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Tucker & Dale fightent le mal - Critique

Une excellente parodie des films de genre slasher/survival. A consommer sans modération.

Publié le 13 Juin 2012 par Geoffrey
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Forêt

Depuis plusieurs mois déjà, Tucker & Dale Fightent le Mal, réalisé par Eli Craig et écrit en collaboration avec Morgan Jurgenson, fait le buzz sur la Toile. Il faut dire qu'avec un titre pareil et une affiche bien dans le ton, il est impossible de ne pas se sentir intrigué par ce film qui fleure bon la déconne, la tripaille et la parodie de genre. Un exercice ambitieux, bien souvent difficile à concrétiser.

En matière de parodie, je me réfère souvent à Shaun of the Dead, sorti en 2004 (déjà...), qui reste malgré son vieil âge une des références ultimes du genre. Et si jusqu'à présent, aucun film n'était parvenu à le détrôner, il faudra dès maintenant compter avec Tucker & Dale. Car nos deux bouseux sont aux Slashers/Survivals, ce que Shaun était aux films de zombies. Rien de moins.


Dans le coin gauche du ring, salopette et casquette crasses, applaudissez Tucker et Dale !

Tucker et Dale sont deux péquenauds venus se ressourcer en forêt, dans leur nouvelle maison de campagne. C'est là qu'ils rencontrent des étudiants venus y faire la fête.
Suite à la mort accidentelle de l'un des jeunes, ces derniers pensent que Tucker et Dale sont des serial killers qui veulent leur faire la peau...


Dans le coin droit du ring, look BCBG et sourire ultra-bright, applaudissez nos jeunes crétins de service !

Le point de départ du scénario est génial. Le développement l'est tout autant.

Les scénaristes ont pris le parti de construire leur script au moyen de deux points de vue différents sur la même histoire : celui que je qualifierais "d'habituel", c'est-à-dire celui du groupe de jeunes venus faire la fête, mais aussi et surtout, celui des pequenots qu'ils rencontrent dans les bois.
Commence alors une partie de ping-pong pour le spectateur qui passe d'un point de vue à l'autre et assiste ainsi aux conséquences de chaque évènement sur les deux camps.
Et c'est à ce niveau que le film fait très fort, car si l'on ne tient compte que du point de vue des jeunes, nous avons là un survival tout à fait classique dans son déroulement (rencontres avec les bouseux effrayants, légende sanglante concernant la forêt, meurtres, enlèvement de l'un des membres du groupe, ...etc), tandis que le point de vue de Tucker et Dale renverse complètement la tendance, faisant des deux pequenots de gentils campeurs et de la bande de jeunes la menace à éviter. Les apparences sont donc trompeuses. Et le rire n'est jamais loin.

Pour réussir ce tour de force, il fallait que l'écriture soit excellente et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'elle l'est. Le scénario concocté par Eli Craig et Morgan Jurgenson jongle avec les codes du survival avec une facilité déconcertante ; les habitués de ce type de film seront aux anges.
De plus, le film se permet d'être très drôle. Les gags font mouche et la manière dont ils sont amenés fait qu'ils ne ratent jamais leur cible (Tucker, sa tronçonneuse et les abeilles... Mouarf!).
Durant la projection, je n'ai pu m'empêcher d'appliquer le traitement parodique de Tucker & Dale à des films comme Détour Mortel ou les Vendredi 13. Imaginez : Jason Voorhees n'est pas un tueur monstrueux, mais un pauvre joueur de hockey à la retraite qui cherche juste à camper peinard au bord de Crystal Lake...


C'est pas c'que vous croyez, M'sieur l'agent...

Notons aussi que la réalisation d'Eli Craig est excellente, toujours juste, sans prétention ni effets tape-à-l'oeil et que les acteurs sont impeccables.
Le péquenot Tucker est incarné avec justesse par Alan Tudyk que l'on avait déjà pu voir dans l'hilarant Dodgeball aux côtés de Ben Stiller, Serenity ou encore I-Robot (le robot Sonny, c'est lui). De manière tout à fait crédible, sans en faire des caisses, Alan parvient à insuffler à son personnage une certaine tendresse derrière sa façade de crétin dégénéré.
Et puis, il y a l'énorme Tyler Labine qui incarne un Dale proprement génial. C'est bien simple, c'est lui LA star du film. Gros nounours tendre à l'allure effrayante, Tyler Labine réussit, à l'instar d'Alan Tudyk, à faire vivre son personnage, le rendant éminemment sympathique et touchant.
Bref, voici un duo de protagonistes hors des clichés comme on aimerait en voir plus souvent.

Face à eux, la prestation des jeunes se révèle plus anecdotique, la faute à des personnages construits expressément pour servir de clichés ambulants, exception faite de Jesse Moss (Ce cher Mr Gacy, Destination Finale 3, et une foule de DTV pour la chaîne SyFy...) qui est le vrai nemesis de nos deux bouseux. Son personnage de bobo taré vaut aussi le coup d'oeil tant il se révèle irritant, mais charismatique et effrayant. Belle performance d'acteur pour lui également.

Ceci dit, malgré tous ces louanges, le concept de Tucker & Dale fightent le mal (ce titre français...) a lui aussi ses propres limites. Par exemple, le film baisse sérieusement de rythme dans son dernier quart d'heure, sans compter une fin convenue et archi-prévisible.
Dommage que le dernier acte soit plus faible et téléphoné que ce qui l'a précédé, car le sans-faute n'était pas loin. Mais bon, la barre avait été placée tellement haute que c'était difficile, voire impossible, de conserver ce niveau tout du long. Ne faisons pas la fine bouche.


Et hop ! Direct dans le broyeur !

Vous l'aurez compris, j'ai adoré ce film dont je n'attendais à priori pas grand chose (pour tout vous dire, je m'attendais à assister à une espèce d'Evil dead 2 en plus parodique). La surprise a donc été totale et la qualité du film m'a sauté au visage avec violence. Tucker & Dale fightent le mal est assurément, dans son genre, l'un des meilleurs films de 2012 et un incontournable pour les amateurs de cinéma de genre. A consommer sans modération.

Portrait de Geoffrey

A propos de l'auteur : Geoffrey

Comme d'autres (notamment Max et Dante_1984), je venais régulièrement sur Horreur.net en tant que lecteur, et après avoir envoyé quelques critiques à Laurent, le webmaster, j'ai pu intégrer le staff début 2006. Depuis, mes fonctions ont peu à peu pris de l'ampleur.

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