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Le Dernier Pub avant la Fin du Monde - Critique

Un film exceptionnel qui ne comporte aucun moment de faiblesse.

Publié le 5 Septembre 2013 par AqME
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10
Extra-Terrestre

Beaucoup de personnes ne le savent pas, mais les trois films qui unissent Edgar Wright, Simon Pegg et Nick Frost portent un nom commun. En effet, on parle de trilogie Cornetto. La référence est assez simple, puisque cela renvoie au fait que les personnages se retrouvent toujours à manger des glaces de la marque. Après la réussite évidente et rafraîchissante de Shaun of the Dead, qui offrait une comédie dans le domaine du zombie et qui dépoussiérait grandement le genre, le trio s'était lancé dans la parodie de thriller. Hot Fuzz était beaucoup plus bordélique, mais toujours aussi drôle et efficace, avec un final explosif.
Après deux gros succès, le trio se sépare pour faire route seule dans d'autres projets. On retrouvera Simon Pegg dans les films Star Trek de J.J Abrams, Nick Frost dans Attack the Block de Joe Cornish et Edgar Wright a réalisé Scott Pilgrim Vs The World avec Michael Cera. C'est avec une attente fébrile et une joie non dissimulée que l'on regarde Le Dernier Pub Avant la Fin du Monde (The World’s End en VO).


Coma idyllique

L'histoire de ce film est résolument l'une des plus intelligentes qui soient. En effet, sous un propos comique et presque crétin, le réalisateur glisse ses thèmes préférés, que l'on retrouve dans toute sa trilogie, et propose un thème puissant, cela de la tyrannie et du contrôle des masses, ainsi que celui de la vitesse de communication. Gary King est un éternel adolescent. Alors qu'il était jeune, avec ses quatre meilleurs amis, ils ont essayé de faire la voix maltée, c'est-à-dire le tour de tous les pubs de sa ville en vidant une pinte à chaque endroit, soit douze pintes. Malheureusement, c'est un échec, car le groupe s'arrête au dixième pub. 20 ans plus tard, il décide de réunir la troupe pour retenter l'aventure, car il ne s'est jamais senti aussi vivant depuis. Mais leur ville d’enfance a bien changé et ils vont se rendre compte que des robots au sang bleu ont remplacé une bonne partie des habitants.

Bien entendu, sous ce propos plutôt léger, le réalisateur va glisser des thèmes qui lui sont chers. On y retrouve donc cette volonté de ne pas grandir, de refuser même de devenir un adulte et d'avancer. On a aussi le thème récurrent du refus de regarder le passé, de peur d’affronter ses démons. Tous ces thèmes sont très prégnants au sein du personnage principal qu'incarne Simon Pegg. Mais les thèmes les plus importants sont véritablement les plus forts. On peut voir l'importance de l'amitié et le fait de compter sur les autres, notamment dans certains sacrifices que font les autres personnages. Mais la critique la plus acide visera le système et la faculté qu’ont les êtres humains de s'abaisser face à un régime totalitaire. C'est assez nouveau de voir cela dans un film d'Edgar Wright, mais il faut avouer que c'est très bien fait et diablement intelligent.

Bières et Carpenter, une histoire de références

Parmi les nombreuses références que l'on peut voir dans le film, il y a énormément d'appels aux films de John Carpenter, et c'est tant mieux ! On notera la similitude entre ce film et Invasion Los Angeles, puisque les deux métrages mêlent humour et science-fiction, mais aussi le même message de fond. Mais Edgar Wright est loin d'être un crétin et distille ses références de manière intelligente, sous la forme d'ordre que l'on peut voir en fond ou lors de la découverte des envahisseurs. On peut aussi voir une grosse référence à The Thing, lors d'une séquence où les copains doivent se montrer leurs blessures pour prouver qu'ils ne sont pas l'un d’eux. Toutes ces références résonnent comme un hommage vibrant au cinéma de science-fiction. On peut aussi voir un hommage au film Le Jour où le Terre s’arrêta de Robert Wise avec la statue dont le visage rappelle étrangement le robot qui doit liquider la planète. En dehors de ces autres références, on y retrouve bien évidemment des passages rappelant les deux autres films de la trilogie, comme le coup de la palissade, le coup de la glace Cornetto ou encore un gazon impeccable avec un joli message, référence immédiate à Hot Fuzz. Mais tout cela est savamment mis en scène et fait de façon très intelligente.


Bagarres de comptoir !

Si Simon Pegg, c'est qu'il a versé de la bière sur lui !

En dehors de l'histoire d'une intelligence fracassante et d'une réalisation faramineuse, les acteurs du film sont d'une incroyable justesse. Simon Pegg joue un personnage bien différent que ses deux autres rôles. Looser dans Shaun of the Dead, policier tête brûlée dans Hot Fuzz, il joue ici un éternel adolescent qui refuse de grandir et qui n'a pour objectif que de réussir la voie maltée, car il n'a rien d'autre dans sa vie. Même s'il est très drôle tout au long du métrage, notamment grâce à des dialogues d'une finesse fantastique, on sent qu'il cache quelque chose, qu'il n'est pas heureux et il est vraiment très efficace. On voit ici toute sa palette d’acteur et c'est un très grand acteur, sans aucun doute. À ses côtés, Nick Frost a lui aussi un rôle bien différent et les relations liant les deux personnages sont bien différentes. Il est lui aussi excellent, notamment lorsqu'il pète les plombs et qu'il commence à avoir le poing facile.

Si les deux précédents films se focalisaient sur le duo, les personnages secondaires sont d'une grande importance. Paddy Considine (Blitz) est le troisième homme et même si son rôle reste assez effacé par celui de Simon Pegg, c'est d'ailleurs ce que veut le scénario, il n'en est pas moins très bon. Tout comme Eddie Marsan qui joue le peureux de la bande et qui s'en sort à merveille. Martin Freeman, Bilbo le Hobbit, est lui aussi exceptionnel, dans le rôle d'un agent immobilier qui se croit homme d'affaires et dont l'amabilité est plutôt louche. Rosamund Pike est l'atout charme du film et elle joue magnifiquement bien, même si elle reste plutôt en retrait. Par contre, Pierce Brosnan est vraiment très bon, avec un rôle qui le rapproche de celui qu'il avait dans Mars Attacks ! et qui lui va à merveille. Bref, le casting est vraiment aux petits oignons.


Il t'a tant plus que ça !?

Au final, Le Dernier Pub Avant la Fin du Monde est un film exceptionnel. Le métrage ne comporte aucun moment de faiblesse, tout est parfait, que ce soit dans le rythme, dans les dialogues, dans l'histoire, dans la résolution finale, dans l'humour ou encore dans l'action. Edgar Wright montre qu'il est un petit génie qui sait tout filmer et qui a des idées innovantes et rafraîchissantes. La fin est elle aussi grandiose, inattendue et d'une grande intelligence. Bref, il s’agit là d'un des meilleurs films de l'année, si ce n'est le meilleur.

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