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Toutes les Couleurs du Vice - Critique

Entre la perte son bébé et les réminiscences du meurtre de sa mère, Jane se sent seule et perturbée. Honnête composition de Sergio Martino, l'un des bons orfèvres du cinéma de genre transalpin.
Publié le 15 Mars 2010 par GORE MANIAC
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Entre la perte son bébé suite à une fausse couche et les réminiscences du meurtre de sa mère alors qu'elle n'était encore qu'une enfant, Jane se sent seule et perturbée, malgré les attentions de son compagnon. Alors qu'elle consulte un nouveau psychiatre, sur les conseils de sa soeur, elle croit reconnaître l'assassin de sa mère.

Un an après L'Etrange Vice de Madame Wardh, Sergio Martino retrouve le trio d'acteurs Fenech-Hilton-Rassimov pour un métrage dérivant davantage vers le thriller paranoïaque, tourné en grande partie en Grande-Bretagne, d'où un changement d'atmosphère assez criant.

Après une séquence trouble évoquant les cauchemars de l'héroïne (le meurtre sanglant de sa mère), Martino nous immisce encore plus dans l'intimité de Jane, lors d'une scène de douche, censé nettoyer l'héroïne de ses maux, mais qui offre au spectateur une position voyeuriste fort délectable.
Suite à quelques scènes prouvant que Martino a bon goût en matière d'actrices (il offrira quelques années plus tard un rôle fort sensuel à l'envoûtante Barbara Bach dans Le Continent des Hommes Poissons), Martino nous propose de suivre avec attention la dérive psychologique de sa belle héroïne, entre rêves obscurs et réalité toute aussi abjecte.

Du giallo classique, Martino s'oriente également vers un suspense à la sauce britannique, dans un mélange des genres assez créatif.
Comme l'indique le titre original, qu'on pourrait plus aisément traduire par Toutes les Couleurs de l'Obscurité, ce film a pour thème récurrent le jeu des couleurs, propre au giallo. L'oxymore du titre original représente à merveille le souhait du cinéaste, à savoir rester fidèle à son genre de prédilection tout en s'orientant vers d'autres directions, mais en se servant de la base du giallo.
Ainsi, le bleu est souvent mis en avant, des pilules aux yeux hypnotiques du tueur, en passant par les ongles du chef de la secte et l'oeil du symbole tatoué sur ces membres, mais Martino utilise aussi deux couleurs que tout oppose à des moments clé du métrage : le rouge sang, de nuit, dans l'appartement d'une Jane terrifiée et isolée, aux portes de la folie, et le blanc immaculé pour le retour au calme, à l'hôpital.


Avec le soin apporté à des plans en contre-plongée vraiment inquiétants, Martino démontre un réel savoir-faire technique, apportant une sorte de vertige visuel de belle facture à son intrigue.

L'intrigue, elle, est parfois quelque peu confuse, se perdant entre rêves et cauchemars. Ivan Rassimov, qui joue à nouveau le méchant au regard fascinant, aurait mérité un rôle plus consistant que celui-ci, n'étant que le second couteau de cette secte qui n'évite pas certains poncifs (lieu des cérémonies, agissement des membres, musique New Age peu en phase avec l'aspect inquiétant de ces scènes). Edwige Fenech, aux magnifiques yeux noirs, y trouve probablement son meilleur rôle, très crédible dans un rôle fort et consistant.

L'inconvénient majeur du métrage réside dans un atermoiement quelque peu maladroit, sentiment que la mise en scène de Martino ne parvient pas totalement à effacer, accentuée par une bande son souvent en décalage avec l'esprit du film (principalement les scènes du château).

L'ambiance tendue souhaitée probablement par Martino semblera en fait mieux retranscrite deux ans plus tard dans le cinglant Frightmare, à une époque où le vice se retrouvait dans bon nombre de films français (Justine de Sade, Les Weeks-ends Maléfiques du Comte Zaroff, les premiers films de Jean Rollin), époque bénie d'une décennie à part dans le paysage cinématographique européen.

On se demandera la raison de la part de Neo Publishing de ne pas respecter les deux titres français connus initialement pour ce métrage (L'Alliance Invisible, Toutes les Couleurs de L'Obscurité), plus adaptés que ce titre volontiers racoleur, si ce n'est pour le rapprocher de L'Etrange Vice de Madame Wardh.
Autre regret de cette édition DVD, les sous-titres imposés, même pour la version française du film, et la faiblesse de la bande sonore, qui nuisent à la qualité du long-métrage, honnête composition de Sergio Martino, l'un des bons orfèvres du cinéma de genre transalpin.

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A propos de l'auteur : GORE MANIAC

J'essaie de partager ma passion pour un cinéma méconnu, mais qui mérite incontestablement qu'on s'y arrête !

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88 min
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