Voir la fiche complète du film : The Garden of sinners (Ei Aoki - 2007)

The Garden of Sinners - Critique

Une série de métrages assez intrigants dans son cheminement et son ambiance. Pour autant, Garden of Sinners s’arroge des airs élitistes qui décontenancera plus d’un spectateur. La faute à un intérêt fluctuant sur la longueur et une progression chaotique aux repères mal ciblés pour rendre le tout cohérent, à tout le moins compréhensible.

Publié le 16 Juin 2019 par Dante_1984
Voir la fiche de The Garden of sinners
6
Fantôme Tueur en série

La culture nippone étant profondément influencée par son folklore, certaines œuvres issues de l’archipel sont imprégnées d’une connotation paranormale. Pour un anime japonais, comme pour un manga, il est plus rare de se cantonner à un style précis. En l’occurrence, le thriller se teinte d’une ambiance fantastique, voire horrifique. À l’inverse, les récits de science-fiction sont directement influencés par le premier genre précité. Il n’y a qu’à voir des références telles que Ghost in the Shell ou Tokyo Babylon pour s’en convaincre. D’ailleurs, Garden of Sinners possède plusieurs points communs avec ces deux métrages, sans toutefois en atteindre le niveau.

L’adaptation de ces light novels éponyme ne suit pas un schéma classique. À savoir, une transposition sous forme d’une série télévisée composée d’épisodes d’une vingtaine de minutes. Ici, il s’agit de métrages dont la durée varie en 45 et 115 minutes. Par ailleurs, la continuité entre chaque volet n’est pas forcément évidente. Les faits se situent dans les années1990, mais l’on effectue de nombreux allers-retours entre différentes périodes. Si l’action principale se déroule en 1998-1999, certaines occurrences, notamment Enquêtes criminelles1.0 (le second film), nous transporte en 1995-1996. La transition reste assez abrupte et brouillonne pour ce que l’on peut considérer comme une préquelle.

Mis à part de furtives indications temporelles, ce manque de repères oblige à replacer constamment les événements par rapport au fil directeur. Un réflexe qui n’est pas forcément handicapant, du moins pour les faits. En ce qui concerne les relations entre les protagonistes, le procédé est un peu plus confus à appréhender. De temps à autre, cette architecture très particulière se résume à de simples flashbacks ou des allusions qui s’adressent uniquement à un public assidu. En somme, on nous impose une construction narrative assez laborieuse qui exige rigueur et patience de la part du spectateur. Cela étant dit, a-t-on droit à des intrigues égales d’un point de vue qualitatif ?

À vrai dire, on touche aussi bien au sublime qu’aux incursions anecdotiques en la matière. Certaines enquêtes se rapportent davantage à l’aspect paranormal des affaires. Certes, ce point est présent pour chaque «épisode», mais il a une importance particulière pour certains d’entre eux. C’est notamment le cas avec Thanatos qui s’appuie sur la malédiction d’un immeuble abandonné ou L’abîme du temple, une seconde préquelle. D’autres encore privilégient les investigations et une ambiance glauque propre au thriller, comme Future Gospel. Ce changement de ton s’avère assez déstabilisant, car il se confronte à une cohérence inconstante.

Les films les plus «faibles» sont ceux qui développent une mythologie inhérente à la magie. Ce choix contraste à ce qui a pu être constaté auparavant, générant des approximations, voire des invraisemblances. On notera également de fréquentes longueurs. Celles-ci peuvent tenir à des considérations philosophiques aussi pertinentes que tortueuses, comme dans l’épilogue qui se présente sous la forme d’un dialogue introspectif d’une demi-heure. En d’autres circonstances, ces atermoiements sont dus à une narration étirée de manière exacerbée. On songe au dénouement d’Enquêtes criminelles2.0. Quant à la relation chaotique entre les deux protagonistes, la romance avouée et non consommée est plus agaçante qu’émouvante.

Au final, Garden of Sinners n’est pas l’œuvre culte à laquelle on pouvait s’attendre. Malgré une ambiance singulière, une bande-son déstabilisante et des enjeux variés, l’ensemble manque de continuité. La faute à une multiplicité des thématiques qui trouvent une portée aléatoire, pour ne pas dire contradictoire, au regard de ce qui est développé auparavant. Si certains pans exigent plusieurs relectures pour en assimiler toute la symbolique et la subtilité, il est dommage que ce travail de fond ne touche pas des éléments plus simples, notamment sur les rapports sociaux et les relations entre les personnages. Une construction narrative à l’architecture déconcertante qui ne sert pas forcément l’intelligibilité de l’histoire.

Portrait de Dante_1984

A propos de l'auteur : Dante_1984

J'ai découvert le site en 2008 et j'ai été immédiatement séduit par l'opportunité de participer à la vie d'un site qui a pour objectif de faire vivre le cinéma de genre. J'ai commencé par ajouter des fiches. Puis, j'ai souhaité faire partager mes dernières découvertes en laissant des avis sur les films que je voyais.

Autres critiques

Haunter

Haunter

En dépit des années et de plusieurs échecs commerciaux, Vincenzo Natali demeure un réalisateur à part, fidèle à ses principes, car au lieu de tomber dans la facilité et le commercial à l'instar de bon nombre de ses collègues, il continue sans relâche à se creuser la tête pour trouver LE concept fort capable de fournir un film original, quitte à déstabiliser le public. Le mémorable Cube et ses...
Total Recall : Mémoires Programmées

Total Recall : Mémoires Programmées

Le cinéma américain actuel est malade. C'est un fait, et il suffit de regarder les quelques sorties en salles pour s'en rendre compte. Bien souvent, ce sont les grands réalisateurs qui sortent de bons films, et encore, et parfois, il faut regarder dans les sorties en DVD pour voir quelques pépites du pays outre-Atlantique. Mais quels sont les symptômes de cette anémie cinématographique ? Le...
World War Z

World War Z

Devant le succès de l'excellent best-seller de Max Brooks et la fièvre des morts-vivants qui se propagent à toute la culture populaire, il semblait inévitable de voir débarquer World war Z sur nos écrans. En général, ce genre d'adaptation se concrétise sous forme de productions modestes aux moyens limités. Dans le cas présent, ce n'est autre que Brad Pitt et sa société Plan B qui s...
The InBetween

The InBetween

Certains concepts sont particulièrement habiles pour entremêler les genres. Dans le domaine des séries télévisées, cela se vérifie régulièrement en mélangeant le policier et le fantastique. L’idée ne date pas d’hier avec des œuvres frappantes telles que Fringe ou X-Files . Mais le pitch de The InBetween fait surtout écho à Medium et ses sept saisons où Allison DuBois aidait à résoudre...
Nuit Noire / One Dark Night

Nuit Noire / One Dark Night

Pour le grand public (du moins celui amateur de cinéma de genre), le nom de Tom McLoughlin est associé depuis 40 ans à la saga Vendredi 13 puisqu’il en a réalisé l’un des meilleurs épisodes, à savoir le sixième : Jason le Mort-Vivant. Le bonhomme n’en était pourtant pas à son coup d’essai dans le genre horrifique puisque, quelques années plus tôt, il nous avait déjà offert...