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Masters of Horror 23 - Le Chat Noir - Critique

La série d'horreur phare de la décennie 2000 rend hommage à l'oeuvre d'Edgar Poe dans cet épisode de la Saison 2 réalisé par Stuart Gordon, habituel spécialiste de l'oeuvre de Lovecraft.

Publié le 1 Janvier 2008 par GORE MANIAC
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Ecrivain Adaptations de romans ou de nouvelles

L'écrivain Edgar Poe tente, tant bien que mal, de subvenir aux besoins de son épouse, la jeune Virginia, gravement malade, en publiant ses poèmes et contes. Mais les ennuis s'accumulent suite à la présence toujours plus envahissante du chat du couple, Pluton.

S'inspirant rarement de nouvelles ou de romans, la série Masters Of Horror faisait ici exception en adaptant, pour l'un des épisodes de la deuxième saison, l'une des plus célèbres Histoires Extraordinaires d'Edgar Poe, Le Chat Noir. Habituellement fidèle à l'oeuvre lovecraftienne, c'est le cinéaste Stuart Gordon qui se charge de la mise en scène de cet épisode un peu différent des autres, par son contexte scénaristique donc, mais aussi par l'époque dans laquelle il se situe, le dix-neuvième siècle.

Épisode ambitieux et un peu à part dans la série, Le Chat Noir se paie même le luxe d'associer la trame de la nouvelle avec l'évocation de la vie même de l'écrivain, pari osé et en partie réussi. En partie, car il faut avouer qu'il y a du bon, mais aussi du plus convenu, dans cet épisode. Au rayon des satisfactions, il y a déjà le plaisir de revoir réuni le trio du cultissime Re-Animator : Paoli (scénariste)-Combs (acteur)-Gordon (réalisateur).

 

Après avoir souvent travaillé sur les ouvrages de H.P. Lovecraft, le couple scénaristique composé de Gordon et Paoli a déjà fait ses preuves de belle manière, en rendant plus accessibles les compositions de cet auteur phare, en les transcrivant à notre époque, et en y ajoutant souvent une bonne dose d'humour noir, de gore et d'érotisme macabre. La saga des Re-Animator est le parangon de la carrière de Stuart Gordon, excellent cinéaste de série B (Fortress, Les Poupées), qui peut se targuer d'avoir signé une filmographie fidèle à sa vision de l'horreur, redonnant à l'oeuvre de Lovecraft toute son ampleur et sa force. Bénéficiant le plus souvent de budgets restreints, Gordon s'est fait plutôt rare ces dernières années sur le grand écran, même si un quatrième Re-Animator est régulièrement annoncé. La série Masters of Horror lui avait permis, dès la première saison, de refaire parler de lui, avec une adaptation savoureuse d'une nouvelle de Lovecraft : Le Cauchemar de la Sorcière (l'un des meilleurs épisodes de cette saison).

Pour illustrer Poe, Gordon a travaillé sur une photographie rétro qui sonne assez faux, n'égalant en rien un classique noir et blanc (cf Elephant Man), même si le jaune du canari et, surtout, le rouge du sang sur le piano valent le coup d'oeil, apportant un cachet particulier à l'image. Le scénario, assez ingénieux bien que déroutant, associe la biographie de Poe à l'une de ses nouvelles. On y découvre donc mieux l'artiste, alcoolique notoire et quelque peu sensible mentalement, et on y évoque également la maladie grave de la jeune épouse de Poe, Virginia, cousine de l'écrivain, qu'il épousa alors qu'elle n'avait que quatorze ans, et emportée par la maladie environ dix ans plus tard.

La relation entre les deux personnages est assez touchante, mais l'interprétation n'évite pas certains excès, à commencer par le jeu d'un Jeffrey Combs aussi décevant que son nez est faux (quelle idée de lui faire ce nez digne d'un Cyrano ?). Exceptionnel en savant fou dans la série des Re-Animator, l'acteur fétiche de Gordon peine à donner la mesure de son talent dans un rôle qui aurait mérité plus de tempérance (le William Macy d'Edmond aurait probablement été parfait dans le rôle de Poe).

 

Autre déception dans cet épisode, une première partie lente et assez maladroite, que l'épilogue, plus sanglant et sombre (renouant par là avec l'esprit caustique de la nouvelle), n'efface pas totalement des esprits embrumés des spectateurs. La pendaison du chat et le crâne défoncé de l'épouse de Poe (scène plutôt bien rehaussée par de bons effets gore) permettent de finir sur une note plus positive, sans jeu de mot macabre cher à l'écrivain.

Néanmoins, on peut se demander si un scénario moins alambiqué n'aurait pas rendu l'ensemble plus agréable à suivre. En tout cas, un épisode assez représentatif d'une série quelque peu surestimée, et qui démontre que Gordon est moins à l'aise avec l'univers de Poe qu'avec celui de Lovecraft.

Portrait de GORE MANIAC

A propos de l'auteur : GORE MANIAC

J'essaie de partager ma passion pour un cinéma méconnu, mais qui mérite incontestablement qu'on s'y arrête !

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