Les Portes du temps : un nouveau monde
La série Nick Cutter (ou Primeval) tire sa révérence en 2011 après cinq saisons à l'intérêt inégal. Il en ressortait une saga distrayante, bien fichue, mais répétitive et aux aboutissants assez décevants dans l'ensemble. Pour rappel, le dénouement n'offrait pas toutes les réponses que l'on attendait et se permettait d'ouvrir une porte (pas temporelle celle-ci !) vers de nouvelles possibilités et, éventuellement sur une saison supplémentaire. Cette dernière ne verra jamais le jour et, en lieu et place de cela, l'on nous propose un spin-off Canadien qui aura duré une année. Avons-nous droit à une véritable conclusion ou à une transposition sans réelle innovation du matériau original ?
La nouvelle équipe de chocs.
Primeval– : New world reprend exactement les mêmes ingrédients que son prédécesseur. Autrement dit, des dinosaures échappés de diverses ères sombres et reculées qui s'invitent à notre époque. Le but ? Les ramener chez eux sans faire de victimes (humain ou animal). Il est vrai que l'on ne sait jamais ce que peut provoquer la mort d'un reptile vieux de plusieurs millions d'années sur notre siècle (imaginez l'effet papillon à une échelle démesurée). De ce côté, la trame narrative des épisodes demeure identique : une anomalie, une bestiole (de préférence affamée), une petite traque et le retour au bercail pour notre bande de héros.
La progression se montre très linéaire et pas vraiment étonnante. À quelques exceptions prêtes, la finalité reste toujours la même et les surprises se font grandement attendre. Peu importe si l'on rate un épisode ou que l'on prend l'histoire en cours de route, il est très facile de s'y retrouver, quand bien même vous ne connaissez pas la saga Primeval. De fait, la construction des récits s'avère encore plus redondante qu'auparavant. Ce constat occupe une place tellement prépondérante qu'il en devient presque ennuyeux. Et ce n'est pas au niveau du rythme que l'affaire s'arrangera, bien au contraire...
Encore un sale petit trouble-fête.
En effet, les épisodes s'entrecoupent régulièrement de séquences à l'utilité toute discutable. Ce n'est pas un mal lorsqu'il s’agit de développer les personnages, mais ce n'est pas du tout le cas dans le cas présent. La platitude de certains dialogues et les retournements assez alambiqués ou faciles pour mettre un terme à la chasse aux dinos trahissent un manque d'idée flagrant. D'ailleurs, n'espérez pas avoir droit à des réponses supplémentaires ou révolutionnaires concernant les anomalies (le fil rouge de la série). L'intrigue est avare en révélations et préfère se contenter des artifices de circonstances. Autrement dit, des promesses qui ne seront pas tenues. Pire, le dernier épisode n'offre aucune conclusion digne de ce nom !
Autre déception : le casting. Hormis de brèves apparitions de têtes connues (Connor Temple lors du premier épisode), les interprètes font pâle figure face à l'équipe de Nick Cutter. Outre un charisme inexistant, les caractères ne sont absolument pas développés correctement. On a droit au héros richissime et torturé par la perte de sa femme, au fidèle acolyte, un rien sportif et teigneux ou de jeunes et fringantes demoiselles qui prévalent davantage pour leur charme que pour leur talent d'actrices avec des expressions très limitées. Dans tout ce beau monde, il n'y a même pas un amateur de bestioles préhistoriques qui auraient pu les éclairer. Tout juste devons-nous écouter aveuglément une garde forestière qui sort les noms des espèces sans vraiment savoir de quoi elle parle (« Il n'existe pas de raptors de la taille d'un hamster ? »).
Une vieille connaissance...
Ce qui nous amène au point fort de la série : les dinosaures. Il faut reconnaître que les effets spéciaux sont plus que louables pour une production télévisée. Le grain des images de synthèse, l'incrustation dans des plans réels ou l'animation des reptiles jouissent d'un soin tout particulier. Même si l'on a droit à quelques astuces faciles en ce qui concerne certains affrontements, le rendu permet l'illusion de voir de véritables dinosaures. Certes, le constat n'est pas bluffant au point de décrocher la mâchoire, mais disposent de qualités esthétiques indéniables. Il est bon de noter que la diversité des décors répond à l'appel. Entre les grands espaces ou les rues moins accueillantes des villes, on nous offre un panel de possibilités appréciables.
Pour la variété des espèces, Primeval :– New world ne déroge pas à la règle. On a droit à des animaux assez rares à l'écran (en dehors des documentaires et encore…) tels que l'ornitholeste, le pachycephalosaurus ou le brontoscorpio pour n'en citer que quelques-uns. Élément notable : les plus récentes découvertes (le premier titanoba a été trouvé en 2009) côtoient des dinosaures que tout le monde connaît comme le ptéranodon ou le tricératops. En revanche, les séquences où ils tuent un membre de l'espèce humaine restent très furtives. Une volonté pour engranger un public de tous horizons (jeunes et moins jeunes) sans choquer, ce qui était déjà le cas avec Nick Cutter.
Scorpion : Aujourd'hui, vous allez passer une journée pourrie. Restez dans votre lit.
Au final, Primeval : New world n'apporte pas grand-chose à la mythologie amorcée par son prédécesseur. Pratiquement aucune révélation pour un scénario décevant dans son ensemble et qui comble des carences narratives par des dialogues parfois absurdes. Il est vrai que l'enrobage visuel flatte la rétine et remplit son cahier des charges sans la moindre difficulté. Toutefois, ce spin-off s'arroge davantage les atours d'une saison bonus plutôt que de s'inscrire dans la continuité de la série originale. En somme, une série à la progression mal maîtrisée et répétitive qui ne prévaut que pour ses effets spéciaux. Bien fait, sans surprise et surtout sans une véritable conclusion.
Un film de Andy Mikita, Martin Wood, Amanda Tapping
Avec : Niall Matter, Sara Caming, Miranda Frigon, Geoff Gustafson