Voir la fiche complète du film : La Maison de la Mort (James Whale - 1932)

La Maison de la Mort

Suite à un violent orage qui menace d'engloutir leur véhicule, un couple et leur ami trouvent refuge dans une étrange maison, perdue en pleine campagne. La Maison de la Mort reste un film mineur dans l'oeuvre de Whale et Karloff, mais devrait intéresser les amateurs de l'âge d'or du fantastique américain.

Publié le 7 Février 2017 par GORE MANIACVoir la fiche de La Maison de la Mort
5

Suite à un violent orage qui menace d'engloutir leur véhicule, un couple et leur ami trouvent refuge dans une étrange maison, perdue en pleine campagne. Rejoints par deux autres voyageurs, ils vont être confrontés à de terribles événements.

Révélé un an plus tôt par son premier Frankenstein, le réalisateur James Whale retrouve Boris Karloff dans un nouveau film d'épouvante. Cependant, le lien entre les deux films s'arrête là, tant les deux longs-métrages diffèrent.


Après nous avoir immergé, en même temps que ses interprètes, dans une ambiance gothique propice au frisson (orage en pleine nuit et demeure plongée dans la pénombre dissimulant bien des mystères), Whale nous présente une galerie de personnages disparate, allant de l'ancien soldat à la danseuse de cabaret, en passant par un magnat des affaires. Ces naufragés sont cependant moins intrigants que leurs hôtes, notamment le cousin Morgan, serviteur muet et alcoolique, au regard ténébreux, hanté par l'immense Karloff. Comme souvent caché derrière un maquillage effrayant, l'un des monstres sacrés d'Hollywood ne joue cependant ici qu'un illustre faire-valoir. Une déception, malgré la qualité du casting, avec le savoureux Charles Laughton, qui cabotine à souhait, et Melvyn Douglas, qui jouera les héros dans un épilogue assez haletant.

Toutefois, la première moitié du métrage tend surtout à mettre en place un nouveau couple, l'ensemble flirtant parfois avec la comédie (la vieille dame sourde) et la romance. Heureusement, entre de longs bavardages, Whale démontre sa virtuosité dans des cadrages de belle facture et des jeux de caméra réussis (la scène du miroir avec l'héroïne), évoquant les grandes heures de l'expressionisme allemand, dont Whale est un fervent admirateur.


La seconde moitié du métrage semble enfin s'orienter vers l'épouvante, avec une découverte plus détaillée de cette vieille demeure. L'occasion de découvrir les autres membres d'une famille ravagée (dans tous les sens du terme), même si Whale semble toujours hésiter à foncer tête baissée dans l'horreur pure, privilégiant une certaine forme d'onirisme parfois un peu naïf. La révélation du mystère hantant le grenier familial tient ses promesses, l'horreur visuelle faisant ici place à une terreur plus psychologique, annonçant sans doute, bien avant l'heure, les futurs psychopathes au sang froid du Septième Art. Néanmoins, les dernières minutes du film, à la lueur du jour, semblent indiquer que le drame qui vient d'avoir lieu n'était qu'un simple incident de parcours (cf. la réaction de l'hôte de maison, tout sourire), ce qui porte un coup au sérieux de cette entreprise.

Proposé en DVD chez l'éditeur Elephant Films, avec trois autres métrages des années 30, cette Maison de la Mort bénéficie d'une image restaurée assez réussie, malgré quelques scènes moins bien travaillées, et d'une présentation d'une bonne quinzaine de minutes signée Jean-Pierre Dionnet. L'occasion de redécouvrir une rareté des années 30 à petit prix.


Néanmoins, difficile de s'enthousiasmer plus que de raison pour ce long-métrage quelque peu décevant dans la filmographie de Whale. Une énième preuve que ce dernier semblait peu motivé à poursuivre dans l'épouvante gothique après son Frankenstein, même s'il renouera avec le succès quelques années plus tard, avec la cultissime Fiancée de Frankenstein.

Préfigurant sans doute les futurs détournements burlesques du genre (cf. la saga des Deux Nigauds, dès les années 40), la Maison de la Mort reste un film mineur dans l'oeuvre de Whale et Karloff, mais devrait intéresser les amateurs de l'âge d'or du fantastique américain, qui retrouveront quelques motifs de satisfaction derrière certaines scènes.

A propos de l'auteur : GORE MANIAC
Portrait de GORE MANIAC

J'essaie de partager ma passion pour un cinéma méconnu, mais qui mérite incontestablement qu'on s'y arrête !

Autres critiques

Les Démons du maïs 5 : la Secte des Damnés
Y a vraiment pas à dire : le maïs, c'est une belle saloperie. Encore pire que la pire des mauvaises herbes. T'as beau le couper, l'arracher ou le crâmer, il revient toujours... Vous êtes prêts pour une cinquième incursion dans ces champs dégénérés où les plantes sont nourries au sang et où les enfants portent des prénoms bibliques ? Si oui, suivez-moi, c'est par ici que ça se...
Le Projet Atticus
Autour du Docteur Henry West, un groupe de scientifiques américains a fondé un laboratoire expérimentant, dans les années 70, les capacités télékinésiques de certains patients. En 1976, le Projet Atticus va être confronté à de terribles phénomènes, dès l'arrivée d'une mystérieuse nouvelle patiente, Judith. Lorsque le found footage, dernier sous-genre horrifique en vogue au pays de l'Oncle Sam,...
La nuit des requins
Si les années 1980 sont assez prolifiques dans le domaine horrifique avec l’émergence de boogeymans emblématiques, le survival animalier profite avec modération du succès des Dents de la mer . Loin d’être notable, on peut citer les deux dernières suites au chef d’œuvre de Spielberg, ainsi que La mort au large . Produit italien de seconde zone qui s’avance comme une version...
Inunaki - Le village oublié
Avec la saga The Grudge , Takashi Shimizu est et demeure l’une des grandes figures de la J-Horror. Au fil des années, l’engouement est pourtant moindre de la part du public. La faute à des productions opportunistes qui s’enchaînent et se ressemblent, ressassant inévitablement les mêmes enjeux et aboutissants liés à des malédictions d’outre-tombe. Le réalisateur lui-même n...
Manifest
À bien des égards, le format de la série permet de développer des intrigues tortueuses où le suspense est de rigueur pour maintenir l’attention et l’intérêt du spectateur. En cela, les années2000 ont parfaitement assimilé ce potentiel avec des productions qui ont changé le paysage télévisuel contemporain. On songe à 24 heures chrono ou, pour rester dans le domaine de l’...
La Maison de la Mort
Réalisateur:
Sortie France:
Durée:
72 min
6.75
Moyenne : 6.8 (4 votes)

La Maison de la mort de James Whale : bande-annonce

Devinez le film par sa tagline :

L'innocence finit dans le sang
Score actuel : 0
1 pt par bonne réponse, sinon -1 !

Thématiques