Au cinéma, les crocodiles sont un peu dans le même cas de figure que les requins. Il existe pléthore d'étrons les concernant et, disproportionnellement, très peu de productions capables de se démarquer, à tout le moins proposer un moment distrayant pour les amateurs. Mis à part Primeval, Rogue (Eaux troubles) et Black water, il faut reconnaître que c'est bien peu compte tenu des nanars environnants. En 1999, Lake placid était néanmoins parvenu à créer une petite surprise et, est à ce jour, parmi le quatuor de tête des meilleurs films de crocodiliens. Au vu de son succès somme toute honorable, il paraissait inévitable que ce joli potentiel soit exploité pour des direct-to-video à l'intérêt très discutable.
Prêt pour l'instant bronzette ?
Il aura donc fallu attendre sept ans pour voir arriver une suite et, rien n'est moins étonnant, elle ne passe pas par la case ciné. C'est David Flores, auteur du misérable crossover Boa Vs Python, qui s'y colle. Sa filmographie n'est pas faite pour nous rassurer et, le moins que l'on puisse dire, c'est que ce deuxième opus navigue dans les eaux troubles du navet fauché et opportuniste. Le réalisateur reprend grosso modo les mêmes ingrédients que son aîné, à ceci près qu'il dispose d'un budget au ras des pâquerettes et d'un sens de la mise en scène à jeter aux orties.
Certes, une suite est bien souvent inférieure à son prédécesseur, grandes ou petites productions. Néanmoins, on est en droit d'attendre un minimum de qualités. A fortiori, lorsqu'il s'agit d'un bon film. Dans le cas présent, l'histoire se veut un salmigondis de tout ce que le survival animalier puisse nous infliger en terme d'aberrations et d'idioties, clichés malvenus et autres défauts inhérents à des tâcherons sans l'once d'une quelconque conscience professionnelle. On ne parle même plus de prétextes pour mettre en avant le croco, mais d'un joyeux bordel qui n'a pas vraiment de sens ou très peu.
Un joli noeud papillon pour la soirée !
L'un des nombreux écueils de Lake placid 2 réside dans sa structure narrative brinquebalante et son rythme digne des montagnes russes. Bien que les interventions de notre croco mal modélisé soient fréquentes, elles entrecoupent des passages plats, redondants et à l'utilité somme toute discutable pour faire avancer l'histoire. Celle-ci oscille entre les péripéties de pacotilles d'un groupe de jeunes et celui du shérif, bien destiné à chasser la bête. En somme, nous avons droit à une resucée du premier volet avec les stéréotypes des nanars de circonstances.
Pour esquisser les personnages, là encore, les scénaristes ont dû être victime d'une flémingite aiguë. Entre le shérif, son acolyte, le chasseur de croco que l'on croit sortir du premier opus et la bande de copains aussi expressif qu'un banc de perches, on nous ressasse des poncifs éculés, archi-vu et donc pénibles. Le jeune garçon fraîchement débarqué de la ville, la belle plante qui n'a rien trouvé de mieux à faire que de tomber dans les bras du parfait débile... Que dire ? C'est un constat autant affligeant que désespérant. À croire qu'il n'existe qu'un seul type de caractères pour ce genre de films (ce qui est parfaitement faux, mais bon…).
Un Croco ? Où ça, un croco ?
Et notre cher croco dans tout ça ? Huit années le séparent de son aîné et pourtant, il n'a jamais été aussi moche et peu crédible. Le réalisateur ne lésine pas sur les gros plans, mais les images de synthèse sont abominables et l'incrustation de l'animal dans son environnement s'avère calamiteuse. Une catastrophe tellement évidente que l'eau a bénéficié également d'un lifting pixellisé. Pour ce qui est des attaques, rien de bien palpitant à se mettre sous la dent. Le croco choppe. Le croco avale. Seulement, les hors-champ sont trop souvent utilisés et l'hémoglobine n'abonde pas dans le sens contraire.
Bref, Lake placid 2 n'est pas seulement une mauvaise suite. C'est aussi un film lamentable et fainéant qui se permet de repomper sans vergogne des éléments du premier volet à des clichés malvenus et épuisants tant ils s'avèrent évidents et grossiers. Histoire anémique, rythme chaotique, effets spéciaux dignes de l'interprétation des acteurs. Nul à tous les niveaux, un second volet qui se contente de régurgiter des séquences vues et revues. Difficile de lui trouver des qualités ou des excuses puisque le film semble se moquer (une fois de plus) des spectateurs.