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Haunter - Critique

Un film plaisant malgré quelques longueurs et une ambiance fluctuante, mais dont l'histoire est le gros point fort.

Publié le 15 Mars 2014 par Geoffrey
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Fantôme

En dépit des années et de plusieurs échecs commerciaux, Vincenzo Natali demeure un réalisateur à part, fidèle à ses principes, car au lieu de tomber dans la facilité et le commercial à l'instar de bon nombre de ses collègues, il continue sans relâche à se creuser la tête pour trouver LE concept fort capable de fournir un film original, quitte à déstabiliser le public. Le mémorable Cube et ses pièces mobiles remplies de pièges, c'est lui. L'étonnant Nothing qui envoyait David Hewlett dans un paysage blanc infini, c'est lui aussi.

Aujourd'hui, Vincenzo s'attaque au film de maison hantée. Mais puisqu'il ne fait rien comme tout le monde, ne vous attendez pas à un rollercoaster horrifique façon Hantise de Jan de Bont. Non, la Natali's touch c'est de la subtilité, de l'ambiance et du mystère via une histoire qui ne dévoile ses cartes qu'au fur et à mesure, les rendant ainsi impossible à anticiper.

Vous ne vous étiez sans doute jamais demandé à quoi ressemblerait une fusion entre Un jour sans fin d'Harold Ramis, Sixième Sens de M. Night Shyamalan et Les Autres d'Alejandro Amenábar ? Eh bien, pour paraphraser la célèbre expression d'un ancien Président de la République, Haunter est là pour répondre à cette question que vous ne vous étiez pas encore posée.


Tu voudrais pas fermer ta gu***** ?

Les journées de Lisa se répètent, jours après jours. Lorsqu'elle découvre que sa maison a été le théâtre d'actes terribles, elle va tout faire pour échapper à cette spirale sans fin...


Ne jamais fouiller dans la cave de sa maison. Jamais...

Le film commence donc à la manière d'Un jour sans fin, avec une adolescente qui revit sans cesse la même journée. Excitant, ce point de départ ne constitue pourtant pas le coeur de l'intrigue, laquelle va rapidement prendre une direction inattendue qu'il serait dommage de déflorer ici. Le scénario est en effet le principal atout de Haunter. Complexe (quoiqu'au final relativement basique), imprévisible et intelligente, l'histoire requiert un minimum d'attention pour être pleinement appréhendée, et il y a fort à parier que certains spectateurs se sentiront perdus devant ce récit qui superpose différentes époques et différents personnages. Quoiqu'il en soit, je le répète, le scénario constitue le gros point fort de Haunter. On ne peut malheureusement pas en dire autant de la réalisation.

Vincenzo Natali sait manier une caméra, c'est indéniable. Sa réalisation est dynamique et ses cadrages souvent judicieux. Par contre, le réalisateur canadien peine clairement à distiller l'ambiance pesante et étouffante nécessaire à son huis-clos (oui, toute l'action du film se passe dans la maison). De fait, l'ennui guette à plusieurs reprises, surtout que le scénario, aussi original qu'il soit, manque parfois de tonus et de séquences chocs. Natali tente bien quelques jump scares, mais la banalité de ceux-ci a tôt fait de les désamorcer.
En gros, si le coup du fantôme qui apparaît dans le miroir de la salle de bains derrière l'héroïne ne vous fait plus sursauter depuis longtemps, Haunter vous laissera de marbre.


S'hydrater, c'est important...

Par contre, s'il est un point sur lequel Haunter ne déçoit pas, c'est son casting. De Peter Outerbridge à David Hewlett en passant par Michelle Nolden, tous proposent une interprétation sans faille avec, en cerise sur le gâteau, un Stephen McHattie exceptionnel. Le seul petit bémol est à mettre à l'actif d'Abigail Breslin qui incarnait la petite Bo dans le Signes de Shyamalan et qui donne ici corps à Lisa, l'héroïne, mais qui se montre parfois trop peu expressive par rapport aux angoisses de son personnage. Cela dit, cela se remarque principalement parce qu'elle est omniprésente à l'écran. Sans doute est-elle encore un peu trop tendre pour porter un film tel que Haunter sur ses épaules.


Stephen McHattie, pour vous servir.

Bref, il y a du bon et du moins bon dans ce Haunter, mais ce qui est certain c'est que l'originalité de son histoire en fait un film à voir au moins une fois.

Plaisant en dépit de quelques longueurs et d'une ambiance fluctuante.

Portrait de Geoffrey

A propos de l'auteur : Geoffrey

Comme d'autres (notamment Max et Dante_1984), je venais régulièrement sur Horreur.net en tant que lecteur, et après avoir envoyé quelques critiques à Laurent, le webmaster, j'ai pu intégrer le staff début 2006. Depuis, mes fonctions ont peu à peu pris de l'ampleur.

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