La Nuit des Maléfices - Critique
La Nuit des maléfices est un objet bancal, mais fascinant : une tentative ambitieuse de folk horror réaliste, marquée par des choix esthétiques audacieux mais douteux.
Sorti en 1971, La Nuit des maléfices de Piers Haggard (ou The Blood on Satan’s Claw de son titre original, soit Le sang sur la griffe de Satan) fait partie de ces films de Folk Horror discrets souvent éclipsés par les monuments du genre comme The Wicker Man ou The Witch pour citer une référence plus récente.
Pourtant, sous ses airs de série B maladroite, se cache une œuvre étrange, dérangeante et profondément atypique.

Plantée dans une campagne anglaise lumineuse, loin des nuits brumeuses traditionnelles du cinéma gothique britannique, l’histoire commence lorsqu’un jeune paysan découvre, en labourant son champ, un étrange crâne garni d’un œil qu’il attribue à Satan. Dès lors, la corruption va s’installer insidieusement dans la petite communauté, gangrénant peu à peu ses adolescents, ses enfants… et ses adultes, sous l’œil froid d’un juge autoritaire.

Premier choc : ici, pas de nuit noire, pas de château hanté. Haggard prend le contre-pied des habitudes en filmant ses horreurs en plein jour, dans des champs verts sous un ciel bleu éclatant. Ce choix audacieux, qui aurait pu renforcer le malaise, désamorce malheureusement en partie la tension et l'horreur se dilue quelque peu dans cette luminosité omniprésente. De fait, l'atmosphère peine parfois à s’installer.
Sur le fond, on est clairement dans la folk horror pure et dure. Pas de héros pour nous rassurer : tous les personnages sont antipathiques, ternes, voire franchement inquiétants. Même les figures d’autorité, censées incarner l’ordre et la raison, apparaissent ambiguës, voire sinistres. La Nuit des maléfices est un film radical dans sa manière de ne jamais offrir de repère rassurant, et à ce titre, il demeure assez atypique (même si là encore, nous pourrions le comparer à The Witch).

Mais si La Nuit des maléfices réussit à troubler, il souffre aussi de carences assez flagrantes. Le casting est très inégal, notamment la jeune sorcière Angel censée incarner la tentation du mal, qui manque cruellement de charisme. Difficile d’être véritablement terrifié par ce « vecteur du diable » un peu fade. Dans l'ensemble, les acteurs semblent souvent dépassés, sans que la direction d’acteur ne les aide à mieux incarner la tragédie surnaturelle qui se joue. Les costumes sont également critiquables tant ils semblent sortir tout droit de l’atelier de confection.
Mais, de façon plus globale, c’est toute l’esthétique du film qui manque de saleté, de cette ambiance poisseuse et suintante réclamée par l’histoire.

Le film propose tout de même quelques séquences frappantes : mutilations, apparition d’étranges « patchs » de fourrure diabolique sur la peau, sacrifices rituels, et surtout une atmosphère de dérèglement sourd, presque invisible mais omniprésent. Le final, lui, part un peu en vrille, avec ses ralentis, ses arrêts sur image et sa musique faussement triomphante, laissant une impression un peu gênante de bricolage maladroit, presque involontairement comique.
En définitive, La Nuit des maléfices est un objet bancal, mais fascinant : une tentative ambitieuse de folk horror réaliste, marquée par des choix esthétiques audacieux mais douteux. Ce n'est ni un échec total, ni une réussite franche : seulement un film troublant, imparfait, parfois maladroit, mais habité par une vraie volonté de sortir des sentiers battus.

Un film qui mérite d’être découvert, non pas pour sa réussite formelle, mais pour son étrangeté atypique. D’ailleurs, les éditions Rimini viennent d’ajouter le titre à leur excellente collection Angoisse. Ce combo Blu-ray + DVD + livret propose une restauration HD respectueuse du format 1.85:1, avec un grain de pellicule bien conservé, des couleurs saturées et une image propre malgré quelques rares défauts.

Côté son, deux pistes DTS-HD Master Audio 2.0 sont disponibles : une version originale de qualité et une VF correcte.
Côté bonus, l’édition propose, Le traditionnel livret de 24 pages rédigé par Marc Toullec (intitulé « Sous le soleil de Satan »), qui revient sur le contexte du film et le cinéma d’horreur britannique à la fin des années 60, ainsi qu’une présentation vidéo par Olivier Père (Arte France, 42 minutes) lequel décrypte le film et son inscription dans la mouvance folk horror.





























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