Maniac
Voilà l'un de ces chef-d'oeuvres un peu oublié du cinéma d'horreur d'antan. Pourquoi ? Parce que ce film dérange. Pourquoi dérange t-il ? Parce qu'il raconte une histoire – simple en apparence – qui dérange. C'est pas très clair n'est-ce pas ? Je vais éclaircir un peu les choses, rassurez-vous.
Frank Zito (le regretté Joe Spinell) vit seul dans un petit studio d'une banlieue. Homme d'un certain âge au physique difficile, il vit... on-ne-sait-trop-comment. Son esprit est torturé par ses troublants souvenirs d'enfance. Une mère violente, abusive, qui ne se préoccupait guère de son sort et l'enfermait sans cesse dans un placard... Frank Zito est hanté par le souvenir de sa mère et il ressent le besoin incessant de faire "payer" aux femmes le prix de sa douleur passée. Sur son chemin, il va croiser des femmes et va les assassiner brutalement...
Un résumé un peu court, je sais, mais je préfèrerai que vous visionnez le film car le résumer est loin d'être une tâche aisée. Donc, voilà pour le pitch de base.
Tout d'abord, quelques mots sur le réalisateur William Lustig. Maniac est son troisième film. Il continuera sur sa lancée avec l'excellente trilogie des Maniac Cop (1988, 1990, 1992). Par la suite, son Uncle Sam (1997) décevra un peu. Lustig demeura donc dans les mémoires collectives le réalisateur de Maniac et de Maniac Cop.
Le film repose sur les épaules d'un seul homme : l'acteur Joe Spinell (décédé le 13 janvier 1989). Il est tout simplement incroyable dans le rôle de cet homme, que la folie pousse à tuer des femmes pour nourrir sa soif de vengeance. Si le film fait autant peur, c'est bien grâce à sa prestation ébouriffante. La première fois que j'ai vu le film, j'ai vraiment cru qu'ils avaient filé le rôle à un véritable dément. Spinell nous fait croire à la folie de son personnage en employant le ton juste et les expressions de visages adéquates.
Le film est très gore. C'est un peu normal avec la présence au générique de grands noms des effets spéciaux de maquillage tels que Rob Bottin ou Tom Savini (qui tient un court rôle dans le film... il finit la cervelle explosée et répandue dans l'intérieure d'une voiture). Mais les effets gore ne sont qu'un "outil" pour appuyer la folie du personnage de Frank Zito. Le choc est terrible.
Les décors sont glauques à souhaits (la scène dans le métro est magistrale à ce propos, un véritable tour de force). Lustig, dans des décors banals, parvient à instaurer en quelques secondes un climat oppressant, sombre, angoissant. Lorsque Zito se retrouve seul avec une femme (la prostitué, la passante dans la rue), l'issue est fatale. La femme DOIT mourir pour Zito. Et Lustig de cadrer ses acteurs en plans serrés pour nous rapprocher des personnages, nous faire ressentir leur peur.
Un film à ne pas mettre entre toutes les mains. Un film sur la folie, sur le meurtre ou tout simplement sur un homme, dont le manque d'affection dans sa jeunesse a transformé en "maniac"... Belle démonstration de la part d'un réalisateur malheureusement beaucoup trop discret.
Un film de William Lustig
Avec : Joe Spinell, Caroline Munro, Kelly Piper, Gail Lawrence