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Instinct de survie - Critique

Un film de requins qui renoue avec un traitement sérieux et crédible du genre. Instinct de survie n’hésite pas à alterner une approche démonstrative et spectaculaire avec une suggestion toute psychologique de la menace animale.

Publié le 11 Juin 2017 par Dante_1984
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Requin

Avec l’afflux d’inepties telles que les productions Asylum ou SyFy, on en oublierait presque que le survival animalier était un genre tout à fait honorable et sérieux en des circonstances différentes. Les films de requins sont particulièrement symptomatiques de cette régression. Même de rares sorties cinématographiques comme Shark3D ne sont pas parvenues à rehausser le niveau. On pensait alors l’exercice vain et soumis aux affres des navets et autres nanars en puissance. Aussi, Instinct de survie n’était pas forcément attendu au tournant. Le fait que la production stagnait (notamment avec le désistement de Louis Leterrier) et le budget initial réduit à peu de choses allait également vers un projet peu engageant.

Une sirène en perdition ?

Pourtant, les premières images tendent à infirmer cette impression. On sent une réelle volonté de redorer le blason des films de requins. Pour cela, on conjugue trois composantes essentielles: le cadre, la peur et la survie. Tourné en Australie, l’environnement est absolument idyllique. La contrepartie de cet écrin naturel (mais qui en fait aussi toute sa beauté) est l’isolement. De fait, on tient en peu d’éléments tous les ingrédients pour susciter une situation de menace permanente. La plage, le rocher, la bouée et la marée. Cette approche minimaliste n’en demeure pas moins pertinente, car elle se veut réaliste et particulièrement bien amenée pour ne pas générer l’ennui ou une quelconque redondance.

L’entame reste bien équilibrée pour présenter le personnage principal et cède vite la place au cœur du film: le grand requin blanc. Le choix de l’espèce n’est guère anodin. Ses incursions sont particulièrement soignées, jouant entre sa présence latente et ses assauts d’une rare violence. Là encore, la mesure entre la suggestion et l’aspect explicite du genre fait s’alterner les moments de fulgurance et de calme. En ce sens, les images parviennent à retranscrire l’état de détresse dans lequel se trouve Nancy. Si l’on peut s’interroger sur le fait que le requin rôde encore dans les premiers instants, les événements qui s’ensuivent ne laissent plus planer le doute, mais provoque une attente propre à susciter l’angoisse.

Un requin qui a les crocs !

Si l’environnement reste ouvert, Instinct de survie s’arroge les mécanismes du huis clos solitaire. Relativement attachante, la principale intéressée ne va jamais parler à tort et à travers, ce qui aurait pu renverser la crédibilité de l’ensemble. Ses actions s’avèrent pertinentes et suffisamment variées pour faire avancer l’intrigue avec méthode et naturel. La marée montante, les soins de fortune qu’elle se prodigue, la mouette comme compagnon ou l’intervention éparse de quelques locaux malheureux... On distingue une pointe d’ingéniosité dans sa manière d’appréhender la situation. La survie étant au centre du métrage, les subtilités pour s’en sortir ne manquent guère, même si elles peuvent paraître téméraires.

Il réside néanmoins un bémol de taille au sein de l’intrigue: le requin en lui-même ou plutôt son comportement. On lui prête des traits de caractère et un acharnement tel qu’il est difficile d’y croire. Le développement se veut foncièrement réaliste. Toutefois, le principal prétexte se départit de toute considération sur ce point. Dommage, car cet écueil empêche le film d’accéder au statut d’incontournable, lui, qui désirait se rapprocher au plus près de la réalité. Certes, trouver une alternative est délicat, mais un minimum de documentation sur le sujet fait rapidement s’envoler les états d’âme d’un squale terriblement hargneux. Pour le reste, les effets spéciaux sont soignés et l’incrustation impeccable.

Rien de tel qu'un peu de lumière pour s'éclaircir les idées en eaux troubles...

Hormis la maladresse citée précédemment, Instinct de survie est un «shark movie» comme on aimerait en voir plus souvent. Nanti d’une mise en scène percutante, d’une actrice convaincante et de séquences variées, le film de Jaume Collet-Serra redore le blason du survival animalier. Preuve en est en reconsidérant tous les aspects du genre pour mieux les exposer à l’écran. La survie en milieu hostile prend ici une signification particulière et, à ce titre, les trouvailles scénaristiques se révèlent aussi habiles qu’astucieuses. Une initiative bienvenue et malheureusement beaucoup trop rare pour devenir la norme au regard d’une concurrence effroyable (dans le mauvais sens du terme).

Portrait de Dante_1984

A propos de l'auteur : Dante_1984

J'ai découvert le site en 2008 et j'ai été immédiatement séduit par l'opportunité de participer à la vie d'un site qui a pour objectif de faire vivre le cinéma de genre. J'ai commencé par ajouter des fiches. Puis, j'ai souhaité faire partager mes dernières découvertes en laissant des avis sur les films que je voyais.

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