assez bien amené, notamment avec une hantise qui prend les atours d’accidents domestiques. Plomberie et électricité jouent de la vétusté de la maison pour provoquer des incidents plus ou moins graves. Certes, cela demeure assez sommaire dans le travail de mise en scène. Néanmoins, cela a le mérite de s’affranchir des clichés de circonstances, comme les portes qui claquent et autres courants d’air opportuns.
Il persiste toutefois des écueils assez flagrants tels que les dialogues. Sans être indigents, ceux-ci font s’enchaîner les pléonasmes et les réparties inutiles sans que cela vienne servir l’histoire d’une manière ou d’une autre. De même, les comportements et les réactions sont difficilement compréhensibles puisqu’ils ne tiennent pas compte des épreuves vécues. Mention spéciale à Aron Eisenberg et son doubleur français, horripilants au possible. Quant à la conclusion, elle se veut aussi rapide que bâclée, la faute à un traitement trop expéditif qui minimise les « pouvoirs » diaboliques présentés jusque-là. On souffle donc le chaud et le froid avec des considérations contradictoires.
Jésus Vs la lampe : et le vainqueur est...
Au vu de ce que proposait le troisième volet, Amityville 4 s’avance comme un modeste sursaut d’orgueil. Il parvient à rehausser le niveau grâce à un déroulement relativement cohérent et développé avec honnêteté. Ici, la banalité des incursions démoniaques ne s’appuie pas sur une atmosphère angoissante, mais sur une irruption plus insidieuse qu’à l’accoutumée. Cela fonctionne, même si certaines qualités du métrage se heurtent à des maladresses de caractérisation et quelques scories de réalisation. Dommage, car la gestion de l’espace reste correcte dans la présentation d’une tout aussi grande demeure que le 112 Ocean Avenue. Un volet assez inégal, mais appréciable compte tenu de ce qui le précède et le suit.
Un film de Sandor Stern
Avec : Patty Duke, Jane Wyatt, Fredric Lehne, Lou Hancock