Voir la fiche complète du film : Smash Cut (Lee Demarbre - 2008)

Smash Cut - Critique

Able Whitman, cinéaste dénué du moindre talent, est anéanti après la première, catastrophique, de son dernier film en date. Lee Demarbre se dénie lui-même en signant un film politiquement correct qui ne troublera pas outre mesure des producteurs friands de ce genre de programme.
Publié le 7 Mars 2012 par GORE MANIAC
Voir la fiche de Smash Cut
4
Attention, cette critique contient des spoilers.

Able Whitman, cinéaste de film d'horreur dénué du moindre talent, est anéanti après la première, catastrophique, de son dernier film en date : Terror Toy. Eméché, il est victime d'un accident de la route le soir même, tuant sur le coup sa muse, strip-teaseuse.
Le lendemain, agacé par le manque de réalisme de ses effets-spéciaux, il utilise le corps de la défunte sur le tournage afin de rendre sa scène plus crédible. Devant le succès de cette tentative, il décide de continuer son expérience macabre. Pendant ce temps, la petite soeur de la victime, journaliste, engage un célèbre détective privé afin de retrouver la disparue.

Visiblement fasciné par l'oeuvre du pape du gore, Herschell Gordon Lewis, le cinéaste Lee Demarbre tente de lui rendre hommage avec cette farce macabre égratignant l'univers du cinéma.
Le casting s'annonce en tout cas alléchant, avec trois célèbres figures de l'horreur : David Hess (La Dernière Maison sur la Gauche), Michael Berryman (La colline a des Yeux) et le réalisateur H.G. Lewis en personne (2000 Maniacs, Blood Feast).

Dès le début du film, ce dernier est cité pour un sarcasme sur l'industrie du cinéma (purement commerciale à ses yeux), et présente un film qu'il juge incroyablement choquant et obscène. On assiste à une scène grotesque, qui s'avère être en fait le dernier film du réalisateur Able Whitman.

L'idée du film dans le film, chère à Wes Craven, n'est pas forcément une entrée en matière émérite. Elle a le mérite, néanmoins, de nous signifier quel sera l'esprit de ce métrage, satire trash du milieu du Septième Art plutôt que véritable film gore. On ne voit guère, dès lors, le rapprochement avec le cinéma de Lewis, dont les films semblaient peu axés sur le second degré (enfin pas de manière volontaire).

A l'instar de Berryman (peu à l'aise dans un rôle de petit producteur doté d'une perruque ridicule), Lewis n'est pas marquant dans le rôle du patron d'une chaîne de télévision.
Seul David Hess, habituel second couteau disposant enfin d'un rôle conséquent, offre un personnage réjouissant de cinéaste has-been sombrant dans une folie meurtrière (ré)créative. Entre deux meurtres sanguinolents, notre héros n'hésite pas à se ressourcer avec une séance de yoga en plein air.
Face à lui, la superbe Sasha Grey s'en tire à merveille, prouvant que les hardeuses peuvent être un choix audacieux pour un jeune cinéaste disposant d'un budget restreint. On regrette toutefois que son personnage ne soit pas plus développé, à l'image des scènes de meurtres.

Celles-ci s'avèrent en effet peu crédibles (cf l'assassinat de la critique et celle dans le bus). Malgré quelques réjouissances à ce sujet (la scène de la double énucléation, par exemple), l'ensemble manque d'énergie et finit par devenir répétitif, voire enfantin, faute d'un scénario qui n'ose pas aller au bout de ses idées.

Outre l'originalité de son sujet, la réussite d'une comédie d'horreur (tentative souvent épineuse) réside dans le jusqu'au-boutisme des situations, en conservant néanmoins le recul et la légéreté propre à ce sous-genre. Contrairement à des oeuvres cultes comme Shaun of the Dead ou Bubba Ho-Tep, Smash Cut peine à trouver son identité, hésitant trop entre le slasher corrosif et la parodie de genre.
Traitée sur un ton plus sérieux, cette farce macabre pouvait allègrement s'orienter vers une critique acerbe du cinéma business, en évoquant le mythe du snuff movie à travers le portrait d'un réalisateur poussé par le public et ses producteurs à des séquences toujours plus choquantes et réalistes.

Toutefois, on a surtout l'impression, à l'issue du visionnage de Smash Cut, que Lee Demarbre se dénie lui-même en signant un film politiquement correct qui ne troublera pas outre mesure des producteurs friands de ce genre de programme à moindre coût, qui aura du succès auprès d'un public adolescent amateur de jolies filles court-vêtues et de scènes sanglantes. Les amateurs d'horreur pourront par contre lui préférer d'autres oeuvres bien plus irrévérencieuses.

Portrait de GORE MANIAC

A propos de l'auteur : GORE MANIAC

J'essaie de partager ma passion pour un cinéma méconnu, mais qui mérite incontestablement qu'on s'y arrête !

Autres critiques

La Secte des Morts Vivants

La Secte des Morts Vivants

**Attention, cette critique contient quelques spoilers.** A la fin des années 70, dans un petit village grec, le Père Roche s'inquiète de la disparition mystérieuse de trois étudiants en archéologie. Il fait appel à l'un de ses anciens protégés, devenu détective privé aux Etats-Unis, pour l'aider à les retrouver. En 1976, la Hammer n'est plus que l'ombre d'elle même et l...
REC 2

REC 2

Les films tournés caméra à l'épaule ne sont pas une nouveauté. Depuis Cannibal Holocaust , tout cela était un peu tombé en berne, puis est intervenu le Projet Blair Witch , qui a relancé la machine avec un succès plus ou moins mérité. Depuis quelques temps maintenant, les films faussement documentaire, ou documenteur, sortent de plus en plus sur nos écrans et il faut croire que cela donne des...
The Human Centipede

The Human Centipede

Pour se faire remarquer dans le cinéma de genre, il faut soit faire un bon film original, soit partir dans le trash, le dégueulasse et le malsain. C'est ce qui se passe avec The Human Centipede , film néerlandais qui a défrayé la chronique et les sites internet spécialisés dans le cinéma horrifique. Partant d'un postulat de base complètement loufoque, le film se taille une réputation de...
Mega Shark Vs. Octopus

Mega Shark Vs. Octopus

**Attention, cette critique contient quelques spoilers.** Durant une plongée sous-marine, une scientifique est interpellée par la fuite d'un groupe de baleines. En fait, la fonte de la calotte glacière a ramené à la vie deux monstres marins que l'on croyait éteints depuis des millions d'années : une pieuvre géante et un mégalodon. Spécialisée dans les nanars à budget réduit, la maison de...
La dernière maison sur la plage

La dernière maison sur la plage

Particulièrement prisé du cinéma bis, le rape and revenge a connu un succès notable dans les années 1970-1980 où les pellicules scabreuses rivalisées de perversions, de violences et d’humiliation envers la gent féminine. Avec des titres comme La dernière maison sur la gauche ou I spit on your grave , les Anglo-saxons ont posé les bases d’un sous-genre qui, au même titre que le slasher ou le...

Devinez le film par sa tagline :

Préparez-vous pour quelques histoires sordides !
Score actuel : 0
1 pt par bonne réponse, sinon -1 !