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Inunaki - Le village oublié - Critique

Un film d’épouvante qui renoue avec le succès des premières réalisations de Takashi Shimizu et des premières heures de la J-Horror. Inunaki – Le Village oublié privilégie une terreur graphique à l’approche psychologique coutumière du genre. Malsain à certains égards, le récit n’est pas sans rappeler les tourments de Forbidden Siren. On regrettera néanmoins une narration brouillonne et éparse qui atténue la qualité de l’ambiance dépeinte.

Publié le 5 Avril 2021 par Dante_1984
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7
Fantôme

Avec la saga The Grudge, Takashi Shimizu est et demeure l’une des grandes figures de la J-Horror. Au fil des années, l’engouement est pourtant moindre de la part du public. La faute à des productions opportunistes qui s’enchaînent et se ressemblent, ressassant inévitablement les mêmes enjeux et aboutissants liés à des malédictions d’outre-tombe. Le réalisateur lui-même n’a pas été épargné par cette perte qualitative. Preuve en est avec Réincarnation ou, plus récemment, Vol 7500. Certains de ses films sont également restés inédits dans nos contrées. Aussi, Inunaki ne suscite pas de grandes espérances et est parfaitement conscient du contexte dans lequel il s’immisce.

 

Afin d’instaurer une base d’immersion, et peut-être prendre à contrepied les attentes des spectateurs, l’entame s’avance comme un found-footage. Caméra à l’épaule, les deux protagonistes se lancent sur les traces d’une légende urbaine. À l’aide de plans rapprochés et d’un cadrage aléatoire, on s’insinue dans un endroit glauque et surprenant pour une chasse aux fantômes jugée « traditionnelle » de prime abord. Le tunnel renvoie alors à une sensation d’enfermement presque claustrophobique. Cela tient, entre autres, à l’absence de repères, l’obscurité permanente et cette impression d’être piégé avec cette impasse où se logent des baraquements brinquebalants.

Par la suite, on revient à une mise en scène plus classique. Dans un premier temps, l’histoire instaure le mystère qui entoure cette légende urbaine. La multiplication des points de vue tend à évoquer des liens étroits entre les différents intervenants. L’idée n’est pas de se focaliser sur les manifestations d’un spectre vengeur, mais de comprendre les phénomènes qui concernent la défunte population d’un village entier. Si ce n’est la résurgence d’un passé que l’on souhaite enterrer à jamais, l’approche psychologique s’appuie surtout sur cette folie latente qui guette certains personnages. Leur comportement tient alors à autant d’imprévisibilité que de bestialité.

 

Le traitement se montre donc plus explicite que The Grudge. Certes, la mise en condition reste soignée, mais l’on s’éloigne sensiblement des poncifs de la J-Horror pour se focaliser sur une aura plus malsaine. Si certaines incursions laissent à penser à l’auteur Junji Itō, le contexte et le passé du village évoquent surtout le travail de Keiichiro Toyama sur la saga de jeux horrifiques Forbidden Siren. On songe à ces attaques frontales dans le tunnel où l’on entrevoit tout d’abord des nuées de membres avant de dépeindre des spectres aux gestes incertains, à la silhouette floue, presque évanescente. Sans être saisissants, les assauts figurent quelques frissons bien sentis.

Pourtant, on dénotera des approximations évidentes quant au déroulement des faits et au scénario. L’évocation de différentes théories sous-tend autant d’enjeux qui, associés les uns aux autres, rendent la lecture de plusieurs séquences assez brouillonnes. C’est notamment le cas des victimes assimilées aux habitants du village, de l’hostilité exprimée vis-à-vis de certains intervenants et des réactions contraires pour d’autres. De même, le curieux amalgame temporel lors du dénouement a de quoi décontenancer, tout comme cette explication trop évasive sur l’héritage génétique qui affuble les descendants des villageois d’Inunaki. Le fait de s’y étendre plus que de rigueur atténue la bonne appréciation globale.

 

Au final, Inunaki – Le Village oublié s’avance comme une incursion convaincante dans le domaine de la J-Horror. Sans pour autant s’en affranchir, le film de Takashi Shimizu s’éloigne sensiblement des poncifs qu’il a contribué à instaurer dans le genre pour se focaliser sur une légende urbaine aux relents malsains. En dépit d’une narration confuse qui peine à approfondir une piste plutôt qu’une autre, le métrage se distingue par son atmosphère oppressante et ses manifestations paranormales, tout aussi efficaces que bien amenées. On apprécie également l’exploration du cadre, parfaitement intégré dans son environnement, ainsi que la gestion de la lumière et de la photographie pour magnifier le folklore nippon.

Portrait de Dante_1984

A propos de l'auteur : Dante_1984

J'ai découvert le site en 2008 et j'ai été immédiatement séduit par l'opportunité de participer à la vie d'un site qui a pour objectif de faire vivre le cinéma de genre. J'ai commencé par ajouter des fiches. Puis, j'ai souhaité faire partager mes dernières découvertes en laissant des avis sur les films que je voyais.

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