Voir la fiche complète du film : Le Beau-Père (Nelson McCormick - 2009)

Beau-Père, Le - Critique

Un remake de plus qui voit le jour dans le paysage déjà très fourni du cinéma américain. On peut y déceler un opportunisme certain au premier coup d’œil. Assez classique dans son ensemble et dans son approche du tueur sociopathe, <b>Le beau-père</b> version 2009 n’est pas un ratage complet, mais l’on pourra lui reprocher nombre de largesses par rapport à ce qui avait été développé dans le film de Joseph Ruben. On préférera découvrir ou redécouvrir ce dernier avant de se faire une idée quant aux éventuelles carences et qualités de cette nouvelle mouture qui n’est pas prête de réunir les foules.

Publié le 1 Mars 2011 par Dante_1984
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David Harris fait la rencontre de Susan Harding. Rapidement, ils tombent tous deux amoureux. En apparence, David semble être le mari idéal. Charmant, attentionné, sociable et à l’aise avec les enfants, rien ne trouble un bonheur sans faille jusqu’à ce que Michael, le fils aîné de Susan revient à la maison. Les tensions entre les deux hommes s'exacerbent, mais Michael porte des soupçons sur la véritable identité de David. Que cache son passé ?

Le beau-père (The Stepfather en VO) est une franchise qui a commencé en 1987 avec un thriller prenant et angoissant qui s’inspirait d’un fait divers des années 1950. Deux ans s'écoulent avant qu’une suite voie le jour. Moins bonne que son prédécesseur, il demeure tout de même une production sympathique qui reste dans la lignée du premier opus. Quatre autres années sont nécessaires pour qu’un troisième volet ne pointe le bout de son nez. Un épisode anecdotique qui n’apporte rien à la franchise et se permet l’affront de singer le personnage emblématique de Jerry Blake. L’excellent film de Joseph Ruben n’aura pas échappé aux lois du remake. Vingt-deux ans après sa sortie, voici donc la nouvelle mouture du Beau-père et le moins que l’on puisse dire, c'est qu’il aura fort à faire pour soutenir la comparaison avec son aîné.


L’école épuise nos jeunes bambins.

Tout comme son prédécesseur, cette version 2009 débute sur le meurtre de la précédente famille de David. Une entame loin d’être novatrice, mais qui a le mérite de ne laisser aucune ambiguïté sur la nature de ce père dérangé. La preuve, il déjeune au milieu des cadavres de ses proches comme s’ils dormaient paisiblement. Étrangement, nos attentes ne convergent pas sur l’histoire à proprement parler (du moins pour ceux qui sont familiers du film original), mais sur la capacité de l’acteur principal à reprendre le flambeau de l’incroyable Terry O’Quinn dans la peau du tueur (on oubliera Robert Wightman dans le troisième opus). On sent que Nelson McCormick (le remake du Bal de l’horreur) voulait à tout prix éviter un amalgame entre les deux personnages puisque notre bon vieux Jerry Blake cède la place à David Harris. Nous ne sommes pas dupes et l’on ne peut s’empêcher de les rapprocher l’un l’autre, à juste titre d’ailleurs.


La maison du bonheur ?

Il faut reconnaître que Dylan Walsh s’en sort plutôt bien. Un physique mystérieux qui se révèle tantôt le mari idéal inoffensif, tantôt le parfait psychopathe de service. Tout se joue sur notre perception et les infimes changements dans son comportement. Une moue exaspérée, mâchoire serrée, yeux acérés, David Harris n’est pas un homme comme les autres et cela se ressent. Des sautes d’humeur qui prennent leur racine dans des situations qui, pour le commun des mortels, ne sont que de petites tracasseries anodines. C’est dans ces moments là que l’on prend pleinement conscience de la dangerosité de cet individu que l'on peut qualifier aisément de schizophrène. Des regards froids aux pensées obscures, Dylan Walsh est un choix judicieux pour ce personnage.


Minou, minou !

Seulement voilà, il manque un côté dérangeant, voire angoissant que Terry O’Quinn, de par un physique quelconque insufflait à Jerry. Il s’énervait plus facilement. Cela prenait des proportions considérables. Sans oublier, ses sifflements à chaque fois qu’il assassinait une de ses victimes. Ici, nous sommes davantage en présence d’un individu, manipulateur et maître de ses émotions en toute circonstance alors qu’à l’origine, il parvient difficilement à conserver son sang-froid face à un problème insoluble ou aux incohérences de ses mensonges. Bien entendu, Jerry Blake n’est pas David Harris (à moins que ?), mais les scénaristes auraient dû se douter que les deux personnages seraient inévitablement assimilés l’un à l’autre par les spectateurs.


Petite réunion de famille.

En ce qui concerne le récit à proprement parler, on navigue en terrain connu. Non pas que l’histoire soit inintéressante ou, pis, mauvaises, mais la trame demeure sensiblement la même que celle de la version de 1987 en remettant au « goût du jour » certains éléments de notre époque. De fait, on retrouve le quartier cossu où il fait bon vivre, ainsi que ses voisins amicaux et serviables, parfois un peu trop curieux il est vrai. Néanmoins, ce qui paraissait novateur il y a de cela deux décennies, l’est forcement beaucoup moins de nos jours. Même si la tension monte crescendo, le suspense installé ne s’adresse qu’aux novices ou les spectateurs qui ne sont pas du tout familiers des thrillers. À noter que toute l’importance de ce que revêt la famille pour notre protagoniste est loin d’être mise en avant. Un ou deux discours rapidement expédiés sur ces valeurs qu’une majorité considère comme désuète et l’on passe à autre chose.


Fenêtre sur cour.

Mis à part cela, les interactions entre les personnages peinent à donner toute la dimension que mérite l’idée de départ. À savoir, la rencontre d’un sociopathe et de la platitude du quotidien qui se confronte à la frustration de ne pouvoir modeler son environnement à sa guise. De sempiternels et interminables affrontements du regard entre le beau-père et le fils aîné, une mère bien gentille, mais légèrement aveugle qui se précipite sur le premier venu, sans oublier les deux plus jeunes enfants, carrément mis au ban et qui ne servent à rien (surtout Beth). Difficile de ne pas faire l’impasse sur ce genre de détails qui compromettent grandement un ensemble, de prime abord, avenant.


Le sous-sol de la peur.

Bilan mitigé pour cette version 2009 du Beau-père. On retrouve l’histoire avec plaisir, mais la surprise s’est élimée au fil du temps. La faute à un traitement trop propre pour ce sujet et à des personnages secondaires pour le moins anecdotiques et stéréotypés au possible. Il reste Dylan Walsh qui, sans parvenir à atteindre le charisme de Terry O’Quinn, nous offre une belle prestation d’un rôle piège où il est très facile de cabotiner ou de se perdre dans des considérations totalement hors de propos. Un thriller sympathique (à condition de n’avoir pas vu l'original), mais un remake moyen. Le film de Nelson McCormick multiplie l’ambiguïté quant à ses réelles intentions. Fidèle transposition ou adaptation qui s’affranchit des acquis de son modèle concernant l’aspect psychologique de son personnage principal ? La question reste en suspens.

Portrait de Dante_1984

A propos de l'auteur : Dante_1984

J'ai découvert le site en 2008 et j'ai été immédiatement séduit par l'opportunité de participer à la vie d'un site qui a pour objectif de faire vivre le cinéma de genre. J'ai commencé par ajouter des fiches. Puis, j'ai souhaité faire partager mes dernières découvertes en laissant des avis sur les films que je voyais.

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